Encore un «poto mitan» qui nous a dit adieu ! Bernadine Bouboune 1924-2021

Le lundi 29 mars 2004, elle nous a retracé son parcours, depuis sa naissance, avec lucidité, fierté et dignité. Elle avait 80 ans. Sa vitalité nous avait laissé à espé- rer que nous aurions célébré son centième anniversaire. Le destin en a autrement décidé.

C’ est la loi de l’existence. Elle a été un exemple de «poto mitan», non seulement pour ses enfants mais aussi, pour tous ceux qui ont eu le bonheur de la côtoyer dans sa vie de militante, politique, syndicale et sociale, au Parti Communiste Guadeloupéen, à l’Association «Les Femmes Guade- loupéennes», au syndicat des tra- vailleurs. Nous ne reviendrons pas sur ce parcours combien élogieux que nous avons exposé dans un des numéros d’avril 2004 de Nouvelles-Etincelles.

Nous rappellerons que, née le 20 mai 1924, ayant quitté l’école à l’âge de 13 ans, après trois ans de scolarité, elle a pris conscience de la dureté de la vie de son époque, pour avoir souvent accompagné sa mère, à pied, dès 5 h 00 du matin, des Abymes jusqu’au marché de Pointe-à-Pitre, chargements de produits agricoles en équilibre sur la tête ou suspendusdans les mains. Une entrée à l’école tardive car, elle devait aider sa mère Anasthasie à élever ses petits frères.

Dans ce contexte familial d’ouvriers agricoles, les conditions d’existence de Bernadine, devenue épouse de Victorin Bouboune en 1946, tous deux cultivateurs ou travaillant sur les habitations, la poussent à s’in- vestir dans la lutte pour l’améliora- tion des conditions de vie des tra- vailleurs exploités, malgré la venue au monde, au fil des années, de dix- huit enfants.

Très vite, elle est acquise aux idées communistes que diffusent des personnalités politiques tels Rosan Girard, Hégésippe Ibéné, Amédée Fengarol, Gerty Archimède, Sabin Ducadosse, des éminents syndica- listes tel Nicolas Ludger.

C’est à la cellule Amédée Fengarol de la Section Communiste des Abymes qu’elle est rattachée, compte tenu de son domicile et elle y mène la lutte sur tous les fronts, aux côtés des autres communistes de la Section, notamment : Lucien Avril, Eugène Laventure, Thimotée Jacoby-Koaly, René Elie, Rigobert Losio, Robert Joseph-Théodore, Aubin Faure, Auguste Combé, Anatole Louber, Mauril Richardson, Moisbert Chicaté. Des camarades de plus jeunes générations ont eu le bonheur de lutter avec elle : Félicien Blonbou, Michel Lambert, Paul Quellery-Selbonne, Vincent Blon- bou, Emmanuel Broussillon et son fils Jocelyn Bouboune, très engagé sur le front syndical et conseiller municipal. La quasi-totalité de ceux de sa génération nous a quittés mais, ceux qui tiennent toujours le flambeau continueront à entretenir sa flamme, sans jamais oublier ces valeureux aînés.

A tous les proches de Bernadine Bouboune et à Jocelyn en particu- lier, nous dirons de tenir, «rèd o marto», comme elle a su si bien le faire, jusqu’à se plier, inexorable- ment, à 97 ans, le 21 juillet 2021, devant la mort inéluctable. La vie continue, avec sa mémoire !