Sylvie Gustave-dit-Duflo :«L’aménagement du territoire doit aussi prendre en compte la biodiversité»

Sylvie Gustave-dit-Duflo est aujourd’hui à la présidence de l’Agence régionale de la biodi- versité des îles de Guadeloupe (ARB-IG), première Agence régionale de la biodiversité en Outre-mer et 9ème Agence de l’Hexagone. Par le biais de ce nouvel outil, elle entend, avec son équipe, garantir la préserva- tion de la biodiversité et instau- rer des projets autour du déve- loppement durable en Guadeloupe.

Comment a été instigué le projetd’établir une Agence de la biodiver- sité sur l’archipel ?Sylvie Gustavedit- Duflo :«En 2016, Ségolène Royal, alors ministre de l’Ecologie, a impulsé la loi pour la recon- quête de la biodi- versité. La Région est devenue le chef de fil de ce projet et le Parc national de la Guadeloupe s’est joint à elle.Nous avons créé un groupe de réflexion avec divers acteurs politiques, économiques, collectivités et associations, notamment avec le Département, l’Office national des forêts, le Conservatoire du littoral, l’Office de l’eau et la Direction de l’environne- ment, de l’aménagement et du logement. Conjointement, nous avons établi un périmètre d’actions de la future Agence de la biodiver-sité tout en analysant les besoins et les attentes de chacun et nous avons pu établir un projet commun autour de cette nouvelle Agence, la première dans l’Outre-mer».

Vous êtes à la présidence de celle-ci.Quelles sont vos prérogatives ?

Ma première mission aujourd’hui est de constituer une équipe

. Nous avons lancé une phase de recrute- ment au niveau de la direction puis nous recruterons une quinzaine d’ingénieurs et techniciens à terme. Tout est à construire. Nous avons simplement posé les bases de la fondation, mainte- nant il nous reste à établir notre siège. C’est très exaltant car c’est aussi l’aboutissement de trois années de travail. Nous avons l’envie de nous lancer dans le grand bain et de commencer à impulser des projets concrets. Lesquels sont-ils ?

Nous aimerions remonter le Conservatoire botanique qui est en liquidation judicaire. Nous avons l’agrément national pour ce projet et il nous tient à coeur. De plus, lorsque l’équipe sera au com- plet, nous aimerions mettre à dis- position l’expertise de nos ingé- nieurs sur la biodiversité auprès des collectivités pour qu’elles puissent, elles aussi, avancer dans le bon sens. Nous aimerions met- tre en place des permis pour auto- riser laboratoires et universités à prélever les ressources de notre éco-système pour mieux les étu- dier et les agir en fonction. En effet, nous constatons qu’il n’y a aucune stratégie concernant les espèces envahissantes comme celles des baies de caféier, qui sont une véritable cause d’érosion de la biodiversité, et c’est embêtant. Il est important que nous soyons à l’écoute des demandes de chaque institution tout autant que nous sommes à l’écoute de la nature.

Cette biodiversité, qui est semblet-il, l’une des plus riches de France, n’est-ce pas ?

La biodiversité représente 80% du territoire de la Guadeloupe, sur seu- lement 0,6% du territoire français... Alors oui nous avons un grand chal- lenge que de la préserver au mieux. Il y a des espèces endémiques (ani- maux, végétaux) propres à chaque île de l’Outre-mer et nous avons cette urgence de prendre soin des nôtres. Nous souhaiterions établir un schéma régional du patrimoine naturel et de la biodiversité qui per- mettrait de respecter un certain nombre de règles en fonction des trames vertes (pour les forêts), bleues (pour les points d’eau) et bleues marine (pour la mer). Ces tra

mes sont des cartographies pré- cises qui offrent la possibilité de maîtriser ce qui nous entoure. Il s’agirait alors d’éviter de construire à proximité d’une mangrove ou bien d’éteindre les éclairages de nuit dans certaines zones par exemple. L’aménagement du terri- toire doit aussi prendre en compte la biodiversité si l’on veut créer une vision coordonnée et efficiente.