Palestine : Au-delà de l’indignation

Les récents évènements surve- nus en Israël et en Palestine sou- lèvent une indignation légitime. Le peuple palestinien est une nouvelle fois la victime d’une situation de plus en plus déses- pérée. Toutefois au-delà de cette indignation, il faut cher- cher les moyens politiques d’al- ler de l’avant.

DEUX CRISES POLITIQUESIMBRIQUÉES

La guerre entre le Hamas et Israël, par rocket et avions interposés, est la conséquence directe d’une dou- ble crise politique. En Palestine, Mahmoud Abbas a reporté les élec- tions législatives palestiniennes pré- vues le 22 mai. C’était les premières depuis 16 ans, et les précédentes avaient vu la victoire sans appel du Hamas (74 sièges au Hamas contre 45 au Fatah sur un total de 132 au parlement palestinien). De son côté, en Israël, Netanyahou est le chef d’un gouvernement transi- toire, étant donné l’impasse des partis à former un nouveau gouver- nement après des élections législa- tives (les quatrièmes en deux ans).LA SITUATIONDE JÉRUSALEM EST

Le déclenchement de la crise est venu de la situation explosive de Jérusalem Est, et en particulier des procédures actuellement en cours pour reprendre des empla- cements occupés par des familles palestiniennes et les attribuer à des familles juives. Cette politique d’éviction des résidents arabes de Jérusalem fait écho au statut de ses habitants qui à l’Est, sont considérés comme «résidents» et donc payant l’impôt à l’état israé- lien mais pas comme «citoyens» et donc interdits de vote aux élec- tions nationales. Un apartheid, qui concerne 300 000 personnes. Si l’on ajoute à cela les provoca- tions de la police de l’état hébreu et celles de l’extrême droite israé- lienne, qui vient de rentrer au par- lement avec les disciples du rabbin Kahane de sinistre mémoire, on aura décrit le baril de poudre et l’al- lumette qui a servi à mettre le feu.LES ARABES ISRAÉLIENS

Donnée nouvelle dans l’équation politique en Israël, les arabes israé- liens viennent de rentrer de façon tonitruante dans le jeu. Il y a eu d’abord de violentes émeutes dans les villes mixtes comme Lod, Akko (Saint-Jean d’Acre), Haïfa, dans les- quelles on a assisté en direct à la télévision à des scènes de lynchage, dans un sens comme dans l’autre. Il y a eu ensuite une grève générale très suivie de tous les palestiniens, en Israël comme dans les territoires occupés. Il y a enfin sur le plus long terme la constatation que lors des deux dernières élections législatives les partis arabes sont rentrés au par- lement avec un poids croissant. Si la place de la Joint List (avec les com- munistes) est moins importante dans cette assemblée que dans la précédente, l’arrivée comme possi- ble partenaire gouvernemental d’une formation islamiste (Raam) signale une nouveauté, la place de plus en plus visible des arabes dans le jeu politique. Ils représentent 20% de la population israélienne. FACE À LA SITUATION DEGUERRE, FAVORISER LE CAMP DE LA PAIX

Toutefois à coup de gros titres les médias laissent de côté une grande partie de la réalité, et cherchent à nous imposer une lecture simplificatrice des évène- ments. Si on veut aller plus loin qu’un résumé du conflit à deux partenaires, le Hamas et Israël sous la conduite de la droite et l’extrême droite, il faut aller écou- ter d’autres voix pour avancer des pistes politiques. Dans un inter- view récent au journal l’Humanité Leïla Chahid, grande dirigeante palestinienne, rappelle que le conflit n’est pas religieux il est anticolonialiste et elle invite à continuer la lutte avec «nos amis israéliens anticolonialistes».

De son côté, le même jour, le journal israélien Haaretz donne la parole, grâce à sa journaliste Amira Hass, à une habitante de Gaza qui décrit (en direct au téléphone) les heures d’horreur juste avant le cesser le feu, heures pendant lesquelles, à chaque fois, l’aviation redouble de violence. Il faut le rappeler avec insistance le conflit israélo-palesti- nien est complexe et se joue sur le terrain (au moins) à quatre. Il est du devoir des progressistes de tout faire pour appuyer ceux qui dans les deux camps sont des partisans de la paix et de la fin de l’occupa- tion des territoires palestiniens. L’action militaire a toujours été condamnée à l’échec lorsque les droits de peuples sont dans la balance. L’histoire récente en donne la preuve à chaque instant.