À quand le pardon des crimes de l’Etat français commis contre la Guadeloupe !
Quelle hypocrisie d’avoir entendu par voie de presse, le Président de la France Emmanuel Macron, demander lundi 20 septembre 2021, «Pardon» aux harkis ! Il annonça également un projet de loi de «reconnaissance et de réparation» à l’égard des Algériens ayant combattu aux côtés de l’armée française près de soixante ans après et à quelques mois des élections présidentielles !
Si pour ces harkis et leurs proches, ce pas significatif de l’Etat français pouvait «réparer les vivants», alors les générations futures de cet héritage de larmes et de souffrances se sen- tiraient quelque peu libérées. Mais qu’en est-il des souffrances et des larmes de notre peuple ?
Rappelons-nous de ces évène- ments tragiques qui ont tué et tuent encore dans notre pays :
Février 1952 : La grève des ouvriers de l’usine Gardel au Moule qui fut réprimée dans le sang.
Mai 1967 : La répression policière soldée par un massacre (entre 80 et 150 morts) au cours d’une manifestation ; Massacre ordonné et soutenu par le gouvernement de l’époque.
Entre 1972 et 1993 : Le chlordé- cone, un scandale d’Etat qui non seulement a pollué nos eaux, la chaîne alimentaire et nos terres pour des décennies, voire des siè- cles, mais a aussiprovoqué et pro- voque encore un taux de cancer de la prostate le plus important au monde !
Et que penser des stigmates de l’esclavage et de la colonisation ? Cent soixante-treize ans après l’abolition de l’esclavage, les dis- criminations, le racisme, les contrôles d’identité au faciès sont encore bien présents en France.
Si la question de la réparation mémorielle et dans une moindre mesure la réparation politique gagne petit à petit du terrain, ce n’est seulement qu’en 2001 que la loi a entériné le fait que l’esclavage soit considéré comme un crime contre l’humanité.
Vingt ans se sont écoulés ! Et là, plus rien ! Aucun responsable de l’Etat français n’a osé poser la question de la réparation matérielle. Tout au contraire ! Le même refrain d’un Président à l’autre avec des tons dif- férents : «Non à la repentance, non à la réparation financière !».
Alors qu’aux États-Unis, une Com- mission du Congrès américain a adopté en 2021 un projet de loi por- tant le principe d’une compensation financière pour réparer les méfaits de l’esclavage.
En France, avec le Président Emmanuel Macron, c’est bien pire ! Rappelons-nous récemment du 5 mai 2021, après avoir fait l’éloge de Napoléon Bonaparte dans un dis- cours prononcé sous la coupole de l’Institut de France, il a déposé une gerbe aux Invalides au pied du tombeau de l’empereur. Celui là même qui a rétabli l’esclavage ; alors que l’Etat considère l’escla- vage comme un crime contre l’hu- manité. Cette attitude du Président Emmanuel Macron est une vérita- ble insulte à notre peuple !
Le peuple guadeloupéen attend les excuses du Président. A quand son pardon et celui de l’Etat français qu’il représente ? Quant aux répara- tions matérielles et financières, c’est un double mépris qui nous est réservé. Même dans le cas où notre fierté nous conduirait à demeurer un peuple debout et refusant la mendicité, l’Etat français doit au peuple guadeloupéen respect, bienveillance et réparation !
Comment peut-on croire aux belles paroles bien construites promet- tant des millions et des millions au profit du développement de notre pays, en guise de réparations ? Et bien souvent déclarées à l’approche d’élections majeures en France ?
La situation de l’hôpital, de la poli- tique de la santé en général, de nos eaux, de nos terres empoisonnées, sont des exemples bien vivants, d’une politique d’anéantissement de notre peuple.
Alors, vous qui vous considérez être un humaniste, le coeur sur la main Monsieur le Président, le peuple guadeloupéen s’autorise à vous demander «quand serez- vous prêt à demander pardon à notre peuple pour tous les crimes commis par la France ?».
Pour nous, il n’y aura pas de prescription pour les crimes de l’Etat en Guadeloupe et nous exigeons des réparations à hau- teur de l’holocauste.