LA LUTTE UNITAIRE POUR LA DÉCOLONISATION DE LA GUADELOUPE : Nouvelle forme de la désillusion

Toute organisation politique a la totale liberté de répondre à l’ap- pel à un rassemblement garan- tissant le droit au respect des idéologies, sur la base de convergences. Cette liberté lui permet aussi de se retirer.

L’ appel du 05 mars 2021 pour les élections Départemen- tales et Régionales, du Parti Communiste Guadeloupéen, ne pouvait se transformer en un tribu- nal, par des redresseurs de torts.

Une fois de plus, se pose la ques- tion de la volonté de se rassem- bler sur l’essentiel. Cet échec fera encore date dans l’histoire poli- tique de la Guadeloupe, laquelle retiendra en effet que, cet appel à toutes les forces anticolonialistes, autonomistes, indépendantistes, patriotiques, ne s’est pas concré- tisé avec la participation du Parti Communiste Guadeloupéen. Seule- ment quatre organisations ont poursuivi le chemin, sous la ban- nière de l’«Alyans Nasyonal Gwa- dloup» (ANG).

L’initiative de rassembler est pour- tant, depuis des décennies, la volonté du Parti Communiste Gua- deloupéen de fédérer les réflexions et les énergies, pour sortir la Guade- loupe de cette emprise coloniale. Elle s’est parfois concrétisée, même si elle n’a pas encore eu l’impact politique attendu. Les élections Régionales de 2004, derrière Ary Broussillon, tête de la liste d’Union, en est un exemple.

LE REFUS DE FAIRE DE VICTOR ARTHEIN, LE BOUC ÉMISSAIRE

En 2021, le Parti Communiste Gua- deloupéen a été confronté à une ingérence dans son fonctionne- ment, ce qui a créé la désillusion dans ses rangs. Peu importe les complotistes pour ce diktat visant à faire de Victor Arthein, un bouc émissaire, Le PCG a tenu à garder sa verticalité et a refusé de sacrifier un de ses membres sur l’autel de la déraison et de l’hypocrisie.

Car, la Guadeloupe a bien compris que, la défaite de l’ex-maire de Port- Louis, Victor Arthein, aux élections municipales de 2020, a été la consé- quence d’une machination politi- cienne mesquine, orchestrée par ses opposants, pour abuser des Port-Louisiens qui n’ont pas eu connaissance de ce dossier. Victor Arthein, avec son équipe progres- siste, et dans le respect des convic- tions de tous les conseillers munici- paux, a mis définitivement la com- mune de Port-Louis, en moins de six ans, sur les rails du redressement. Situation attestée par la Chambre Régionale des Comptes, mais dérangeante pour ses opposants. Il fallait donc obligatoirement lui enlever, à n’importe quel prix, à quelques semaines des élections, toute possibilité de poursuivre ce chemin salutaire.

Aucun Port-Louisien ne pourra dés- ormais l’ignorer, à moins de faire preuve de mauvaise foi. Les histo- riens et les sociologues en témoi- gneront aussi pour la postérité. Le nom de Victor Arthein a été, comme disent ses détracteurs pour ce rassemblement de 2021, avec une subtilité aussi maligne que mal- saine «associé», à un état de fait, hérité d’une situation que d’autres avaient créée depuis des années et que son équipe a eu à régler. Cette attitude de justiciers envers lui peut s’apparenter, sans difficulté, en ce mois de mai des mémoires, à une napoléonisation de la conscience, de l’analyse et de la réalité poli- tique, comme en témoigne l’his- toire politique de la Guadeloupe, depuis les années 1960.CAR, LES GUADELOUPÉENS N’OUBLIENT PAS

En effet, que d’organisations, de mouvements, de personnalités politiques «associés» ou même auteurs d’évènements et de slo- gans malheureux et condamnés par le peuple ! Les Guadeloupéens n’oublient pas l’époque du «on sèl c himen l’indépendans» !Les Guade- loupéens n’oublient pas l’époque du«kréyòl sé sèl lang an nou, nou pa fwansé». Les Guadeloupéens n’ou- blient pas l’époque du «tous ceux q ui acceptent, notamment dans l’Education nationale française, des postes de responsabilité, sont des v alets du colonialisme», tandis que ces pourfendeurs étaient profes- seurs à l’université Antilles Guyane.

