Grève dans les collectivités : Un accord est possible

Nous sommes maintenant à trois mois de grève dans les communes de Guadeloupe. C’est ubuesque, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais, il n’y a rien là de nouveau sous le soleil de Guadeloupe.

D epuis la promulgation de la loi organisant la fonction publique territoriale en 1984, le fonctionnement des col- lectivités locales a été régulière- ment perturbé par des grèves longues, dures, déclenchées le plus souvent par le syndicat UGTG.

C’est précisément, l’engagement et la détermination de l’UGTG en défense des droits des agents des collectivités territoriales qui ont donné naissance à cette puissante fédération de l’UTC-UGTG.

A l’origine de cette longue grève qui, une fois de plus, impacte dou- loureusement la vie des citoyens, la scolarité des enfants, l’hygiène dans les communes se trouve, quoi que l’on puisse penser des méthodes de l’UTC-UGTG, dans le comporte- ment réactionnaire de la majorité des élus qui se sont succédés depuis 1984 à la gouvernance des collecti- vités locales.

Par une métamorphose incroyable des candidats pour le bien-être des administrés et les élus devenus géreurs de l’habitation pour le compte de l’Etat, soucieux avant tout de leur réélection s’ouvre un abîme d’injustice, de discrimination et de mépris dans lequel les agents de la fonction publique refusent, avec raison, de sombrer.

Un protocole de fin de conflit aurait pu être trouvé depuis longtemps à cette grève, qui cause tant de souf- france dans la population si notre appel, à un accord de raison pour sortir par le haut de ce conflit, avait été entendu. Cet appel invitait les protagonistes à rechercher «un accord prenant en compte des prin- cipes moraux, de citoyenneté et en gardant constamment en ligne de mire le respect des droits des agents et leur humanité».Devant le blocage de la négocia- tion, faisant référence à la déclara- tion de Maurice Thorez, Secrétaire général du Parti Communiste Français en 1936 : «Il faut savoir terminer une grève», nous sommes revenus à la charge en ces termes : «En fait, c’est un compromis acceptable qu’il faudrait trouver sur la 1 ère revendication posée. Cela est possible, si les deux parties s’extir- pent de toutes postures légalistes, toutes références mécaniques à la loi et au droit. La clé de sortie est là : Les élus doivent considérer le bien- fondé, le caractère indiscutable du respect de tous les avis de la Commission administrative pari- taire actés avant l’entrée en vigueur du décret modificatif de 2021 et s’engager sur la présentation des tableaux d’avancement et de grade. L’intelligence commande de négo- cier un plan global pluriannuel de régularisation de la situation des agents».Notre appel semble avoir été entendu.

A l’initiative de quatre maires, appe- lés facilitateurs, s’est mis en place avec le syndicat un groupe de travail sur un projet d’accord cadre qui doit être présenté à l’ensemble des exé- cutifs des collectivités locales.

Ce projet d’accord cadre de prin- cipe élaboré, a été adressé aux maires et présidents. S’il est signé, il servira de base à la négociation dans chaque collectivité. Ces termes, posés dans son préam- bule indiquent une réelle volonté de trouver un consensus pour sortir de ce conflit : «L’UTC-UGTG, les maires et présidents des établissements publics et syndicats intercommu- naux conviennent que :

- Certains agents aient pu subir un retard quant à leur avancement d’échelon ou de grade et leur éven- tuelle promotion, et qu’il convient d’améliorer leur situation.

- La situation financière tendue de toutes les communes et collectivi- tés de la Guadeloupe ne laisse pas beaucoup de marges financières.

- La Guadeloupe subît une crise économique et sociale grave du fait de la pandémie et que les élus et les agents de la fonction publique doi- vent se mobiliser pour répondre à cette urgence et à la montée de la précarité des habitants.

- Les maires et présidents signa- taires du présent accord cadre ne veulent et ne peuvent être mis en situation d’augmenter la pression fiscale.

Ce projet d’accord annonce donc la recherche d’un équilibre entre les droits indiscutables des agents de la fonction publique et la situa- tion financière des collectivités et établissements publics. Il est acceptable et doit être signé.