Haïti : Séisme du 14 août 2021, Quelles leçons pour nous ?
Séisme de 1751 : Première destruc- tion de Port-au-Prince depuis le début de la colonisation.
Séisme de 1771 : 20 ans après 1751, deuxième destruction de Port-au-Prince.
12 février 2010, 16h50 locales : 239 ans après 1771, troisième destruc- tion de Port-au-Prince par un séisme de 7,0. Ce séisme a eu lieu très superficiellement, quasiment sous la capitale de Haïti, le long de la faille connue qui s’appelle «faille d’Enriquillo»qui courre depuis le Mexique jusqu’à Hispaniola.
Et tout récemment, le 14 août 2021, 8h30 du matin, nouvelle secousse de magnitude 7,2, soit deux fois plus puissante que celle de 2010, dans l’Ouest de la capitale, toujours sur cette «faille d’Enri- quillo», mais dans une région moins peuplée que Port-au-Prince. Il y a donc proportionnellement moins de dégâts et moins de victimes pour un habitat quasi identique.
Dans les Grandes Antilles, la plaque Caraïbes coulisse contre la plaque Amérique du Nord. La plaque Caraï- bes s"en allant vers l"Est. C’est cette fameuse plaque «d’Enriquillo» qui sert de frontière entre ces deux plaques. On appelle ce type de mouvement : «Cisaillement»,«Transformant»ou «Décrochant». Il se passe le même mouvement dans la partie Sud de la Caraïbe, le long de Trinidad, du Venezuela et de la Colombie.
En général, les failles transfor- mantes font des séismes de mag- nitude Maximale inférieure à 7,5 tout au plus. On voit donc que la«faille d’Enriquillo»donne des séismes proches du maximum possible. On n’a pas de volca- nisme dans ces zones.
Pour les Petites Antilles, le méca- nisme n"est pas du tout le même : on a de la «subduction». La plaque Atlantique/Amérique du Nord, plus lourde, glisse sous la plaque Caraïbes, plus légère. C"est pour cela que l"on a des volcans explosifs. C"est aussi pour cela que les magni- tudes maximales possibles peuvent atteindre et dépasser 8, voire 9, donc proche du maximum possible de la planète qui est de 9,5.
Nous sommes donc en situation potentiellement plus dangereuse que ceux qui habitent les Grandes Antilles, d’autant que nos «îlots» seront «équitablement» et simulta- nément touchés, alors qu’eux ont les moyens de se secourir par eux- mêmes car tout leur territoire, plus vaste, ne sera pas impacté de la même manière.Ce mécanisme de subduction est le même que celui qui anime les plaques dans le Pacifique Ouest et le long de l’Amérique centrale et andine. Ces zones donnent les secousses les plus fortes de la planète accompagnées des tsu- nami gigantesques tels ceux du Chili en 1960(magnitude 9,3) de l’Alaska en 1964 (magnitude 9,4), de Sumatra en 2004 (magnitude 9,4) et plus récemment de Tohoku/Fukushima en 2011 (magnitude 9,4).
Notre situation n’est donc pas plus enviable que celle de nos voisins des Grandes Antilles même si le sort semble s’achar- ner sur eux actuellement.
Nous devions donc nous-mêmes faire très attention à notre futur immédiat et ne pas tomber dans des constats ésotériques désobligeants(cf séisme de Guadeloupe du 8 février 1843, magnitude recalculée à 8,8, avec 3000 morts en Grande-Terre).