Le rapport de GIEC sur le climat

Le Groupe d’experts Intergouvernementaux sur l’Evolution du Climat (GIEC) éla- bore actuellement un rapport qui doit être adopté au début 2022. Les grandes lignes en sont désormais connues et elles sont très alarmistes. Ses conclusions pourraient servir d’objectif pour les combats politiques des années à venir.

QU’EST-CE QUE LE GIEC ?

Fondé en 1988 le GIEC est un orga- nisme intergouvernemental ouvert à tous les pays (aujourd’hui 195 états en font partie) et dépendant de l’organisation météorologique mondiale, sous le patronage du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement. Il rassemble des centaines d’experts dans trois domaines principaux, des climato- logues chargés de prévoir l’évolu- tion du climat, des socio-écono- mistes qui travaillent sur les consé- quences de l’évolution du climat sur l’activité humaine et enfin un der- nier groupe plus spécifiquement chargé d’élaborer des mesures pour lutter contre le réchauffement. Ces experts n’élaborent pas eux- mêmes les données mais sont chargés de collecter celles de l’en- semble de la recherche mondiale, en mettant l’accent sur les résul- tats faisant l’objet d’un large consensus parmi les chercheurs. Cet organisme n’est en effet nulle- ment partisan et il dépasse tous les clivages politiques (il a vu le jour avec le G7 du temps de Thatcher et Reagan par exemple). LES ACQUIS

La principale conclusion du GIEC est celle d’un réchauffement clima- tique accéléré dû à l’activité humaine. Cette conclusion repose sur des découvertes et des mesures déjà anciennes. La découverte du rôle du CO 2 dans le réchauffement de l’atmosphère remonte au XIX ème siècle. D’autre part les mesures qui ont permis d’identifier la montée constante de la concentration en CO 2 dans l’atmosphère ont com- mencé dans mes années 50 à Hawaï et elles sont aujourd’hui vali- d ées par l’ensemble de la commu- nauté scientifique. A ces mesures modernes d’autres données sont venues se rajouter comme celles qui ont permis d’analyser le climat depuis 20 000 ans (à travers l’ana- lyse des glaces des deux pôles) pour mettre en évidence des cycles natu- rels. On a également mis en évi- dence des périodes historiques comme celle du Moyen-Age (plus chaude en général dans l’hémi- sphère nord) ou le «petit âge gla- ciaire» qui entre le XVI è me et le XIX è m e siècle a vu une baisse des tempéra- tures. Toutes ces données ont per- mis de se faire une idée de l’impact de l’activité humaine sur le réchauf- fement global, et d’en mesurer les conséquences sur la planète. Même si les projections sont toujours déli- cates le passé a donné une idée du futur qui attend nos descendants. Il y a vingt mille ans, par exemple, la température moyenne de la terre était inférieure à celle d’aujourd’hui de 4 à 5 degrés. Il y avait des glaciers à l’endroit de la ville de Lyon en France, et globalement le niveau des mers était inférieur de 130 mètres ! Or 4 degrés de plus c’est précisément l’ordre de grandeur des prévisions du réchauffement (si rien n’est fait) pour demain, c’est-à- dire en 2100 ! LE DERNIER RAPPORTEN PRÉPARATION

Le dernier rapport en préparation est sans ambiguïté. Non seulement la situation est grave mais elle plus grave encore que lors du dernier point en 2014. Plus les mesures s’af- finent, plus la longue durée permet d e préciser les évolutions et plus le tableau s’assombrit. Ce rapport pointe du doigt plusieurs constata- tions dramatiques. Si l’évolution se poursuit alors l’objectif de deux degrés de plus risque d’être insuffi- sant. Il faut envisager de faire bais- ser l’augmentation jusqu’à 1,5 degrés seulement dans les dix pro- chaines années. Faute de quoi les conséquences du réchauffement (désertification, catastrophes natu- relles en tous genre) et son impact sur la nature et les sociétés humaines (destruction des espè- ces, famines) seront irréversibles. C’est probablement l’aspect le plus notable de ce rapport qui tranche avec les autres. L’approche d’un point de non-retour.UN HORIZON DE LUTTES

Il y a d’autre part un point fort à sou- ligner dans les conclusions du rap- port du GIEC. Pour l’essentiel les parties du monde qui seront les plus impactées dans le futur sont le golfe Persique, l’Afrique et l’Amérique du sud. C’est-à-dire les parties du monde les moins responsables des émissions de CO 2 . Il y a là un enjeu des luttes futures. Le monde du nord qui a largement pollué, exploité et ravagé le sud serait fina- lement moins touché par les consé- quences de cette exploitation sans frein de la planète terre. Sans com- mentaire. Il y a là de quoi créer de nouvelles solidarités dans un com- bat qui dépasse les luttes locales. Un nouvel élan mondial qui ne peut que conforter les communistes qui n’ont jamais cessé de se penser internationalistes.