Une réforme de l’assurance chômage au forceps

Maintes fois repoussée, la réforme de l’assurance-chô- mage est entrée en vigueur depuis le 1 er octobre 2021. Multipliant les coups bas au monde du travail -entendons par là aux travailleurs- le gouvernement d’Emmanuel Macron s’attaque maintenant aux chômeurs.

UNE RÉFORME À REBONDISSE- MENTS ET CONTESTÉE

Juillet 2018 :Annonce d’Emmanuel Macron d’une révision des règles de l’assurance-chômage.

Juillet 2019 :Un décret avec de nouvelles règles après une période de négociation avec les partenaires sociaux en France.

Mars puis juillet 2020 :Reports de l’entrée en vigueur de ces r ègles nouvelles.

Novembre 2020 :Censure par le C onseil d"Etat sur le nouveau mode de calcul de l’allocation.O ctobre 2020 :Nouveau report.Mai 2021 :Nouveau décret.

Juillet 2021 :Le Conseil d"Etat le suspend.

Septembre 2021 :Nouveau décret pour une entrée en vigueur le 1 er octobre.

Alors que le Conseil d"Etat projette de statuer sur ce nouveau décret à la fin du mois d’octobre, les grands syndicats français ont de nouveau déposer des recours contre cette réforme injuste à leurs yeux. Mais c’est en fait à l’unanimité que cette réforme rassemble contre elle.LES RAISONS DECETTE UNANIMITÉ

Afin d’éradiquer le chômage de masse en France, le gouvernement veut à travers cette réforme taxer les contrats courts, revoir les règles d’indemnisation et renforcer l’ac- compagnement des chômeurs. Mais en fait, l’objectif principal d’Emmanuel Macron est d’écono- miser 3 à 4 milliards et de baisser le nombre de chômeurs.

Comment comprendre, malgré les conséquences catastrophiques de la crise sanitaire sur le plan écono- mique et social, malgré l’augmenta- tion du nombre de bénéficiaires du RSA et du nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté, que rien n’arrête le Président de la République Emmanuel Macron.

Le rapport de l’Unedic réclamant l’abrogation de cette réforme, les rejets du Conseil d"Etat, l’injustice criante des mesures de la réforme dénoncées par les syndicats et les partis politiques dans leur grande majorité n’ébranlent pas ce gouver- nement dont sa croyance repose sur l’idée que derrière chaque chô- meur se cache un profiteur.

Les principales critiques de cette réforme :

• Une allocation mensuelle plus fai- ble pour ceux qui auront travaillé de manière fractionnée.En effet, le salaire journalier de référence (SJR) ne sera plus calculé sur une période de référence de 12 mois, mais sur les 24 derniers incluant doréna- vant les périodes non travaillées. Ce nouveau mode calcul pénali- s era les plus précaires qui alter- nent des contrats courts et des périodes d’inactivité. Selon une é tude de l’Unedic, plus d’un mil- lion de personnes verraient leur allocation réduite de 17% en m oyenne voire jusqu’à 43% pour certaines d’entre elles. Malgré les timides rétropédalages du gou- vernement sur le mode de calcul, cette mesure va créer entre béné- ficiaires des différences intoléra- bles, socialement injustes !

• L’augmentation de la durée mini- mum d’affiliation pour bénéficier du chômage.Il faudra désormais travailler 6 mois (130 jours) au cours des 24 derniers mois au lieu de 4 mois sur les 28 derniers mois (exception pour les moins de 53 ans). Cette mesure va être très

pénalisante pour de nombreux demandeurs d’emploi d’autant plus que la durée minimale de ver- sement de l"allocation chômage a été ramenée à 182 jours au lieu de 122 jours.

• Le report des sanctions sur les entreprises qui abusent des contrats courts.Le système de bonus-malus sur le taux de contri- bution d’assurance-chômage des employeurs prévu par le gouver- nement devrait inciter les employeurs à avoir le moins que possible aux contrats précaires, aux contrats courts. En repous- sant cette mesure, le gouverne- ment a fait le choix de pénaliser avant tout les travailleurs qui subissent cette pratique.

• L’allongement de la période d’indemnisation.Il pourrait paraî- tre comme une avancée sociale, car les allocataires toucheront plus longtemps mais moins. Là encore, le gouvernement pose une stratégie pour faire de l’éco- nomie dans un tour de passe- passe. Pour un allocataire qui trouve du travail avant la fin de sa période d’indemnisation, une vraie économie pour le gouverne-ment misant une embellie de l’économie, mais une perte pour le d emandeur d’emploi.

Et enfin, une dégressivité de 30% au b out du 7 ème m ois d’indemnisation pour les hauts revenus (montant supérieur à 4500 euros brut par m ois) ayant moins de 57 ans.QUELLES CONSÉQUENCESPOUR NOTRE PAYS ?

Il est facilement imaginable de penser qu’au vu de la situation de notre pays, les conséquences vont être très lourdes. Notre pays connaît un élargissement des iné- galités vraiment insupportables, une augmentation du taux de RSA vertigineuse, une situation de l’em- ploi catastrophique en dépit des études de l’Insee en deçà de la vraie réalité, une pauvreté qui

touche aujourd’hui toutes les tranches d’âge de notre pays. Au moment où nous vivons en plus les conséquences de la crise sanitaire, ne faudrait-il pas renforcer la pro- tection des plus fragile ?

Dans son seul objectif d’obéir auxinjonctions de l’Europe afin de négocier des milliards d’euros pour soi-disant relancer l’économie fran- çaise, ne serait-il pas plus profitable pour notre pays de se dégager de ces étreintes afin de négocier nous-mêmes avec l’Europe dans des rapports différents ? Bien évi- demment, cela exige que notre pays prenne sa responsabilité d’avancer sur le chemin de l’auto- nomie politique. Rien n’est perdu à ce jour. Tout est question de volonté et d’humilité. Que chacun mette dans sa poche son ego et faire cause commune pour donner à notre peuple un espoir d’une Guadeloupe responsable. Car, si aujourd’hui, ce sont les chômeurs qui sont malmenés, demain, ce sera le tour des retraités. Alors, chômeurs, retraités, travailleurs, partis politiques, syndicats, asso- ciations, oublions nos chamaille- ries et rassemblons-nous !