Le Liban : Descente aux enfers

Depuis cinquante ans le Liban a vécu de nombreuses épreuves destructrices : une terrible guerre civile, plusieurs interven- tions militaires israéliennes, dont l’une jusqu’à Beyrouth en 1982, une occupation du terri- toire par des forces étrangères, israéliennes ou syriennes, la pré- sence en son sein d’une vérita- ble armée échappant à la puis- sance publique, celle du Hezbollah, et enfin plus récemment la destruction d’une partie de Beyrouth par l’explosion d’un entrepôt por- tuaire. A cela est venu s’ajou- ter, comme partout ailleurs, la pandémie du Covid-19.

UNE SITUATION DE CATASTROPHE NATIONALE

Mais ce qui est train de se passer actuellement est sans commune mesure avec ce que le Liban a déjà enduré. Une véritable implosion économique ravage ce pays qui, autrefois, était vanté comme la Suisse du Moyen-Orient.

Décrite par les experts écono- miques internationaux comme l’une des pires catastrophes écono- miques connues dans le monde depuis deux siècles, le Liban connaît des heures extrêmement sombres. Tout manque, l’essence, les médica- ments, les produits de première nécessité. La livre libanaise a perdu 85% de sa valeur, elle se négocie avec le dollar, à quasiment dix fois le taux officiel. L’inflation galopante apparaît. La proportion de libanais en dessous du seuil de pauvreté est estimé à plus de la moitié de la population (pour rappel il est de l’ordre de 60% en Haïti).LA FAILLITE DES ÉLITES

Comme c’est souvent le cas en pareille situation, les causes de cette faillite nationale sont multiples. Mais la part des élites politiques et économiques apparaît considéra- ble. Comme s’il en fallait une illus- tration, la récente péripétie poli- tique qui a vu s’opposer le président Aoun et l’ancien Premier ministre Saad Hariri a abouti la renonciation de ce dernier à former un gouver- nement. Cela s’appelle danser sur un volcan. Lorsque la situation est si grave que le Liban n’a pas été en mesure d’honorer les intérêts de sa dette (astronomique), on est cho- qué par le spectacle de démission collective des élites dirigeantes.QUEL LIBAN RECONSTRUIRE ?

La crise actuelle est si profonde, si grave que de nombreuses voix commencent à douter de la survie pure et simple d’un pays considéré jusqu’ici comme un miracle, dans une région traversée de conflits séculaires. Ce que le Liban a donné au monde ne peut être perdu, c’est le monde qui s’appauvrirait. Il faut regarder en avant et reconstruire. Mais quel Liban ? Celui des affai- ristes et des compromissions en tous genres qui ont amené la situa- tion actuelle, où l’argent public a disparu dans la corruption. Ou celui des foules immenses qui, juste avant le Covid, étaient descendues dans la rue pour demander un grand coup de balai dans la gouver- nance du pays.UN TEST POUR LA COMMU- NAUTÉ INTERNATIONALE

Là, comme ailleurs dans le monde, se mesurera la solidarité et la jus- tesse des politiques internationales. S’agit-il comme en Haïti après le tremblement de terre de 2010, d’aider un pays en déversant des aides ? Les pays occidentaux se donnent bonne conscience avec ce genre de néocolonialisme humani- taire qui enrichit plus souvent que rarement les corruptions locales et contribuent un peu plus à détruire les Etats. Ou s’agit-il, comme le fait Cuba avec ses médecins, d’en- voyer des cadres formés se mettre au service d’un pays qui reste le décideur sur le terrain ? Mais dans le cas du Liban, quel décideur ? Il y a un véritable défi, qui passe par la jeunesse libanaise, et peut-être aussi par la très nombreuse dias- pora libanaise. Les Communistes sont prêts, pour leur part, à appor- ter tout leur soutien à ce qui pourra alléger les souffrances actuelles du peuple libanais. Il y a urgence.