Le trèfle : Une plante chargée de puissance magico-religieuse

Vous avez raison de penser à l’une des cartes de votre jeu mais, il est question de cette petite plante, une légumineuse de la famille des Fabacées, plu- tôt frêle, qui existe aux Antilles et en l’occurrence en Guadeloupe.

C omme d’autres, cette plante a connu ses années de gloire dans la cour de nos cases créoles, cet espace fleuri, riche aussi en plantes médicinales, qui séparait les parties habitables de l’autre abri partagé en une cuisine et un «magasin» abritant des réservoirs à eau et des denrées agricoles. Une cour, balayée chaque matin avec le balai naturel composé de plusieurs branches de la plante portant le nom créole ou vernaculaire : «balai onze heures».

Les feuilles du trèfle, composées de trois folioles, se développent sur une tige dressées ou rampantes et placent la plante dans le genre Trifolium. De nombreuses espèces existent à travers le monde et la feuille peut être composée de trois à sept folioles. Chaque type de feuille est lié à une croyance.Utilisation :

Le trèfle à trois folioles de la Caraïbe connu en Guadeloupe évoque surtout des pratiques ancestrales médicales ou magico- religieuses, plus communément appelées «sorcellerie blanche». Cela découle sans doute du fait que le légendaire Saint Patrice, patron de l’Irlande, a fait de cette plante, la représentation du mystère de la Sainte-Trinité «Le père, le fils et le Saint-Esprit». La feuille a aussi trouvé sa place dans l’emblème de certaines associations sportives. Il faut noter que les feuilles crues ou cuites des variétés appelées «Trèfle blanc» sont comestibles en salade et peuvent servir de fébrifuge et vermifuge ou pour lutter contre les douleurs digestives, les coliques, les piqûres d’insectes.

D’autres variétés des prairies sont des fourrages. Cependant, beau- coup d’espèces sont très toxiques et pour l’homme et pour les ani- maux car pouvant libérer, après ingestion, de l"acide cyanhydrique (HCN), provoquant une intoxica- tion cyanogénique. En Martinique, le trèfle est très réputé contre les morsures de serpents.

Compte tenu de ses multiples ver- tus et de son pouvoir magico-reli- gieux, il était planté en Guadeloupe à proximité de la mai- son, pour servir de gardien contre les mauvais esprits qu’il empêchait de pénétrer ou pour conjurer les mauvais sorts. Il bénéficiait alors de soins tout particuliers pour résister autant que possible aux aléas climatiques et sa présence dans l’environnement de la maison ne passait pas inaperçue, inspirant même parfois la peur.