Contribution à la préparation du 16 ème Congrès du PCG

POUR MIEUX APPRÉHENDER LA RÉALITÉ SOCIALE ACTUELLE

Nous l’avons déjà écrit dans les colonnes de notre journal et aujourd’hui e ncore nous le réaffirmons avec force : pour nous communistes, la lutte pour affranchir notre peuple de la domination coloniale française est un aspect de la lutte des classes.

Elles sont en fait inséparables et nous savons par expérience aujourd’hui, que la victoire de la lutte de décolonisation des peuples dominés reste une chi- mère sans la libération sociale des travailleurs.

Il s’agit donc pour notre parti de rechercher au maximum à unir ces luttes, de travailler à conduire les éléments les plus avancés de la classe ouvrière à se porter à la tête de la lutte pour la décolonisation de notre pays.

Et à l’occasion de la préparation du 16ème Congrès de notre parti, il appar- tient aux communistes guadeloupéens de bien analyser l’évolution sociolo- gique récente de ce qui constitue la base naturelle de masse de leur parti, de bien appréhender la réalité du mouvement social actuel dans notre pays.

Depuis plusieurs décennies, il nous a été donné de constater la réduction quantitative de la classe ouvrière sur notre territoire. En effet, celle-ci s’est réduite comme peau de chagrin. Mais la volonté de lutter pour l’amélioration de leurs conditions de vie, de résister contre la «pwofitasyon»dans certains secteurs où les travailleurs produisant les richesses sont confrontés directe- ment à l’exploitation capitaliste, reste intacte. Le secteur de la banane en est un exemple édifiant.

Dans le secteur «industriel» sensé engendrer l’avant-garde du mouvement prolétarien, il faut impérativement examiner l’évolution du comportement des travailleurs dans la bataille sociale, qui dans le secteur de ce qui reste des sucreries et distilleries, qui dans celui des diverses unités de transformation de l’agroalimentaire plus récentes.

Dans les docks qui ont été longtemps un espace de vives confrontations de classes, la restructuration entreprise depuis des années, a abouti là aussi (pro- grès techniques obligent) à une réduction considérable du nombre d’emploi et un certain recul dans l’intensité des luttes.

S’agissant du bâtiment, des fortes mutations ont conduit ces derniers temps à un affaiblissement des luttes syndicales. En effet, les entreprises du bâti- ment qui pouvaient disposer d’un nombre conséquent d’ouvriers (foyers idéals pour l’expression de la lutte ouvrière) ont opté désormais pour la pra- tique de la sous-traitance et du travail à la tâche. Se libérant ainsi des contraintes administratives et financières mais sociales aussi (les conflits sociaux dont des grèves), elles recrutent des artisans maçons, peintres, élec- triciens, plombiers etc., qui à leur tour s’offrent les services parfois «au noir» des travailleurs de ces différents secteurs.

En ce qui concerne le monde agricole, les mutations, là aussi, sont énormes. On retrouve comme partout la diminution du nombre des travailleurs (échec de la réforme foncière). Le travail mécanisé dans la canne, les changements considérables dans l’exploitation agricole y compris des autres cultures vivrières, légumineuses, fruitières, ont engendré une autre mentalité, loin de l’approche empirique des ressortissants de la paysannerie laborieuse des années 1960-1970. Ce sont généralement des producteurs agricoles établis dans de véritables entreprises souvent familiales qui constituent le monde paysan d’aujourd’hui.

Avec ces derniers, avec tous les spécialistes de ce secteur, il conviendrait pour notre parti de réaliser une 3 ème journée d’étude communiste pour actualiser notre politique agricole.

Enfin sur tous les aspects concernant les acteurs principaux de la production dans notre pays, il devient impérieux pour les communistes de se soumettre à une réflexion approfondie et de plancher sérieusement sur la composition des classes sociales et l’expression de la lutte des classes en Guadeloupe aujourd’hui.