Le Pérou : L’ère de rétablissement de la dignité, a-t-elle sonné ?

Les moments difficiles que nous traversons avec la pandémie du Covid et toutes les injustices dont nous sommes victimes ne doivent pas nous faire oublier que des peuples, à travers la planète, continuent leurs luttes pour un meilleur devenir de l’Humanité.

I# serait intéressant pour nous, Guadeloupéens, de jeter un coup d’oeil sur ce qui se passe dans cette Amérique Latine, si proche géographiquement et pourtant si lointaine, à cause de l’omerta des médias français sur les informations provenant de ce continent, à l’exception de Cuba et du Vene-zuela, sur lesquels ils déversent des fake news. On sait bien pourquoi.

Après donc les Chiliens qui ont occupé la rue pendant une année et ont réussi à faire détruire la Constitution datant de la dictature de Pinochet, après la Bolivie qui vient de rétablir au pouvoir le parti d’Evo Moralès et pendant que les Colombiens en révolte depuis trois mois tentent de chasser du pouvoir Iván Duque Márquez, cet ultra-libé- ral, ennemi juré de Nicolás Maduro, il convient d’avoir un oeil attentif à ce qui se passe au Pérou.

«JE GOUVERNERAI AVEC LEPEUPLE ET POUR LE PEUPLE...»

La victoire aux dernières élections de Pedro Castillo ouvre peut-être pour le Pérou une ère de rétablis- sement de la dignité, d’un peuple descendant des Incas. En atteste le début de son discours lors de sa prise de pouvoir, au palais du Congrès de Cuzco : «Vous ne pou- vez pas savoir l’immense honneur que vous me faites, moi, fils de paysans, instituteur de campagne, d’être élu démocratiquement pour diriger notre pays. Je suis élu par le peuple, je gouvernerai avec le peu- ple et pour le peuple...».

Et Pedro Castillo continue en déclinant ses priorités dont voici quelques-unes : - Mieux répartir les aides pour com- battre la pandémie du Covid ; - Revaloriser la fonction des ensei- gnants et ouvrir l’université à tous ;

- Construire un ministère de la Technologie et de la Science ;

- Lutter contre la faim dans les faubourgs de Lima et dans les campagnes ;

- Relancer l’agriculture, l’accès à l’eau ;

- Reformer la justice pour lutter contre la corruption, surtout dans les marchés publics ;

- Avoir un droit de regard sur toutes les transactions concernant les industries du pétrole et du gaz ;

- Rétablir, par des aides et une attention particulière la dignité des femmes victimes de viol et d’autres violences (un fléau au Pérou) ;

- Intégrer dans l’armée, les jeunes qui ne sont, ni étudiants, ni travail- leurs, pour leur inculquer l’amour du pays, le civisme; - Faire voter par le peuple et non par le Congrès une nouvelle Constitu- t ion qu’il proposera bientôt ;

- Faire obligation aux fonction- naires d’être bilingues dans les provinces où les langues ancien- n es sont parlées en majorité.

Et Pedro Castillo de conclure sous les applaudissements : «Je ne gou- v ernerai pas depuis la Casa de Pizarro car, ce palais est le sym- bole de l’oppression de mon peu- p le depuis la colonisation. Je le céderai au ministère de la Culture pour qu’il en fasse un musée de notre Histoire».

E videmment, on comprend que l’opposition, qui a mis de longues semaines avant de signer sa défaite, est vent debout contre Pedro Castillo. Composée en grande partie de la b ourgeoisie métissée et blanche, elle a défilé dans les rues de la capitale, accusant Pedro Castillo d ’avoir choisi comme Premier ministre un «marxiste-léniniste» qui, dit-elle, a soutenu par le passé l es guérilleros du «Parti Com- muniste du Pérou-Sentier lumi- neux». Affaire à suivre donc…