Tensions en Ukraine

Les Russes massent d’impor- tantes forces militaires à la fron- tière Est de l’Ukraine. Cette der- nière appelle les pays occiden- taux à la rescousse pour faire contrepoids. Comme souvent, les déclarations des uns et des autres ne sont pas dénuées d’ar- rières pensées, mais au-delà de ce regain de tension, dans une région qui reste très instable, ce sont les grands équilibres inter- nationaux qui semblent se révé- ler à travers cette crise.

UKRAINE-RUSSIEUN CONFLIT QUI DURE

On a un peu tendance à l’oublier mais il y a une guerre en cours au coeur de l’Europe. La guerre du Donbass, en effet dure depuis 2014. Elle se déroule dans une zone qui touche la Russie, à l’est de l’Ukraine. Dans cette région une insurrection armée, soutenue par les Russes, a provoqué la sécession de deux parties de l’Ukraine, devenues dès lors la république de Donetsk et la répu- blique de Lougansk. Ces évène- ments se sont déroulés au même moment que le rattachement de la Crimée à la Russie, ayant généré une grave crise internationale avec des sanctions, et a sans doute contribué à occulter ce conflit. Cette guerre, relativement absente des gros titres, a déjà fait plus de 10 000 morts et des cen- taines de milliers de déplacés (un demi-million selon l’ONU). PROVOCATION OU TEST

Ce n’est un secret pour personne, le Président Poutine aurait mille fois préféré un personnage mani- pulable comme Trump à n’im- porte quel élu démocrate, Hillary Clinton ou Joe Biden. En effet pre- nant le contre-pied de son prédé- cesseur dès le début, Biden a indi- quévouloir contrer la politique russe en Europe, et l’expulsion de diplomates en réponse au déploiement militaire en est la traduction immédiate. De fait le changement de président à la Maison Blanche a conduit à une complète nouvelle donne avec les pays européens et l’OTAN. Là où Trump avait conduit une poli- tique de méfiance et de désaveu vis-à-vis de l’OTAN, Biden a dès le début renforcé cette organisation et les liens des USA avec les pays de l’Europe occidentale. Dans ces conditions le fait de masser des troupes à la frontière ukrainienne apparaît comme un véritable test de la Russie vis-à-vis de l’Europe.UNE PARTIE D’ÉCHECGÉOPOLITIQUE

Mais en réalité cette manoeuvre de Moscou semble prendre place dans un grand mouvement géné- ral de déplacement d’alliances qui se déroule sous nos yeux. En moins de cent jours, Biden a suc- cessivement renoué avec l’OTAN et les pays européens, remis sur les rails des négociations sur le nucléaire avec l’Iran, montré à l’Arabie saoudite qu’elle n’était plus un partenaire privilégié et indiqué à Israël que la politique de Trump, tant vantée par Netanyahu, était finie en réacti- vant l’aide financière aux Palestiniens et en réaffirmant la solution à deux états au conflit israélo-palestinien.

C’est beaucoup, même si nous restons ici, aux Antilles, attentifs à un réchauffement des relations avec Cuba qui, pour l’instant, n’est pas à l’ordre du jour. Dans ce contexte de grands change- ments il semble bien que les USA aient intégré qu’ils ne sont plus les gendarmes du monde l’ordre international se jouant mainte- nant à trois (USA-Chine-Union européenne) ou quatre avec la Russie. De ce point de vue la ten- sion aux portes de l’Ukraine est sans doute un signe de futurs développements dont on n’aper- çoit pas encore les effets, mais qui vise probablement le même objectif que le choix de favoriser Trump, diviser les Américains et les Européens à leur profit.

La détente en Europe reste une question brûlante. De nombreux foyers de tension existent, certains refont surface, beaucoup d’entre eux, comme ici en Ukraine ont une base nationaliste. C’est une des tâches d’aujourd’hui des progres- sistes du monde entier de proposer une analyse et des perspectives de justice sociale pour vider ces mou- vements de leurs contenus som- maires et réducteurs et renforcer ainsi le camp de la paix.