Were Vana : «Le métissage est important dans la musique comme dans la vie»

Impossible de ne pas avoir chantonné le petit air de sa chanson Casanova. Elle a résonné sur toutes les radios pendant des mois. A 30 ans, l"artiste saintannais Were Vana, déjà connu du public en Guadeloupe, a aussi séduit la France hexagonale grâce à son album Iles & Elle. Nommé au NRJ Music Awards comme Révélation francophone de l"an- née. Il entend bien poursuivre son petit bonhomme de chemin.

L"année 2021 a été plus que satis- faisante pour vous. Des tubes en pagaille, la reprise des concerts et un album certifié disque d"or. Comment vivez-vous ce nouvel engouement ?

Were Vana :Je suis super content. Je vis pour la musique alors quand mon travail est récompensé je suis ultra ravi. Les choses se sont accé- lérées très vite et dans le bon sens ! Nous savions que nous avions pro- duit de bons sons mais nous ne pensions pas que les retours allaient être aussi positifs aussi rapidement. C"est stimulant de voir que le public a tout de suite adhéré à cet album et qu"il m"a permis de toucher les Antillais de métropole, mais pas que. J"ai la sensation que ma musique a capté d"autres publics et, de ce fait, j"ai pu agrandir ma communauté. Comment l"expliquez-vous ?

Avec cet album, mes producteurs, mon équipe artistique et moi- même avions envie de proposer des sons vraiment métissés. Ils avaient confiance en moi et ce travail mutuel a bien fonctionné. Le public guadeloupéen connaissait mes sons aux sonorités reggae dancehall et caribéennes. Mais, dans cet album, on a ajouté des touches de musique pop pour que les titres soient chan- tants et dansants. C"était important pour moi de conserver mes racines et mes influences des Antilles, les influences aussi de mes pairs, mais je voulais créer ce métissage dans ma musique, celui qui est aussi essentiel dans la vie. Lors de mon concert à La Cigale à Paris en novembre, j"étais trop heureux de voir une salle avec un public si diversifié et de voir que les gens connaissaient mes paroles en créole alors qu"ils ne sont pas Antillais. Pour moi, c"est déjà un pari réussi que de les emmener dans mon univers que je souhaite universel. Car, la langue, comme la musique, n"a pas de barrières.Comment avez-vous vécu lareprise des concerts ?

C"était une délivrance de monter sur scène de nouveau, cela faisait un an et demi... J"ai pu me pro- duire le jour de mon anniversaire en Guadeloupe (le 30 décembre) et là c"était le feu. Cela faisait très longtemps que je n"étais pas revenu sur mon île et ça m"a fait un bien fou. J"étais beaucoup pré- sent à Paris ces derniers mois et la Guadeloupe m"avait manqué … Elle m"a donné de la force pour retourner en studio et je profite de ma présence ici pour travailler avec des beatmakers de l"île. Quels sont vos projets à venir ?

Rester concentré sur la création et, bientôt, reprendre la tournée et lesshowcases. Nous avons beaucoup de dates en prévision !

Avant de vous laisser, la situationen Guadeloupe est tendue voire très tendue. Quel est votre ressenti vis-à-vis de ces problématiques ?

Personne n"aime voir son île natale face à des barrages, en proie à des manifestations et des échauffou- rées, ça me peine et ça me fatigue... Selon moi, les revendications sont justes et justifiées mais j"ai envie que les esprits s"apaisent. On ne peut pas être dans le conflit sans cesse. Je pense qu"il est temps que les gens s"assoient et discutent réellement. Une carrière déjà bien tracée

Issu d’une famille de musiciens, WeRe VaNa s"initié au gwoka très jeune. En 2017, il enregistre un pre- mier album intitulé «WeRe VaNa». En Guadeloupe mais aussi en Martinique, WeRe VaNa remplit les salles de concerts avec des shows très festifs. En 2020, WeRe VaNa est repéré par le label Play Two (qui s"occupe d"artistes comme Gims, Vitaa, Aya Nakamura) qui donne un nouvel élan à sa carrière. En 2021, il promeut le titre Casanova dont le clip récolte plus de 21 mil- lions de vues sur Youtube et dévoile, par la suite, les singles Bombardé et Cache-cache.