Le communiste Philippe Rio élu meilleur maire du monde

Le maire communiste de la ville de Grigny en Essonne, Philippe Rio a été élu, meilleur maire du monde, le lundi 13 septembre par la City Mayors Foundation, à égalité avec le maire de Rotterdam Ahmed Aboutaleb. Il a été distingué parmi une trentaine d’autres maires de 21 pays différents qui se sont tous illustrés pendant la pandémie de Covid-19.

La City Mayor Foundation est un groupe de réflexion international basé à Londres, distinguant depuis 2003 les élus qui oeuvrent avec dévouement au service de leurs administrés.

Cette Foundation identifie des élus plutôt progressistes, qui misent entre autres sur la réduc- tion de la pauvreté, l’accueil des réfugiés et le développement durable de leur ville.

La ville de Grigny, dont Philippe Rio est un élu depuis 2012, est une commune de près de 30 000 habi- tants classée la plus pauvre de la France continentale selon l’obser- vatoire des inégalités. Elle a été durement touchée par la covid-19, sanitairement, mais aussi sociale- ment et économiquement.

COMMENT LE MAIRE COMMU- NISTE TENTE DE FAIRE FACE ?

Philippe Rio, veut faire de Grigny, le laboratoire de l’Etat dans la lutte contre la pauvreté. Après des mois de relances, il a réussi une première mettre autour de la table tous les acteurs publics : Le préfet à l’égalité des chances, la commissaire régio- nale chargée de la lutte contre la pauvreté, le délégué à la politique de la ville. Cette réunion a permis de tracer la feuille de route des actions à mener dans la commune.

La municipalité a proposé 21 solu- tions concrètes pour lutter contre la misère grandissante dans la ville dont les principales se déclinent dans ce plan : - Assurer l’égalité des chances dès l’enfance.

• Un petit-déjeuner équilibré et gratuit est proposé à tous les élèves scolarisés en maternelle, comportant : un produit laitier, un produit céréalier et un fruit. Ce petit-déjeuner est servi par l’en- seignant et un Atsem.

• Ouverture à la rentrée de sep- tembre de quinze nouvelles places de crèches dans un premier temps, dans le quartier très défa- vorisé de Grigny 2.

• Prévision de création de micro- crèche en utilisant des espaces communaux ou des appartements pour ouvrir ces places.

• Un travail sur l’insertion et la formation des parents sera mis en place pour accompagner les familles.Une offre de formation renforcée

• Une nouvelle offre de service contre le décrochage devrait voir le jour en lien avec l’Afpa et le réseau Greta. Les formations qui doivent être proposées à proxi- mité, sont essentielles pour don- ner un métier mais aussi pour faire sortir ces jeunes en décrochage de leur quartier.

• La garantie jeune qui vise à favori- ser l’entrée sur le marché de l’emploi des 16-25 ans sera renforcée.L’accès aux droits pour tous

• La municipalité souhaite mettre l’accent sur les familles monoparen- tales «Le coeur de la pauvreté est là insiste le maire». Mieux les repérer pour leur permettre de bénéficier de l’allocation de parents isolés. • L’accompagnement des séniors. Au moins 20% de cette population ne perçoit pas le minimum vieillesse et n’ont que 500 euros pour vivre.Ecoles /Sports

• Distribution de 500 calculatrices aux écoliers de Cm2 et de 2 700 «kits scolaires» (trousse, stylos, règle, équerre…) pour tous les élèves de l’élémentaire.

• Aide à l’acquisition d’une licence pour pratiquer un sport. L’inscrip- tion revient à 50 euros (contre 200 euros en moyenne) pour les enfants âgés de 6 à 15 ans; elle est entièrement gratuite pour un tiers de jeunes (en fonction des revenus des parents)Santé et bien-être

• Un échographe a été installé par le centre de santé de la grande Borne ce qui doit favoriser la venue de gynécologue dans la commune.

• Un distributeur de protections hygiéniques a été installé à l’épicerie sociale de Grigny 2.

LE PROBLEME DE LA PAUVRETE NE SE REGLERA PAS AVEC UN COUP DE BAGUETTE MAGIQUE

On sait, dit Philippe Rio, que le pro- blème de la pauvreté ne se réglera pas avec un coup de baguette magique. Mais il estime que ses 21 propositions et la feuille de route gouvernementale les choses vont enfin se débloquer.

Aussi, il accueille avec modestie le titre qui lui est décerné par la City Mayors Foundation en ces termes : «C’est sympa, mais je ne vais pas prendre le melon. C’est un encouragement pour soulever les nombreuses mon- tagnes sur notre chemin».

L’action menée par le maire com- muniste a déjà prouvé une chose. Que les transitions locales et collec- tives, multiples et tangibles sont souvent les plus puissantes et les plus à même de changer la vie, de faire reculer la pauvreté.