La faillite du politique

Les résultats du 1 e r tour des élections régionales et dépar- tementales sont connus. Les urnes ont rendu leur verdict. A l’issue du 1 er tour, il n’y a aucun élu.

L’ évènement majeur de ces élections, c’est le message, sous forme de cri d’alarme, de détresse et d’avertissement, lancé au pays par les 218 313 élec- teurs qui se sont abstenus, auxquels il convient d’ajouter les 5 894 ayant voté blanc ou nul, soit un total de 224 207 électeurs sur les 315 692 inscrits.

Cette abstention massive, que l’on cherche à minimiser, n’a pas pour cause la fête des pères, ni la peur du covid, encore moins un match de football. Elle n’est pas non plus la tra- duction d’un mot d’ordre politique mais plutôt l’expression citoyenne de la prise de distance vis-à-vis des pratiques, des méthodes et du com- portement des politiques.

Cette abstention n’est pas syno- nyme du rejet et du désintérêt pour la politique mais une sanction et un message adressé par la grande majorité des citoyens-électeurs à l’endroit de ceux qui depuis trois décennies gèrent la Guadeloupe.

C’est un message d’abord à la classe politique au pouvoir, ministres, sénateurs, députés, présidents d’Assemblées avec leurs partis et leurs élus qui, depuis trente ans, ensemble ou chacun son tour, sont à la tête des collectivités.

Ce sont eux les responsables des souffrances et des difficultés des Guadeloupéens et du délitement du pays, par leur refus de sortir la Guadeloupe du carcan de l’assimila- tion-coloniale.

L’abstention record qui a carac- térisé ce premier tour est une condamnation des pratiques politiciennes marquées du sceau du clientélisme, des retourne- ments de veste, des alliances de circonstance exclusivement motivées par la conquête ou la conservation d’un mandat élec- toral, qui sont la marque de fabrique de ces candidats qui, dans leur très grande majorité s’accommodent du système en place pour assouvir leurs ambi- tions personnelles.

C’est aussi un message de défiance vis à vis de ceux qui se réclamant et se revendiquant du renouvellement politique, sont dans leur grande majorité, sans vision d’ensemble de la société, sans positionnement idéologique, sans étiquette ni appartenance politique, sans identification à un courant de pensée. La victoire de l’abstention c’est le rejet d’une pratique et d’un fonc- tionnement politiques où l’affron- tement idéologique a laissé place à une confrontation de personnes, où la bataille des idées est devenue une guerre d’égo ayant pour seule finalité l’obtention d’un mandat d’élus et non la conquête du pou- voir politique permettant d’agir pour transformer les rapports éco- nomiques et sociaux et faire avan- cer le pays en fonction de ses convictions.

Ce serait faire preuve d’une irres- ponsabilité coupable que de mini- miser, de banaliser de faire sem- blant de ne pas entendre l’avertisse- ment et de rester sourd au cri d’alarme lancé par les 2/3 du pays.

Pour notre part, au terme d’une campagne électorale où les jeux politiciens ont empêché la réalisa- tion d’ un rassemblement unitaire des forces anti assimilationnistes et anti colonialistes, nous réitérons notre appel : «à tous les Guadelou- péens organisés ou non, à toutes les forces politiques et sociales, toutes les associations culturelles, les organisa- tions de jeunesse, tous les acteurs cul- turels, toutes les forces économiques à se rassembler librement et loyale- ment dans un grand Bik a pèp Gwadloup»pour construire ensem- ble le projet du «pays Gwadloup» et la force politique unie pour le porter devant le pays.