La COP 26 : un bilan décevant et un déni climatique de la part des pays riches

Soyons réalistes : aucun des objectifs mis à l’ordre du jour de la COP 26 n’a été véritablement atteint. Faut-il s’en étonner ? Depuis le Sommet de Rio de 1992 et l’institution des COP, les états pollueurs s’étaient engagés à limiter leur impact cli- matique. La mise en place des Contributions nationales déter- minées, les NDC, avec l’accord de Paris en 2015 devait mettre le monde sur la voie d’un réchauffement limité à 1,5°C.

A Glasgow, il était question que tous les pays s’engagent donc à atteindre le zéro car- bone en 2050, de façon à limiter l’augmentation de la température globale à 1,5°. Cela supposait, comme annoncé à grands cris que l’on renonce au charbon, que l’on investisse dans les énergies renou- velables, qu’il soit mis un terme à la déforestation, que l’on adopte des moyens de transport propres, avec comme contrepartie le rétablisse- ment des écosystèmes.DÉNI CLIMATIQUE DE LA PART DES PAYS RICHES

En réalité, ces deux semaines de palabres se sont achevées sur un bilan désastreux. Il ne s’agira au final que d’une limitation de l’aug- mentation globale des tempéra- tures à 2, 4 degrés depuis le début de l’ère industrielle, alors que la COP 21 à Paris avait décidé d’une limitation à 1, 5 degrés.

Autre illustration de cet échec, le fait que l’objectif d’élimination progressive de la production d’électricité par le charbon et des subventions inefficaces aux com- bustibles fossiles ait été réduit à une «diminution», sous l’impul- sion de l’Inde. Pire, rien n’a été arrêté concrètement sur la consti- tution du Fonds vert de 100 mil- liards de dollars annuel, décrété à Copenhague en 2009 et destiné à aider les pays pauvres à faire face aux conséquences destructrices du changement climatique. Enfin la COP 26 reste fidèle au con- cept opaque de la «neutralité car- bone» qui supporte un marché des crédits carbone, ces fameux permis à polluer, inspirés de la taxe Pigou, mis à la disposition des pays les plus riches : polluer est possi- ble, si l’on paye pour cela. On com- prend bien pourquoi certains pays comme l’Australie, ou la Russie n’ont pas déposé des NDC plus avantageuses que celles présen- tées antérieurement.

On peut se demander quel état riche aujourd’hui s’efforce de s’ali- gner sur l’objectif 1,5°C, si l’on en croit le Climate Action Tracker. Alors que l’espoir d’un accord a minima se faisait jour, c’est en défi- nitive, sur une immense déception, de l’aveu même d’Alok Sharma, que la COP 26 s’est achevée.LES PAYS RICHES SONT RESPONSABLES DE CE RECUL

Le déni climatique dans lequel se sont installés les puissants de ce monde doit nous conduire, en Gua- deloupe, à nous recentrer sur notre environnement, car c’est nous qui sommes impactés par ce producti- visme à tout crin.

Le cynisme des pays riches de- mande que nous puissions nous solidariser là où sont nos intérêts, du côté des économies insulaires et des territoires menacés, ces petits États insulaires endévelop- pement (PEID), une cinquantaine de nations présentant plus de 62 millions d’habitants, alors qu’ils ne sont responsables que de -1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

44 États insulaires du monde entier (Caraïbes, Pacifique, mers d’Afri-que, d’Inde et de Chine du Sud) ont créé l’Alliance des petits États insulaires», ou AOSIS, une organisation intergouvernemen- tale de pays États côtiers qui cha- peaute trois organisations géogra- phiques indépendantes : celle des Caraïbes (CARICOM) et celle du Pacifique (Psids) pour les deux plus importantes, ainsi que celle de l’océan Indien et d’Afrique (AIMS). Notre place est là, dans cette alliance, plutôt que d’abandonner notre pouvoir de décision à une puissance coloniale qui se sert de notre biodiversité comme mon- naie d’échange dans la diplomatie internationale.

Il est temps qu’une solution guade- loupéenne institutionnalisée soit trouvée avec l’ensemble du corps social et économique pour que nous puissions discuter en toute responsabilité de nos affaires et ce à tous les niveaux.