LÉGISLATIVES DU 5 MARS 1967 Le PCG majoritaire en voix dès le 1 er tour

A u x élections législatives du 5 mars 1967, le Parti Commu- niste Guadloupéen (PCG) avait opté pour trois candidats pour le représenter. Il s’agissait de : • Hégésippe Ibénédans la 1 è re circons- cription de l’époque regroupant Pointe-à- Pitre, Gosier, Sainte- Anne, Saint-François, La Désirade, Le Moule, Petit-Canal, Port-Louis et Anse-Bertrand. • Paul Lacavé, dans la 2 è me circonscrip- tion comprenant, Abymes,Morne-à- l’Eau, Baie-Mahault, La-mentin, Sainte- Rose, Petit-Bourg, Goyave, Capesterre de Guade- loupe, Terre-de-Bas, Terre-de-Haut. • Gerty Archimède, dans la 3 ème circons- cription composée de Basse-Terre, Baillif, Vieux-Habitants, Bouillante, Pointe- Noire, Deshaies, Saint-Claude, Gourbeyre, Trois- Rivières, Vieux-Fort, Grand-Bourg, Capesterre de Marie-Galante, Saint-Louis, Saint-Martin et Saint- Barthélemy.

Deux de ces trois candidats viraient en tête, à savoir : Ibéné avec 5 743 voix, Lacavé avec 8 054 voix, Archimède obtenait 7 590 voix.

Pour un total de 21 387 suffrages exprimés en son nom, le PCG devient le premier Parti politique en Guadeloupe avec un plus de 37% des voix en battant de loin la droite, l’Union pour la Nouvelle Répu- blique, (UNR) avec seulement 29% des suffrages du corps électoral

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Le peuple guadeloupéen avait choisi de condamner le colonia- lisme français, ses obligés locaux et les scissionnistes sortis des propres rangs du PCG.

Les électeurs donnaient ainsi raison au choix politique opéré par la direction du Parti en écrasant les scissionnistes de 1967 dans presque toutes les communes, avec seulement un bémol.

La situation électorale particulière du Moule tient au fait que le PCG n’a pas pu disposer du temps néces-s aire pour procéder à une clarifica- tion politique suffisante.

La confusion et la division organi- sées par ces scissionnistes de 1967 sont à l’origine du nombre élevé d’abstentionnistes empêchant du coup l’élection au 1 e r tour des trois candidats communistes.

Au deuxième tour de ce scrutin, l’appel du ministre Billotte consti- tuait un appel direct à la fraude électorale, afin d’empêcher l’élec- tion en Guadeloupe de trois dépu- tés du Parti Communiste Guadeloupéen.

Pour ce 2 ème tour, le Comité central du Parti, analysant dans le détail les résultats du 1 er tour, demandait une levée en masse contre la fraude électorale qui se préparait au plus haut niveau de l’Etat français, avec l’implication directe de la préfecture de la Guadeloupe.

Il faisait alors appel à toutes les forces vives du pays pour battre les candidats de la droite soutenus par le pouvoir colonial et demandait également une trêve de la division.

Tirant tous les enseignements poli- tiques de ces élections législatives, les dirigeants communistes souli- gnent les méthodes nouvelles du colonialisme pour dénaturer le suf- frage universel et stigmatisent les pressions, le chantage et l’action psychologique de la radio-télévision aux ordres de la préfecture, du haut clergé et de l’administration colo- niale dans son ensemble envers le collège électoral guadeloupéen.

Ils dénoncent avec vigueur l’usage de la corruption le plus sophistiqué et leplus cynique, qui ait jamais été pratiqué en Gua- deloupe depuis l’époque des Sou- quès et des Pauvert.

Le Comité central estime que la lutte populaire doit amener à l’inva- lidation des mal-élus, Paul Valentino dans la 1 ère circonscription et Albertine Baclet dans la 3 ème circons- cription, tout en se félicitant de la victoire électorale au 2 ème tour de Paul Lacavé, le candidat commu- niste dans la 2 ème circonscription. Le Comité central constate l’appro- bation par les électeurs guadelou- péens de son programme q

ui dénonce à la fois le colonialisme français et les aventuriers diviseurs de l’époque. L e même Comité central constate, avec satisfaction, que le pro- gramme réaliste du PCG qui prévoit l’Autonomie est largement admis par les masses guadeloupéennes.

Le Parti Communiste Guadelou- péen a profité de cette campagne électorale de 1967 pour promou- voir dans le pays sa revendication politique fondamentale qui ne devait pas être dénaturée, mais au contraire, présentée avec son véritable contenu, dès cette période historique.

Cette revendication mettait l’accent sur une Assemblée législative élue au suffrage universel, un exécutif responsable devant l’Assemblée, un organisme de coopération avec la France dont la finalité serait de met- tre en place un programme écono- mique et social ayant pour fonde- ment, une réforme agraire permet- tant une diversification des cultures et une politique d’industrialisation de la Guadeloupe pour assurer le plein emploi de la population et sur- tout de sa jeunesse.

54 ans après ce combat politique contre la fraude électorale officielle la plus honteuse dans les urnes, force est de constater aujourd’hui en Guadeloupe que l’Autonomie reste toujours d’une grande actualité. 54 ans après donc, le combat politique pour l’Autonomie exige plus que jamais la réflexion, l’analyse, le débat, de la pédagogie, de la lucidité, de l’engagement, de l’unité, de la mobilisation de tous les instants et le rassemblement populaire pour continuer à convaincre la majorité du peuple guadeloupéen d’entre- prendre avec les Communistes la longue marche autonomiste afin de gagner, pas à pas, la bataille des idées sur le terrain, en remettant collectivement la Guadeloupe à l’en- droit et dans le bon sens historique du mouvement naturel des peuples toujours sous domination coloniale dans le monde.GWADLOUP DOUBOUT POU LOTONOMI A PEYI LA !