Les Guadeloupéens n’oublient pas l’époque du «tout fwansé déwò» !Les Guadeloupéens n’oublient pas l’époque du «éleksyon sé biten a fwansé». Les Guadeloupéens n’ou- blient pas l’époque de fâcheux évè- nements qui ont jeté la consterna- tion sur la Guadeloupe et créé une totale confusion dans le mouve- ment indépendantiste. Et faudrait- il ajouter que les Guadeloupéens n’oublient pas non plus l’époque du«il faut éliminer le Parti Commu- niste Guadeloupéen, kominis sé chyen, fè krazé yo».

Ce Parti Communiste Guadelou- péen qui, depuis sa création en 1958, revendique, de congrès en congrès, tous les quatre ans, l’auto- nomie financière et politique d’une Guadeloupe victime de plusieurs siècles de colonisation par la France et d’autres pays. Une revendication d’expérience, confortée au fil des ans par celle d’une : «Autonomie démocratique et populaire, étapev ers une indépendance nationale». Orientation reprise finalement dans son esprit, démocratique- ment, par tous ses adversaires d’hier, de gauche comme de droite, y compris indépendantistes, natio- nalistes et patriotiques. Prise de conscience que nous saluons car, d it la sagesse : «Seuls les imbéciles ne changent pas».

NON, À L’INGÉRENCE DANS LE FONCTIONNEMENT DES PARTIS !

Il a fallu malheureusement que cet anticommunisme primaire, latent, que l’on peut dire viscéral, refasse surface par une stratégie machiavé- lique, pour parasiter et affaiblir considérablement cette volonté de grand rassemblement. Le Parti Communiste Guadeloupéen ne saurait souffrir ce droit d’ingérence. L’appel à un rassemblement d’orga- nisations et de mouvements poli- tiques ne saurait être assimilé à un appel à rassembler des personnes considérées individuellement, pour les besoins d’une cause. Ce qui est fondamental, c’est l’engagement de chaque organisation, sur la charte commune conjointement signée. Oui, cela relève aussi «de la responsabilisation et de la respon- sabilité des organisations signa- taires». N’est-ce pas camarades ?POUR UNE RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUEA moins d’une révolution armée, ou d’une dictature, la décolonisa- t ion de la Guadeloupe ne pourra jamais se faire sans le regroupe- ment de tous ceux qui le souhai- tent, mais avec le peuple guade- loupéen d’abord, dans la plus g rande clarté, démocratique- ment, sans arrière-pensée hégé- monique. Ce ne sera évidemment pas à l’unanimité mais, obligatoi- rement, à une large majorité con- sensuelle. Et ce peuple inventera, nous disons bien «inventera», en toute liberté, avec fierté, il faut le dire en passant, son drapeau, son hym- ne, sa monnaie frappée d’une effi- gie, sa carte d’identité et autres emblèmes. Il choisira sa langue offi- cielle. Et tout cela, sans complexe, pour caractériser l’Etat qui doit administrer la nation guadelou- péenne. On dit en créole : «fè pa dansé pli vit kè mizik-la ka jwé».C’est le peuple qui donne la cadence.

Le Parti Communiste Guadelou- péen reste et restera toujours ouvert à un tel rassemblement, dans la limite des compromis d’in- telligence et de raison.

Alors compagnons de lutte guade- loupéens, d’avant-hier, d’hier, d’au- jourd’hui et de demain, «Du passé, faisons table rase ; Foule esclave debout, debout !»pour cheminer côte à côte, avec le peuple guade- loupéen, vers la souveraineté !