Quand le télétravail mène à la Guadeloupe

A partir du 9 juin 2021, le gou- vernement a décidé d"assouplir le recours au télétravail, qui avait été généralisé à toutes les entreprises depuis plus d’un an. Mais, entre temps, de nombreux Parisiens avaient saisi cette opportunité de travail à distance pour se rendre en Guadeloupe auprès de leur famille, et l’expérience a, semble-t-il, été des plus bénéfiques pour eux.

« J’ai vécu le premier confine- ment en mars 2020 dans mon appartement à Paris. C’était plutôt cool au départ. Je travaillais à mon rythme, je faisais mon jogging dehors, je me faisais des petits plats et parfois je croisais mes voisins pour discuter mais l’annonce du second confinement au mois de novembre a eu raison de ma patience. Je n’avais pas envie de revivre ça et d’être, de nouveau, enfermé surtout en plein hiver !».

En effet, si certains ont pu profiter de leur maison secondaire en Normandie, d’autres ont opté pour d’autres choix. Tristan, 35 ans, consultant, prend alors un billet d’avion pour la Guadeloupe avec pour objectif d’y passer quelques semaines sous le soleil des Caraïbes. Huit mois plus tard, il est toujours là.

«Mes parents habitent à Basse-Terre, j’ai posé ma valise chez eux et j’ai commencé à télétravailler avec pour simple outil, mon ordinateur. Petit à petit, une routine s’est installée. Ils étaient contents de m’avoir auprès d’eux et, moi, j’étais content de pas- ser du temps sur mon île».

Pour Emilie, 36 ans, responsable des ressources humaines, le chemine- ment pour rejoindre les Antilles a été similaire. «Moi c’est le 3 ème confi- nement en avril qui a fait grandir ma frustration d’être seule à Paris et de savoir ma famille réunie en Guade- loupe où tout était ouvert, restos, bars, plage… Je n’avais pas été aux Antilles depuis quelques années et je me suis dit que c’était le moment opportun».Elle appelle sa cousine au Gosier qui lui propose, avec un plaisir non dissimulé, de l’héberger.«J’étais un peu angoissée de quitter la métropole sans savoir trop com- ment j’allais m’organiser en travail- lant à 8000 km mais mon employeur a été très conciliant».UN AUTRE QUOTIDIENET CADRE DE VIE

Tristan et Emilie ne sont pas des cas isolés. Le télétravail a offert la possi- bilité de travailler de partout dans le monde et de nombreux pays ont ouvert leurs frontières à ces «digital nomades»ou «travailleurs mobiles». La Barbade, Dubaï, le Mexique ont mis en place des visas de travail d’un nouveau genre, permettant aux globe-trotters en recherche de dépaysement et d’un cadre de plus agréable de pouvoir télétravailler au bout du monde. «Je commence à travailler très tôt le matin dû fait du décalage horaire avec la métropole. C’est parfois fatiguant mais, à midi, ma journée est terminée et je peux aller me baigner face au coucher de soleil !»confie Tristan. De son côté, Emilie a la chance d’échanger majoritai- rement avec des intervenants américains. «Pour moi, le fuseau horaire des Antilles est idéal. Je peux planifier mes rendez-vous comme je le veux et aller au bureau ne me manque pas du tout».

UN RETOURAUX SOURCES PROFITABLE

Jusqu’à l’annonce des dernières mesures de restrictions en date, Emilie et Tristan vivaient pleinement leur séjour en Gua- de-loupe. «Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir vivre cette expérience. Des amis de métropole auraient aimé faire de même mais ils ont été blo- qués par le principe du motif impérieux. Moi, je me sens revi- vre ici et, le plus important, est que je renoue avec des per- sonnes de ma famille».

En effet, pour ces Parisiens, le retour sur l’île de leurs parents et de leur enfance leur a ouvert les yeux sur la beauté et la richesse du lieu. «Je me suis rendue compte qu’elle changeait de visage et se modernisait. J’ai découvert des supers endroits pour boire un verre ou pour faire des activités sportives !».

Tristan, pour sa part, s’est recon- necté à la nature. «J’ai fait de belles balades en forêt et j’ai découvert des dizaines de rivières et cascades. C’est fou comme la Guadeloupe regorge de trésors insoupçonnés...».A REFAIRE SANS HÉSITATION

Depuis, Emilie a dû rentrer à Paris.«Je reviendrais sans hésiter. Mais si j’avais un petit bémol, cela serait la connexion internet. La fiabilité du réseau a été un frein pour prolonger mon séjour, c’est dommage».Quant à Tristan, il a trouvé la double parade. Chez lui, il fait appel à un par- tage de connexion efficace grâce à un forfait téléphonique adapté et, en extérieur, il profite des nouveaux espaces de co-working dans la zone d’activités de Jarry pour travailler dans les meilleures conditions et compte bien rester ici tout l’été.