AFFAIRE POLITICO-FINANCIÈRE DE L’EAU : Une Commission d’enquête parlementaire en mission en Guadeloupe

Une Commission d’enquête, relative à la mainmise sur la res- source en eau par les intérêts privés en Guadeloupe et ses conséquences, a été créée par l’Assemblée nationale le 9 février 2021.

C ette Commission est prési- dée par Madame Mathilde Panot, députée de la France Insoumise, avec comme rapporteur, le député Olivier Serva de la République en Marche. Dans le cadre de ses tra- vaux, elle a auditionné pendant plusieurs jours en Guadeloupe, des élus, des représentants d’as- sociations d’usagers, de syndi- cats, d’organisations politiques.

Le Parti Communiste Guadelou- péen a été auditionné, le 8 juin, à sa demande. Une délégation du Parti, composée du Secrétaire général, Félix Alain Flemin et de Christian Céleste, a exposé les analyses et propositions du Parti sur la question de la gestion de l’eau en Gua- deloupe et elle a répondu aux ques- tions de la Commission.

Le Secrétaire général du Parti a d’abord fait l’historique de la crise de l’eau qui a pris naissance depuis 1983 à Capesterre Belle-Eau, avec comme revendications, le prix et la qualité de l’eau, en mettant l’ac- cent sur la cécité et l’inertie des autorités de l’époque : élus et administration préfectorale, qui ont préféré faire le choix de la répression. Il a rappelé les pro- positions concrètes formulées par le PCG dès 1993, pour une structure publique unique de gestion de l’eau en Guadeloupe, écartant la mainmise des socié- tés multinationales.

Les communistes demandent à la Commission de considérer cette question de la gouvernance publi- que de l’eau comme la question prioritaire pour résoudre la grave crise de l’eau laquelle affecte la vie des Guadeloupéens.

Interrogé par la présidente et le rap- porteur de la Commission sur ceux qui devraient financer la réhabilita- tion des réseaux d’adduction de l’eau, Christian Céleste a répondu, sans hésiter, que ce sont les respon- sables publics (Etat et collectivités) et les entreprises privées, comme la Générale des Eaux, qui avaient la mainmise sur l’eau. Ils doivent tous payer. Il a précisé les points suivants :

- L’accès à l’eau potable et à l’assai- nissement est un droit citoyen, garanti par la charte de l’ONU et par la législation française. L’Etat fran- çais doit donc assurer le respect de ce droit en mettant de l’eau à la dis- position de tous ses citoyens.

- Les usagers ne peuvent pas subir la double peine : avoir payé pour un service non rendu et être som- més de payer à nouveau pour réparer les gabegies de ceux qui ont causé ces souffrances. - L’Etat doit mettre en place, avec le concours de l’Union européenne, le milliard que l’on dit nécessaire pour lancer un plan de grands travaux.

- Les factures figurant dans les livres comptables des organismes ges- tionnaires de l’eau doivent être annulées et les usagers remboursés.

- L’Etat doit prendre à son compte les dettes du Siaeag, comme il sait le faire pour sau- ver les banques, la compagnie Air-France, et pour annuler les dettes de certains Etats. Un premier bilan, fait devant la presse par la présidente Mathilde Panot, a montré qu’elle a entendu et compris les éléments exposés par les auditionnés pour une appré- ciation correcte de ce dossier.

Nous avons entendu, avec intérêt, qu’elle considère cette situation comme la honte de la République française. Elle s’est positionnée aussi contre toute délégation de service à une entreprise multina- tionale. Elle est pour une gestion en régie. De même, elle a exprimé très clairement, qu’il y a une urgence temporelle à aller plus vite que le plan d’urgence de 71 millions adopté par les collectivi- tés locales. Elle pense comme nous que l’Etat doit mettre le mil- liard sur la table.

Nous restons donc attentifs au rapport qui sera déposé à la mi- juillet 2021 sur le bureau de l’Assemblée nationale.