Le conflit des collectivités communalesUne issue par le haut s’impose

Maurice Thorez, Secrétaire général du Parti Communiste Français disait par rapport à la grande grève de 1936 : «Il faut savoir terminer une grève».

Dit comme cela,c"est tron- qué la parole et la pensée d e ce grand leader com- muniste de l"époque, que beaucoup s"amusent à reprendre, sans jamais avoir la décence morale et intellec- tuelle de le citer dans son intégralité, par respect pour l"homme.

Le message originel, placé dans son contexte dit : «Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendica- tions n"ont pas été acceptées mais que l"on a obtenu la victoire sur les plus essen- tielles revendications».

La grande grève lancée par le syndi- cat UTC-UGTG, depuis le 02 mars 2021, au niveau des collectivités communales de la Guadeloupe n"a toujours pas trouvé son épilogue. Après bien des déboires où tergiver- sations, palabres, blocages, discus- sions, tables rondes, affrontements, barrages et enfin négociations, un accord cadre a été signé entre les dif- férentes parties. Il existe encore deux communes où cela bloque. Celles d"Anse-Bertrand et de Morne-à-l"Eau, avec des conséquences sur la Commu- nauté d"agglomération du Nord Grande-Terre. Cette dernière étant présidée par Jean Bardail qui est égale-ment maire de la commune de Morne- à-l"Eau. L"effet de vases communicants s e vérifie.

UN ACCORD CADRE A ÉTÉ SIGNÉPAR L"ENSEMBLE DES MAIRES.

D ans cette grève, il faut se rappeler que la revendication principale du syndicat, c"est la prise en compte de la revalorisa- tion de la carrière des agents.

L"acceptation de ce point a été à la base de la discussion et constitue le préalable à la suspension du conflit qui peut reprendre d"un moment à l"autre, si, d"ici la fin de ce dernier semestre de l"année, il n"est pas respecté à la lettre.

Pour le syndicat il faut appliquer les avis et procès-verbaux de la Commission administrative paritaire (CAP), amélio- rer le quota horaire des agents proches de la retraite. L"idéal, c"est de permettre que ces derniers aient une situation plus confortable lors de leur départ effectif.

La situation de ces fonctionnaires pauvres est telle qu"une amélioration de leur quota horaire sur la base de 35 heures hebdomadaires dès que c"est possible, notamment pour les agents ayant atteint leur 62 ème année ou proche de la retraite.

Un accord cadre a été signé par l"en- semble des maires. Accord qu"au- jourd"hui la loi du 06 août 2019 sur la transformation de la fonction pu- blique territoriale est venue renforcer, avec sa mise en application à partir du 1 e r janvier 2021.CE CONFLIT A ASSEZ DURÉ

A u niveau de la commune de Morne- à-l"Eau, ce qui bloque, c"est l"indemni- sation des jours de grève. C"est connu dans la fonction publique, ce sont les jours travaillés qui sont payés.

Cependant, une jurisprudence pré- cise que les jours de grève ne sont pas payés mais, si l"agent est en grève, à cause de l"élu ou de l"admi- nistration et que ses droits sont bafoués, il doit être indemnisé à la hauteur d"une journée de travail.

Au niveau de la commune d"Anse- Bertrand également, le maire a signé cet accord cadre, mais cela coince sur la méthode à appliquer, quant au retard pris par la collectivité sur le tableau d"avancement des agents et la désigna- tion de ces derniers concernés par la revalorisation des carrières.

La gestion d"une collectivité s"opère à partir de l"application du code géné- ral des collectivités territoriales. Dans le cas d"espèce où il s"agit de conflit avec le personnel, le code du travail devrait servir de guide.

Après plus de six mois, par ce temps de crise sanitaire aiguë, ce conflit a assez duré. Evoquant donc Maurice Thorez, nous disons : «Il faut savoir terminer une grève».

La nomination d"un médiateur pour- rait peut-être permettre une issue acceptable garantissant les intérêts des deux parties.