A propos de la position du DKP- Berlin (Parti communiste allemand) sur la politique des loyers à Berlin

La question du logement, après celle du «Corona», est le sujet central, du moins à Berlin et dans les autres grandes métro- poles. Cela résulte-il du thème des expropriations auquel per- sonne n’échappe, au succès de la campagne «Pour l’habitat allemand, exproprier» ? Ou bien cela est-il dû d’abord au contexte de fort mécontente- ment et d’immenses actions des locataires ces dernières années ?

Le samedi 4 septembre, s’est déroulée à nouveau une grande manifesta- tion des organisations de locataires dans la capitale sous le mot d’ordre : «Ensemble contre la hausse des loyers et les expulsions !». Le DKP- Berlin a pris position dans une affiche électorale spéciale : «Exproprier, oui, mais pas n’im- porte comment ! Pas un sou pour les groupes immobiliers !».

Cela doit traduire que les commu- nistes berlinois se prononcent pour le «oui» dans le référendum sur les expropriations, mais aussi qu’ils critiquent la campagne menée pour l’achat ou le rachat d’immeubles au prix de milliards aux frais du contribuable, telle que la propagent les sociétés immobi- lières et le Sénat de Berlin [équiva- lent du Conseil de Paris - NdT].

La campagne, justifiée, pour les «expropriations» devient une coquille vide. Elle n’amène rien d’au- tre que ce que la municipalité «rouge-rouge-verte» [Socio-démo- crates + «gauche» + «verts» - NdT] pratique déjà à savoir le rachat à prix fort de logements ancienne- ment publics, bradés par la même équipe. Cela fait déjà des années. Ensuite les groupes privés qui ont encaissé les loyers et laissé les logements dans un état lamenta- ble, Les revendent. Les uns et les autres s’accordent pour cacher, en général, le prix de rachat.

Quand il est connu, on voit bien que c’est une affaire en or pour les groupes propriétaires. Racheter 240000 logements sociaux reviendrait, au bas mot, à 34 mil- liards d’euros. Sans doute encore davantage après un jugement d’un tribunal bourgeois. Comprenons- nous bien : le budget global de la ville de Berlin s’élève à peu près à 30 milliards d’euros par an. Le vote des Berlinois ne sera que consultatif, pour donner le change, mais c’est le Sénat qui décidera en fin de comptes.

C’est dans la même logique que la campagne nationale, portée notamment par le DGB et plusieurs associations de locataires, «stop aux augmentations de loyer», pourrait avoir un certain succès. Elle demande que le principe du «pla- fonnement des loyers» qui a fait la preuve de son échec à Berlin, soit étendu à tout le pays.

Le DKP met en avant la revendica- tion des communistes, à savoir un vaste programme de construc- tion de logements sociaux muni- cipaux. La construction de 100000 logements sociaux de qualité par la ville revient à peu près à 8 milliards d’euros.

Dans son programme actuel pour Berlin, le DKP réclame la construc- tion de 30000 habitations de ce type par an. Ils doivent rester pro- priété publique et être gérés démo- cratiquement, ni en Sarl ou en Société anonyme. Les loyers doi- vent être fixés indépendamment de la logique du marché et du profit. Ce serait une mesure absolument sans précédent, un recul inédit de l’emprise capitaliste sur le loge- ment, une base antimonopoliste, tout cela même si la formule «expropriation» n’y figure pas.

Si on y réfléchit, «exproprier à juste titre», donc sans indemnisation, cela s’est déjà produit. A partir de 1945, dans la zone d’occupation soviétique, puis en RDA. A l’époque, il y avait l’Armée Rouge qui avait les forces pour assurer l’exécution, suivie par les forces armées de la RDA, notamment l’Armée nationale populaire, la police populaire ou les groupe de combat de la classe ouvrière.

Il régnait alors, fondamentalement et visiblement, un ordre social plus juste, avec les conditions réunies pour mettre à l’ordre du jour les expropriations. Cela est-il réaliste pour l’instant ?

Il manque des logements. Nous refusons tout profit aux spécula- teurs immobiliers. Donc, il faut construire des logements, des loge- ments sociaux et municipaux !