GRÈVE DANS LES COLLECTIVITÉS LOCALESSignature d’un accord cadre de méthode : Va-t-on vers la fin du conflit ?

Après plus de trois mois de grève, l’UTC-UGTG a signé le vendredi 11 juin 2021 au Palais des sports Gérard Marianne à Capesterre Belle-Eau, un accord cadre de méthode avec une douzaine de maires et prési- dents des collectivités et des EPCI de la Guadeloupe. Un accord qui fera date, même s’il reste encore des collectivités réticentes.

Un rappel : A l’origine de cette longue grève, se trouvent les revendica- tions déposées par l’organisation syndicale UTC-UGTG dans l’ensem- ble des collectivités de Guadeloupe en date du 22 février dernier, por- tant sur les problèmes de la gestion des carrières des agents et du res- pect des précédents protocoles de fin de conflit déjà signés.

Après l’échec de plusieurs tenta- tives de négociations entre le syndi- cat et l’Association des maires, chaque partie se drapant dans le respect de la loi, pour laquelle, ils n’ont manifestement pas la même lecture, une commission de travail informelle s’est mise en place, com- posée de quatre maires : Éric Jalton (Les Abymes), Jean-Philippe Cour- tois (Capesterre Belle-Eau), André Atallah (Basse-Terre), Thierry Abelli (Bouillante) et l’UTC-UGTG pour rechercher un consensus sur un projet d’accord cadre permet- tant de sortir de la crise.

C’est ce document de travail éla- boré après qui a été présenté aux maires et aux présidents des col- lectivités majeures et des EPCI à la réunion du vendredi 11 à Capesterre Belle-Eau

. Avec un seul amendement précisant qu’il s’agit d’un accord cadre «de méthode», 12 collectivités pré- sentes ont apposé leur signature au bas de ce document.

A l’issue de cette séance de signa- ture, le Secrétaire de l’UTC-UGTG Nestorius Favel, satisfait, pouvait déclarer : «Un protocole que nous avons mis en place avec les maires facilitateurs, nous avons beaucoup échangé. Nous en sommes arrivés à une signature, les maires présents ont signé, d’autres qui n’ont pu être présents sont d’accord. Nous ferons le point lundi pour regarder le nom- bre de signatures et on verra si on continue le mouvement puisque c’est l’UTC qui a pris l’initiative de ce mouvement depuis le 2 mars. Nous arrêterons ce mouvement le moment venu, il faut que l’ensemble des maires signe cet accord ; on a bien attendu 4 mois donc ils peuvent aussi attendre 2-3 jours. Cette mobi- lisation est un exemple car cela ne s’est jamais fait nulle part : cette capacité à avoir un piquet de grève dans chaque collectivité de Guadeloupe, chaque établissement public et syndical, c’est vraiment une très grande victoire pour les travail- leurs qui souffrent. On pense surtout aux agents proches de la retraite ou ceux qui partent à la retraite avec 300 ou 400€, à partir d’aujourd’hui nous sommes sûrs que leur situation va s’améliorer. Et on continue le tra- vail avec les collectivités. C’est un combat historique qui n’a pas été facile mais nous étions prêts à affron- ter cela. Chaque fois que l’on s’en- gage dans un combat pour les tra- vailleurs on se donne corps et âme parce que nous sommes tous d’ac- cord et motivés à améliorer la vie des travailleurs. Mais on est prêt à pour- suivre ce combat puisque tous les maires n’ont pas signé. Lundi on décidera de la suite des événements».

Jean-Philippe Courtois, maire de Capesterre Belle-Eau qui faisait partie des «facilitateurs»a dit oui à cet accord, mais aussi à l’obligation de préserver les finances commu- nales ainsi que la capacité d’investis- sement de sa collectivité. Il s’est exprimé en ces termes : «Ce matin on a assisté à la signature d’un accord cadre de méthode, ce qui aura permis de trouver un juste milieu entre le cahier de revendications de l’organi- sation syndicale et surtout les moyens que pourrait porter l’ensemble des maires, réunis au sein de l’association des maires, parce que nous sommes conscients qu’il faut que nous puis- sions agir sur l’amélioration des conditions de travail du personnel mais que nous avons aussi l’obliga- tion et devoir de préserver les finances communales pour pouvoir maintenir un service public de qualité mais surtout que nous puissions garantir aussi la capacité d’investis- sement de nos collectivités.

C’est un accord qui est aujourd’hui un accord cadre de méthode qui va inviter les organisations syndicales des communes à revenir vers leur maire pour que nous puissions maintenant travailler de façon spé- cifique entre chaque commune puisque Vieux-Fort n’est pas Capes- terre et Capesterre n’est pas Les Abymes. Donc, il faut maintenant que nous puissions travailler par rapport à notre mode de fonction- nement, notre capacité financière e t surtout les objectifs en terme de réalisations politiques apportées pour la collectivité. C’est à partir de c ela que nous allons continuer à oeuvrer afin de répondre au mieux sans pour autant comme je le dis t oujours, mettre à mal la santé financière des collectivités».

