Soutenons les enseignants

B eaucoup d’entre nous faisons des efforts immenses pour vaincre ces sentiments de colère et d’exaspération qui nous assaillent envers ceux dont le devoir impérieux est de protéger le peuple guadeloupéen, mais qui se taisent par lâcheté ou par soumission face à un pouvoir colonial et dictato- rial qui jette à la rue, sans un regard en arrière, des centaines de nos compatriotes travailleurs.

Heureusement, la résistance est là, sous toutes ces formes, mal- gré la violence de la répression. Nous avons une pensée particu- lière pour toutes ces femmes militantes, poto mitan, ces jeunes qui se tiennent en première ligne des mobilisations.

Nous entendons les cris de détresse et de colère des ensei- gnants qui nous invitent à nous préoccuper de l’avenir de nos enfants, car à travers les mesures incohérentes prises par le gou- vernement d’Emmanuel Macron, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Depuis plus de deux ans, les élèves, du primaire à l’université, sont ballotés de confinement en confinement, cours en présen- tiel ou en distanciel, dans des écoles parfois mal aérées, sans eau, infectées par des rats etc. Dans notre pays au climat tropical, nos enfants étaient accompagnés de parents qui refusaient le port du masque à l’école et on peut les comprendre.

Quand on connaît le taux d’illettrisme chez nous, les responsa- bles politiques guadeloupéens pensent-ils aux centaines d’en- fants qui, malgré la bonne volonté des parents, ont eu du mal à maîtriser les cours par audio ou vidéo, même quand ils possé- daient un ordinateur.

Dans un cours préparatoire en présentiel, comment réussir l’ap- prentissage de la lecture quand on sait que l’étude de sons, nécessite un positionnement des lèvres, de la bouche de l’insti- tuteur. Or, nous avons affaire à des enfants dont certains avouent n’avoir jamais vu le visage du maître. Ajoutées à cela, les dernières recommandations sur les textes proposés aux enfants en cas de contamination, on peut comprendre la colère des parents et des professeurs.

Quant aux plus grands, confrontés à l’absence de professeurs malades, à la précarité (on pense aux étudiants), on imagine que le bilan de tout ce gâchis dû à une pandémie mal maîtrisée ne pourra en aucun cas être positif, malgré la bonne volonté des enseignants qui ont toujours réclamé un minimum d’organisa- tion pour améliorer la situation. Nous pensons aux brasseurs d’air, au recrutement d’enseignants, à la non-fermeture des classes, à des équipements sportifs etc…

La grève des enseignants pour l’école est plus que justifiée. Nous soutenons leur combat !