Anse Gros sable Sainte-AnneUne catastrophe écologique dans la mangrove

La récente catastrophe écolo- gique de l’Anse à Gros sable à la section Le Helleux, commune de Sainte-Anne, qui s’est traduite par la mort de centaines de pois- sons, s’inscrit dans la longue liste du démantèlement du littoral guadeloupéen.

C ette catastrophe a fait le tour des réseaux sociaux, provoquant l’écoeurement de la population et accroissant son inquiétude pour la biodiversité de la Guadeloupe déjà si menacée. Une situation que l’on pourrait incontes- tablement éviter, s’il existait une gouvernance guadeloupéenne, avec des géologues et des géographes au fait des aléas naturels pouvant tou- cher notre pays,

Faut-il rappeler quelques exemples parmi tant d’autres ?

- La magnifique baie du Moule, classée autrefois une des plus belle plage de la Guadeloupe, dont l’eau limpide reflétait toutes les couleurs du ciel et qui depuis des décennies est devenue cette mare noirâtre d’eau saumâtre, polluée par des sargasses, consé- quence des aménagements réali- sés pour des complexes hôteliers devenus cimetières depuis.

- Le combat mené par les habitants du Gosier pour récupérer leur espace de baignade dit «plage de la Datcha», combien apprécié par les jeunes et les moins jeunes pour l’ap- prentissage de la natation

.

- Les éboulements de terrain en bordure du littoral à la suite de phé- nomènes météorologiques dans différentes communes, emportant des constructions non maîtriséesLA PLAGE LE HELLEUX :UNE HISTOIRE D’AMOUR

Il y a 40 ans, l’Anse à Gros Sable était une petite plage belle et sauvage. D’énormes rochers la ceinturaient, creusant des petites piscines natu- relles, où enfants et adultes s’adon- naient au plaisir de la thalassothéra- pie, avec amour et sérénité. Massa- ges et baignades étaient à l’ordre du jour. Il faut dire que des vagues vio- lentes en faisaient une plage dange- reuse. Mais, les abords avaient été aménagés et nettoyés par les habi- tants du premier lotissement. Les promoteurs de cet aménagement avaient eu l’intelligence de cons- truire les maisons sur les mornes. Peut-être avaient-ils pensé à un éventuel tsunami.

Les promoteurs qui ont suivi, quelques années plus tard, se sont-ils entourés de ces mêmes précautions ? Des intérêts finan- ciers n’ont-ils pas pris le pas sur la sécurité, la préservation du litto- ral et de la biodiversité ?LE DÉSENROCHEMENT DELA PLAGE DOIT INTERPELER

Alors il est temps de poser des questions pour essayer de com- prendre ce qui s’est passé et qui étonne le maire de Sainte-Anne, Christian Baptiste. Pourquoi a-t-on au fil des décennies «désenrocher» la plage ? Il est clair que les vagues n’ayant plus d’obstacles sur leur parcours déferlent dans la man- grove voisine, d’où la 1 ère hypothèse liée à la catastrophe.

D’autre part, les autorités de contrôle (car nous supposons qu’elles existent) peuvent-elles communiquer le nombre de mai- sons rattachées au système d’éva- cuation des eaux usées, système construit au départ pour une ving- taine de maisons, pas plus ? Après une dizaine d’années, ce système d’évacuation tombé dans le domaine public, qui est responsable de l’entretien des canalisations ?

Devenue plage de surfeurs, un res- ponsable de ce sport a eu à se plain- dre d’un «manque de discipline» (trop d’enfants en même temps). Alors, n’est-il pas temps qu’un calendrier définisse les heures et les jours de fréquentation de ce lieu pour les différents pratiquants.

Enfin, les commerces sur cette plage sont-ils tous en règle et respectent-ils leurs cahiers des charges ?

Nous versons ces réflexions dans les débats pour une meilleure prise en compte du devenir de notre pays.