Même son de cloche pour le maire de Saint-François, Bernard Pancrel,pour qui existent dans sa commune des situations misérables : «par rap- port aux négociations du Lamentin, il y a eu une avancée certaine de part et d’autre qui a fait qu’aujourd’hui nous sommes en mesures de nous dire que c’est un accord acceptable surtout pour le budget et lescapacités finan- cières de la commune puisque lorsque nous reviendrons chacun dans notre collectivité, on va négo- cier au cas par cas les différentes situations puisque comme vous l’avez vu dans l’accord, ça tient compte de la réalité de chaque collec- tivité, une collectivité comme la notre n’est pas florissante puisqu’il s’agit d’une situation financière calami- teuse dont j’ai héritée mais nous allons avancer puisque les agents ont un certain nombre de droits, de pré- rogatives qui n’étaient jamais exami- nés jusqu’ici. Je suis arrivé aux affaires, on a souhaité examiner des situations qui sont carrément misé- rables et puisqu’il en est ainsi nous allons pouvoir avancer».

Marc Saint-Hilaire, Secrétaire de la section locale UTC-UGTG de Capesterre :«L’accord cadre a une portée générale mais a travers cet accord il y a un élément qui l’accom- pagne c’est la négociation avec les protocoles d’accord qui ont déjà été signés, pour finaliser l’accord local avec les différents maires. On prend l’exemple du maire de Basse-Terre où a été négocié un accord de fin de conflit ; il y a aussi d’autres com- munes dans le même cas de figure, où l’on continue à négocier hors conflit, puisque nous avons réfléchi à comment adapter l’accord avec les problèmes qui nous touchent parti- culièrement sur le plan local. On retient qu’au niveau de la commune de Capesterre nous avons travaillé afin de faire les arrêtés et faire avan- cer les carrières des gens : sécuriser les actes et garder les emplois».

Jocelyn Bouboune, élu délégué aux Ressources humaines à la Ville des Abymes :«C’est vrai que le maire des Abymes faisait partie de la délé- gation des maires facilitateurs donc on a eu au moins une demi-douzaine d e réunions avec l’UTC, pour arriver à ce projet de protocole d’accord. Il s’agissait tout simplement ce matin de valider. L’accord a été signé par les maires présents avec deux petites m odifications qui ne modifient pas le fond mais cela s’est relativement bien passé. Qu’apporte cette signature à l a ville des Abymes ? Pas seulement pour la ville des Abymes mais pour l’ensemble des collectivités. Lorsque l’on regarde la plateforme de reven- dications en elle-même, il y avait pas mal de problèmes de droits et de régularisations. L’important c’est que l’intérêt des travailleurs a été pris en compte et le projet d’accord qu’on a signé permet à l’ensemble des agents de la collectivité de s’émanciper et ceux qui sont plus proches de la retraite de pouvoir bénéficier, pas forcément de retom- bées d’une retraite plus favorable mais au moins, d’un petit pactole pour partir à la retraite.

Je suis élu délégué des ressources humaines, j’ai mandat du maire pour signer à sa place, étant empêché ce matin. C’était tout un honneur pour moi de signer, j’ai participé à la négociation dès le départ au Lamentin, participé aux réunions avec les maires facilita- teurs, j’ai même présidé une séance aux abymes. J’ai le sentiment d’avoir porté ma contribution à cette signature, à cette reprise qu’on espère bientôt».Cette première séance de signa- ture sonnera-t-elle la fin de cette longue grève. Rien de moins sûr. D éjà pointent à l’horizon des signes de discordes :

- Beaucoup de maires font encore dans la résistance barri- cadée dans la posture de la libre a dministration des collectivités que leur confère la loi.

- Des syndicats arc-boutés sur leur stratégie électorale pour gagner en représentation portent à des niveaux plus élevés que les partis politiques les magouilles des cam- pagnes électorales dans le cadre des collectivités et attaquent déjà l’hégémonie de l’UTC-UGTG pour invalider l’accord.

L’UTC-UGTG par la voie de son Secrétaire général que le combat se poursuit pour que tous les maires signent. Surtout, il allume la mèche d’une grenade : le paie- ment des jours de grève : «Ils ont fait cela duré plus de trois mois. On ne peut accepter de perdre de l’ar- gent donc on va se battre pour ça, le combat n’est pas terminé».

Nous ne pouvons que souhaiter que le bon sens et l’esprit de res- ponsabilité qui ont permis cette avancée continueront à éclairer toutes les parties concernées par ce conflit.