Pourquoi l’appareil judiciaire français veut «bâillonner» l’avocat Harry Nirelep ?

Harry Nirelep, avocat au bar- reau de la Guadeloupe, a été convoqué le 23 février 2021 par un juge d’instruction de Fort-de- France en Martinique pour un interrogatoire dit de première comparution, dans une affaire qui remonterait à 2016.

I" s’agit, en fait, d’une procédure menée contre lui, pour révéla- tion d’information provenant d’une instruction en cours à une personne susceptible d’être impli- quée, dans le but d’entraver le déroulement de l’enquête.

Qu’est ce qui peut expliquer la déci- sion du procureur général de Guadeloupe de délocaliser cette affaire au Parquet de Fort-de- France en Martinique, alors même que Maître Nirelep n’a jamais été entendu dans le cadre de cette pro- cédure ouverte depuis 2016 ?

Difficile de ne pas replacer cette décision, pour le moins surpre- nante du procureur, dans le contexte général des affaires en cours aujourd’hui en Guadeloupe et dans lesquelles l’avocat en ques- tion est fortement engagé : affaire Gustin ; affaire sablière de Rivière- sens et carrière de Deshaies, affaire Luc Reinette, etc…

Cela se comprend d’autant plus que, de l’avis des avocats du «kolek- tif» guadeloupéen qui l’assiste et des confrères du barreau martini- quais qui se sont joints à la défense, les accusations portées contre l’avo- cat poursuivi sont inconsistantes. Ce qui confirme qu"il s’agit d’une grossière machination qui vise tout simplement à l’empêcher d’exercer sa profession et de contribuer, comme il le fait sans relâche, à la défense de tous les opprimés et de toutes les victimes d’injustice.

Malgré ce vide du dossier et en absence de tout élément nouveau, le juge d’instruction a décidé de mettre en examen cet avocat gua- deloupéen et de le placer : «sous contrôle judiciaire avec pour seule obligation : l’interdiction d’exercer laprofession d’avocat».

La preuve est faite que cette affaire obéit à d’autres lois qu’à celles de la justice. L’avocat Harry Nirelep a certainement raison quand il dit : «Mon affaire est assez instructive du lien profondément pervers entretenu par des magis- trats, avec le pouvoir politique».

Il faut rappeler les affaires sensibles dans lesquelles l’avocat est inter- venu pour faire condamner des délinquants à col blanc : Nicolas Chaulet pour agression raciste ; Helffinger, commis du lobby béké pour attentat à la voiture contre des syndicalistes de la CGTG.

Et puis cette affaire embléma- tique, la citation directe du préfet de la Guadeloupe devant le tribu- nal correctionnel de Basse-Terre pour abus d’autorité, atteinte à la liberté individuelle, manoeuvres frauduleuses pour fabriquer le résultat d’une élection.

Il ne fait aucun doute, l"opiniâtreté et l’engagement de l’avocat à faire triompher le droit et la jus- tice dans cette procédure ont provoqué la radicalisation des procédures judiciaires contre lui.

Ce qui est reproché à Maître Nirelep, c’est d’être l’une des voix nègres qui se font entendre pour la défense de la dignité et de tous les droits fondamentaux du peu- ple guadeloupéen.

L’appareil judicaire français n’arri- vera pas à bâillonner Maître Harry Nirelep. Ces confrères du barreau de Guadeloupe, de Martinique, Guyane et d’ailleurs sont mobili- sés pour sa défense.

Déjà, le Conseil de l’ordre des avocats de Guadeloupe, dans une décision solidement moti- vée en droit, a rejeté l’interdic- tion d’exercer sa profession d’avocat formée par le juge.

Toutes les victimes des injustices, des pwofitasyon, des répressions qui s’exercent en Guadeloupe se joindront à ce mouvement de soli- darité avec l’avocat des causes justes, le défenseur des exploités TROIS QUESTIONS À MAÎTRE HARRY NIRELEPQuelle est la genèse de cette affaire ?Harry Nirelep :La genèse de cette histoire, elle est dans mon engage- ment en tant que défenseur : Affaire Chaulet, affaire Berlima, diverses affaires UGTG et occupants de terres… et surtout l’affaire Gustin où je tiens tête au procureur général qui veut à tout prix enterrer l"affaire.

Quels sont les liens pervers entrete- nus par des magistrats avec le pou- voir politique ?Les liens sont clairs quand le procu- reur général écrit qu’il faut délocali- ser l’affaire Gustin à Paris pour évi- ter que ce soit une tribune contre l’autorité préfectorale.Quelles seraient les motivations secrètes de cette poursuite judiciaire ?

Ce qui est recherché c’est mon éli- mination en tant qu’avocat. Le juge d’instruction qui m’a mis en exa- men dans une affaire fumeuse de révélation du secret de l’enquête menée dans une affaire de stupé- fiant, a demandé ma suspension pour 4 mois renouvelable.