Propos de personnalités politiques et règlement intérieur des établissements scolaires

Lors d’un entretien avec le jour- nal «Elle» au début du mois de juillet 2021, le Président de la République française Emmanuel Macron déclarait : «A l’école, je suis plutôt ‘tenue décente exi- gée’, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d’exister n’a pas sa place à l’école. On peut tenir compte de la part de fantaisie d’un ado et tenir bon sur certains principes».

I$ s’alignait ainsi sur la position du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blan- quer pour qui, le crop top (tee-shirt court) est une ligne rouge à ne pas franchir à l’école. Il n’en fallait pas plus pour renvoyer aux deux mou- vements de septembre 2021 initiés par les adolescentes, le premier sur les réseaux sociaux, le deuxième, né sur «Tik Tok», le lundi 14 septem- bre, mouvement féministe appe- lant les femmes à s’habiller comme elles le souhaitent, pour lutter contre les discriminations sexistes.

La réaction contre les propos du chef de l’Etat a été à l’initiative du député de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon qui, outré, lui répondit en direct de l’Assemblée nationale, face à la presse : «Je n’avais pas compris qu’il faisait partie des attributions du Président de la République ni de ses pouvoirs de déterminer la longueur des tee- shirts des jeunes filles», et d’ajouter ironiquement dans une vidéo :«Alors, maintenant, nous avons deux penseurs de l’habillement féminin, l’ayatollah Khomeini, suivi de l’ayatollah Khameini qui décide de la longueur à partir de laquelle une jeune femme ou une jeune fille ou une fillette se comporte d’une manière décente ou non»

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D’autres personnalités s’étaient déjà longuement exprimées en soutenant, sans réserve, le mouve- ment du lundi 14 septembre. Ce fut notamment le cas de : - Elisabeth Moreno, la ministre de l"Egalité entre les femmes et les hommes : «En France, chacun est libre de s"habiller comme il le veut… les femmes ont mis des siècles à pouvoir s"affranchir de codes vesti- mentaires».

- Marlène Schiappa, ex-ministre de l"Egalité entre les femmes et les hommes, actuellement ministre déléguée à la Citoyenneté : «Des jeunes filles ont décidé spontanément partout en France de porter jupes décolletés, crop top ou maquillage, pour affirmer leur liberté face aux jugements et actes sexistes. En tant que mère, je les soutiens avec sonorité et admiration».

- Éric Piolle le maire de Grenoble, candidat Ecologie Les verts à la pré- sidentielle : «Le problème, c’est le regard des hommes, pas le nombril des filles, Certains sont obsédés par le corps des femmes. Ce qui m’importe c’est le droit des femmes».DES RÈGLES SOCIÉTALESPOUR LE VIVRE ENSEMBLE D es déclarations qui, incontestable- ment, sont de nature à choquer beaucoup de Guadeloupéens qui ont encore le sens des normes et valeurs ancestrales, même sous le r égime colonial dont peuvent se réclamer ces personnalités, aujour- d’hui sous un régime républicain. P armi ces normes et valeurs socié- tales, nous avons retenu notam- ment, en l’occurence : «Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place» ; «Chaque chose en son temps» ; «Il y a une tenue vestimen- taire pour chaque circonstance». Les faire respecter n’est pas faire de la morale, quand bien même… C’est observer des règles pour le «vivre ensemble». C’est l’apprentissage de ce «ce vivre ensemble» qui a nécessité l’élaboration de règle- ments intérieurs depuis quelques décennies, pour la sérénité de la communauté éducative.

Les établissements scolaires de Guadeloupe n’y échappent pas et il convient de transcrire ici ce que dit celui d’un lycée, concernant la tenue vestimentaire : «Du point de vue vestimentaire, les élèves se pré- senteront en tenue décente. Les vêtements trop courts, moulants transparents et suggestifs sont interdits. De même les vêtements échancrés, décolletés plongeants, le ventre ou dos nu sont interdits. Le pantalon (ni troué, ni griffé, ni déchiré) doit être porté avec décence et respect et ne doit en aucune manière entraver les jambes. En aucune manière, le sous- vêtement ne doit être visible. Les shorts et débardeurs sont réservés exclusivement à l’EPS. Les cheveux doivent être propres, bien coiffés sans excentricité. Les chaussures doivent être obligatoirement atta- chées, fermées ou lacées. Les san- dales sont interdites par mesure de sécurité. Les boucles d’oreilles sont interdites pour les garçons. Les cou- vre-chefs sont interdits dans l’en- ceinte de l’établissement et à l’inté- rieur des locaux. Cependant les cas- quettes et visières sont admises sur les aires d’EPS».

Ce règlement intérieur a été approuvé par le Conseil d’adminis- tration de l’établissement dans lequel siègent aussi les représen- tants des parents d’élèves et des élèves. Les membres de cette communauté sont-ils des «ayatol- lah Khomeini, ou des ayatollah Khamein, monsieur Jean-Luc Mélenchon ? Rassurez-vous ! Le chef d’établissement ne sort pas du tiroir de son bureau le mètre pour mesurer quoi que ce soit. C’est effectivement le regard décrié par monsieur Éric Piolle ou l e coup d’oeil responsable et censé des personnels d’encadrement, hommes et femmes, éducateurs et éducatrices, qui permettent de ramener à la raison, s’il y a lieu. N ous osons croire, qu’en visite dans cet établissement, monsieur Éric Piolle n’aurait pas regretté de n e pouvoir se «rincer les yeux» à cause de cette tenue vestimen- taire jugée décente et correcte par la communauté éducative. C’est ce genre de regard qui est, en vérité, l’obsession dont il parle.

Oui, madame la ministre Elisabeth Moreno, «Les femmes ont mis des siècles à pouvoir s"affranchir de codes vestimentaires». Mais, faut- il, au nom de cette liberté, accep- ter de revenir à l’Australopithèque en matière de tenue vestimen- taire ? Dites-le franchement !

La cause de l’égalité homme- femme que défend Marlène Schiappa et que nous soutenons sans aucune réserve, ne peut faire fi de certains principes, pour les deux sexes ; Que l’on soit né avant ou après les évènements de 1968 en France. Au nom de la liberté, je suis libre par exemple de me met- tre à nu dans ma salle de bain mais au nom de cette même liberté et de celle d’autrui, il m’est interdit de le faire dans les lieux publics sous peine d’attentat à la pudeur (articles 411 à 416 du Code pénal de 1996). N’est-ce pas ?D ES DÉCLARATIONSDANGEREUSES POUR LA SÉRÉNITÉ DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

L e règlement intérieur d’un col- lège ou d’un lycée définit l’ensem- ble des règles de vie de l’établisse- m ent et fixe les droits et les devoirs de chaque membre de la communauté éducative (person- nels de direction, personnels enseignants ; Personnels de la vie scolaire, personnels administratifs, ouvriers et de service, élèves et parents d’élèves, tous autres per- sonnels rattachés à l’établisse- ment). Il est examiné et voté par le Conseil d"administration du col- lège ou du lycée, puis soumis au contrôle administratif du recteur d"académie, auquel il est transmis.

Comment comprendre et accep- ter de telles déclarations au niveau de parlementaires, de ministres, appelés à légiférer et de chefs d’édilité appelés à siéger dans les Conseils d’écoles et d’administra- tion des écoles, collèges et lycées ? Qu’on ne s’étonne donc pas si à la prochaine rentrée scolaire des troubles prennent naissance dans les établissements scolaires !

On aura tout simplement la preuve que, le plus souvent, les désordres auxquels ils doivent faire face sont générés en toute irresponsabilité par l’extérieur. C’est dommage !