Le 200 ème anniversaire de Napoléon Bonaparte

Le Président français a succinctement fait état dans ses propos du rétablissement de l’esclavage en mai 1802 sans évoquer la traite négrière et ses consé- quences et de reconnaître que Napoléon, dans ses conquêtes ne s’est jamais véritablement préoccupé des pertes humaines.

Le 05 mai 2021, les Fran- çais de l’hexagone ont procédé à la commémoration du 200 è me anniversaire de celui qui fut pour eux un héros. En Guade- loupe, cette commémoration n’a eu aucun effet malgré le poids de l’assimilation.

L’histoire de la Guadeloupe est indissociable à celle de la France mais parallèle et antagoniste. En fait, il y a des liens de subordina- tions propres à la colonie. Tous les territoires colonisés par la France et qui portent en leur sein des hommes et des femmes venus d’Afrique réduits en escla- vage n’ont pas la même percep- tion de ce 200 è me anniversaire de la mort de Bonaparte.

Pour les Français, ou encore pour les hommes sans couleur, Napo- léon Bonaparte, était un héros, un génie par contre, pour les Africains réduits en esclavage, c’était un bourreau.

Il faut le reconnaître, c’est un homme qui a une histoire très controversée puisqu’il était adulé par les siens et honni par ses vic- times et leurs descendants.

L’histoire de la traite négrière et de l’esclavage dans les terri- toires de Guadeloupe, Martini- que, Guyane et de La Réunion, montre bien qu’on ne peut concevoir ce principe d’une seule et indivisible nation.

Dans son discours sous la cou- pole de l’Institut France, en pré- sence de plusieurs personnalités, le Président Emmanuel Macron a souhaité que les Français fas- sent mémoire sans rien occulter du passé, et pourtant ce n’est pas ce dont on a eu droit.

Dans son discours préliminaire,le chef de l’Etat français a sou- haité le déroulement d’une com- mémoration éclairée pour dit-il regarder «notre histoire en face et en bloc», sauf qu’un tel discours ne s’adresse pas aux descen- dants des hommes africains réduits en esclavage.

Le Président français a succincte- ment fait état dans ses propos du rétablissement de l’esclavage en mai 1802 sans évoquer la traite négrière et ses conséquences et de reconnaître que Napoléon, dans ses conquêtes ne s’est jamais véritablement préoccupé des pertes humaines.

Certains historiens partisans à sa cause ne l’ont jamais qualifié de dictateur ou de boucher, cherchant plutôt à l’innocenter en voulant faire croire qu’il était sous l’influence de lobbys à cette époque.

Dans son discours en évoquant la vie et l’oeuvre de Napoléon il a osé déclarer : «Sa vie porte en chacun de nous comme un écho intime... On aime Napoléon parce que sa vie a le goût du possible, parce qu’elle est une invitation à prendre sans risque, à faire confiance à l’imagination, à être pleine en soi…, la vie de Napoléon est aussi un champ de la raison».

On constate très bien que c’est un discours complaisant destiné à un public bien pré- cis à quelques mois des élec- tions présidentielles.

Emmanuel Macron a qualifié simplement de faute et de trahi- son de l’esprit des Lumières le rétablissement de l’esclavage.

Dans une Guadeloupe libre, les manuels scolaires n’auraient cer- tainement pas le même récit s’agissant de la vie et de ce tyran.