Le cheval : Grand serviteur et ami de l’homme

Le cheval est considéré comme étant «le meilleur ami de l’homme». Très tôt, il fut domestiqué pendant des lustres, pour servir de moyens de locomotion divers à une certaine couche bien particulière de la population guadeloupéenne.

Sa prédominance comme mo- yen de transport a existé jusqu’au début des années 1960.Attelé ou chevauché, il par- courait des dizaines de kilomètres pour ramener au domicile son cava- lier profondément endormi sur son dos : grande fatigue ou alcoolisme. Il a fait place à l’apparition des pre- miers véhicules à moteur, dont l’uti- lisation se démocratisait de plus en plus. De son rôle économique et social incontournable hier, il est réduit à une autre dimension aujourd’hui, liée au tourisme dans les centres équestres ou autres loi- sirs, lors des courses hippiques.

Autour du cheval, il y a une activité qui a connu un véritable développe- ment et qui aujourd’hui est en voie de disparition. Il s’agit du métier de maréchal-ferrant, activité qui remonte à plusieurs siècles déjà. Tout le monde connaît sans doute l’importance du fer à cheval, cette pièce en fer, épousant la forme en demi-cercle du sabot et qui est clouée au-dessous des sabots des quatre pattes, pour les protéger.

Aux dernières nouvelles, la Guade- loupe ne comptait en tout et pour tout que deux maréchaux-ferrants pratiquant encore cet art de protec- tion fort délicat qui exige une préci- sion et une attention particulières pour ne pas provoquer des blessures à la patte qui peuvent être graves. Ils sont basés tous les deux à Anse- Bertrand. La proximité de l’hippo- drome de Saint-Jacques dans cette localité du Nord Grande-Terre, explique en partie leur engagement.

Le président André Jacoby-Koaly qui préside la société des courses que nous avons rencontré, ainsi que l’un des maréchaux-ferrants en la per- sonne de Monsieur Darius Barolin, n’ont pas manqué de nous faire part de leur inquiétude quant à l’avenir de cette profession, en termes de relève et de transmission.

A entendre leur témoignage, ce métier «nourrit son maître» et a des exigences comme tout autre. Les jeunes aiment le cheval mais ils ont du mal à se diriger vers l’activité princi- pale qui consiste à être devant sa forge, sa pince, son marteau et son enclume pour travailler le fer et lui donner la forme du «fer à cheval».

Quel beau métier alors que celui de forgeron qui a généré alors l’impor- tance de la pratique sur la théorie dans tout apprentissage, par le slogan :«C’est en forgeant que l’on devient forgeron»! Le cheval est ainsi ferré pour éviter aussi l’usure de ses sabots. Il va jusqu’à faire jalouser sur- tout l’homme, mais aussi la femme, qui ont détourné cette pratique depuis «le début des temps», pour faire protéger les semelles de leurs chaussures par des cordonniers. Oui, des fers à ferrer ou toute autre matière résistante pour retarder l’usure des chaussures existent encore sur le marché.

Pour Monsieur Barolin, son métier est aussi noble que le cheval, même si en dépit des différentes interven- tions faites au niveau des écoles et autres centres de formations, le recrutement a du mal à mordre. Il ne désespère pas.

La filière équine se dirige vers un bel avenir au regard des travaux engagés par la Région Guadeloupe pour un redéploiement et une modernisation de cet équipement structurant du pays, qu’est l’hippodrome de Saint- Jacques, à Anse-Bertrand. Les pro- priétaires de chevaux, les entraîneurs, les éleveurs, les vétérinaires, les cen- tres équestres, aussi bien que les autres intervenants, participent à cette politique générale de la filière.

Pour que l’animal garde sa noblesse, sa beauté, son élégance et puisse bénéficier de certains soins, il est incontestable que la présence du maréchal-ferrant est indispensable. Souhaitons donc que notre compa- triote, Monsieur Barolin, parvienne rapidement à convaincre notre jeu- nesse pour le grand bien de la filière.

Il est aussi important de dire que ces fers rouillés et usagés retrouveront aussi peut-être leur place de jadis dans nos moeurs et coutumes pour «éloigner les mauvais esprits et géné- rer le bonheur dans les foyers», quand ils sont cloués au-dessus de l’entrée d’une porte de la maison. N’est-ce pas là-aussi un aspect de notre patrimoine culturel que nous ne devons pas nier ?