Proposition de loi pour le droit de vote dès 16 ans

Le droit de vote à 16 ans, marotte du débat politique depuis plusieurs années, a fait l’objet d’une proposition de loi déposée à l’Assemblée natio- nale, le 8 octobre dernier, par des députés du groupe Écologie démocratie solidarité (EDS).

Faut-il autoriser le droit de vote dès16 ans ?

Un débat de longue date… Régulièrement, la question de l"abaissement de la majorité élec- torale de 18 à 16 ans revient dans le débat. Que changerait le droit de vote à 16 ans ?

En 1974, Valéry Giscard d"Estaing avait abaissé la majorité à 18 ans, permettant ainsi aux jeunes adultes de participer aux élections locales et nationales. Depuis, cer- tains proposent de faire un pas supplémentaire pour permettre aux 16-17 ans de s"exprimer aussi lors des divers scrutins.

En 1994, Lionel Jospin, candidat PS à l’élection présidentielle, se pro- nonçait en faveur du droit de vote à 17 ans. En 2013, l’ancienne ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti avait proposé d’abaisser le droit de vote à 16 ans. C’est ensuite Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Éducation natio- nale qui avait relancé le débat sur le plateau d’I-Télé en 2015.

L’idée du droit de vote à 16 ans figu- rait également dans les pro- grammes électoraux des partis de gauche Europe Ecologie Les Verts et La France Insoumise lors de l’élection présidentielle de 2017. Le débat est ensuite revenu sur la table au moment du grand débat natio- nal en 2019.

Que changerait le droit de voteà 16 ans ?

La question du vote des jeunes est absolument centrale quand on pose la question du fonctionne- ment de la démocratie. Le gouver- nement d’Emmanuel Macron ne semble pas s’y opposer, mais pas d’avis extrêmement tranché sur le sujet. Ils seraient près de 1,5 million en France qui n’auraient pas encore atteint l’âge adulte.

Pour information, d’après une enquête de l’institut Ifop, seuls 27% des 18-24 ans s’étaient déplacés pour glisser un bulletin dans l’urne lors des Européennes de 2019.

Un an plus tard, les municipales de 2020, marquées une abstention record, avaient vu seulement 30% des 18-24 ans allaient voter au pre- mier tour, selon une enquête de l’institut Ipsos.En Guadeloupe

Les 18-25 ans ne sont pas motivés par les élections et surtout celles réalisées récemment. C"est para- doxal parce qu"ils sont en fait inscrits à 76% sur les listes électorales, mais seulement 33% d"entre eux ont prévu de se déplacer pour le pre- mier tour des municipales de 2020.

C"est beaucoup moins que pour l"ensemble des Français qui, pour 56% d"entre eux, sont volontaires pour participer. C"est un recul de 22 points par rapport à la participation enregistrée en 2014.

Peut-on voir dans l’abaissement de droit de vote à 16 ans une façon de lutter contre cette abstention plu- tôt que d’attendre qu’elle se résorbe elle-même ? Que serait-il des droits et devoirs que l’on acquiert pour être électeur ?Que pense cette tranche d’âge

Au niveau local ce public est loin des urnes et cela n’est surement pas leur priorité immédiate. C"est une génération qui a pris ses distances avec le vote.

I ls sont très en demande d"ac- compagnement par l"école de la compréhension de la vie politique e t sont aussi très au fait de l’ac- tualité par le biais des réseaux sociaux.

Tout est dans la culture de l’ap- p rentissage, mais ils ne vont pas spontanément demander l"abais- sement du droit de vote. Une voie leur est possible par le biais des conseils municipaux des jeunes.Qu’en est-il dans le monde ?

De nombreux pays l"ont déjà adopté. En France, le droit de vote est passé de 21 ans à 18 ans en 1974. Si rien n"a bougé depuis un demi-siècle, d"autres pays ont d"ores et déjà adopté le droit de vote dès l"âge de 16 ans : L ’Autriche a mis en place le vote à 16 ans depuis une dizaine d’an- nées. Le choix se porte généra- l ement sur 16 ans car c"est aussi l"âge en général de la fin de l"obligation scolaire, de la forma- tion professionnelle (on peut travailler à 16 ans).

Malte et certains Länders en Allemagne, en Écosse et en Estonie, Brésil, Equateur, Cuba, Nicaragua, Malte, Ecosse, Guernesey, l’île de Man, l’île de Jersey, Slovénie, autorisent égale- ment les citoyens âgés de 16 ans à voter à certaines élections locales.

Si la plupart des États ont fixé la majorité électorale à 18 ans (205 pays), certains conservent encore une limite d’âge plus éle- vée. Aux Émirats Arabes Unis p ar exemple, il n’est possible de voter qu’à partir de 25 ans. Une piste de compromis pour abais- s er l"âge légal en France ? L"idée revient en effet régulièrement sans que les lignes ne bougent.En conclusion

La proposition de loi, organique (elle implique une révision constitu- tionnelle), vise à modifier les arti- cles L.2 et L.9 du Code électoral, afin d"abaisser l"âge à 16 ans mais également de rendre automatique l"inscription sur les listes électorales à cet âge. Un débat qui risque de faire débat pendant de longue date.

«Le droit de vote, ce n"est pas l"ex- pression d"une humeur, c"est une décision à l"égard de son pays, à l"égard de ses enfants»