NUCLÉAIRE IRANIENReprise des négociations Usa Iran
L’administration Biden tente, en ce moment, de reprendre des négociations dans le «deal nucléaire» conclu en 2015 entre l’Iran, l’Union européenne et les pays dits du P5+1, (Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume Uni et USA). Cet accord a été dénoncé par Trump en 2018, provoquant une grave crise.
LES NÉGOCIATIONSAUJOURD’HUI SONT ENCORE INCERTAINES
Les premières indications de reprise des contacts laissent entrevoir une lueur d’espoir. Mais rien n’est joué. En effet, si les Américains ont donné des signes de bonne volonté, les Iraniens ont de leur côté com- mencé à enrichir leur combustible nucléaire, le 10 avril 2021. Enrichissement aussitôt stoppé le lendemain, par une cyberattaque ayant visé la centrale de Natanz. Le rôle d’Israël dans cette attaque paraît fort probable. Mais, à travers cette décision de reprendre l’enri- chissement de l’uranium, les Iraniens ont haussé le ton dans la négociation, en contrevenant clai- rement aux termes de l’accord de 2015. Et ils font valoir que, sous Trump, les USA avaient mis en place un vaste plan de sanctions (1 500 en tout) visant l’Etat, les banques et les individus, en parfaite contradic- tion aussi avec l’accord sur le nucléaire. Il y a donc une méfiance réciproque qu’il faut apaiser, avant de s’asseoir pour retrouver les che- mins d’un accord.UNE ÉQUATION GÉOPOLITIQUECOMPLEXE
Celui-ci ne se fera pas tout seul. Car un état des lieux des données régio- nales donne la mesure des difficul- tés qui se profilent dans la négocia- tion. Sur le plan régional, l’Iran fait face à l’Arabie saoudite et à Israël. L’Arabie saoudite est une rivale directe dans une stratégie de lea- dership régional, et Israël est de son côté, comme les Etats-Unis, discré- dité, sans doute pour longtemps, en raison de son soutien au Shah apporté dans les années 60 et 70. Les relations de l’Iran avec ses voi- sins sont par ailleurs moins simples qu’il n’y paraît, si l’on note que les Emirats Arabes Unis entretiennent avec Téhéran des relations com- merciales très consistantes, et que ces mêmes Emirats viennent d’éta- blir des relations diplomatiques avec Israël. Toujours dans la région, l’Iran a, d’autre part, avancé ses pions en Syrie, pendant la guerre civile, et, de plus, contrôle depuis longtemps le Hetzbollah libanais. Il s’avère qu’il y aura à résoudre une équation géopolitique complexe. C’est avec un tel puzzle que les négociateurs américains doivent composer, en sachant que, dans ce domaine, tout faux pas diploma- tique peut se payer cher.EQUILIBRE DES FORCES POLITIQUES EN IRAN
Dans la négociation qui s’ouvre, une donnée intérieure, non négligeable repose également sur l’équilibre des forces politiques en Iran même. Car, dans la vie de tous les jours, les sanctions américaines touchent très durement les Iraniens. Et les forces en présence sur l’échiquier politique peuvent jouer sur l’éven- tualité de l’allègement des sanc- tions ou, au contraire, sur son main- tien pour décider les électeurs dans un sens ou dans un autre. Ces der- niers temps, la violence de la poli- tique américaine contre le peuple iranien a surtout favorisé les durs du régime. C’était une stratégie délibé- rée. On a senti, en effet, chez l’admi- nistration Trump, comme chez Netanyahu en Israël, une volonté d’accroître les tensions pour faire tomber le régime, y compris par la force. Cette politique aventuriste comporte de grands risques comme on l’a vu avec la guerre menée par Bush en Irak. Dans ce contexte, le changement impulsé par Biden à la politique étrangère des USA est de bon augure, mais les diplomates doivent composer avec une situation intérieure iranienne qui rajoute encore de nombreuses inconnues à l’équation finale. UN TEST POUR LA PAIX DANS LE MONDE
La reprise des négociations qui a l’air de se confirmer, entre l’Iran et les USA, ne concerne pas seule- ment les USA et la politique de Biden. C’est également un test pour la paix dans le monde. Tout ce qui pourra favoriser la baisse des tensions internationales sera bon à prendre et un retour à une coexistence pacifique sur fond de désarmement doit être une prio- rité internationale. Les commu- nistes qui se sont de tout temps mobilisés pour la paix et l’amitié entre les peuples ne peuvent pas être insensibles à cette nouvelle donne de la politique américaine.