Syndicat, syndicat !

Introduction : «Dans le contexte de crise sanitaire et sociale actuelle où se mêlent les voix des victimes inconscients du système à celles des pwofitè de tous bords pour criminaliser l’action syndicale, il nous paraît utile de republier ce point de vue. Certains feront bien de méditer cette pensée du g rand philosophe communiste Karl Marx : «L’histoire se répète, tout d’abord comme une tragédie ,après comme une farce».

Enregardant l"autre soir l"émission télévisée «Buz», consacrée au syndi- calisme guadeloupéen, en entendant les paroles de la représentante du Medef et les remarques transmises via SMS par des téléspecta- teurs, j"ai eu comme un haut le coeur.

A en croire ces paroles, les syndicats, la lutte syndicale seraient ce qu"il y a de pire en Guadeloupe. La grève, et particulièrement, celle de 2009 serait responsable de tout ce qui va mal dans ce pays : chômage, faillite des entreprises.

Madame Montantin et le Medef qui rêvent de travailleurs taillables et corvéa- bles à merci, sans aucun moyen de défenses, même quand ils n"ont que le mot de dialogue social à la bouche, sont dans leur rôle.

Pour qu"ils puissent gagner toujours plus, ils ne veulent aucune entrave à la libre exploitation des salariés : pas de syndicats, pas de conventions collectives, pas de droits pour les travailleurs dans l"entreprise qui reste pour eux un domaine privé, tout en demandant toujours plus d"argent public pour garantir leur profit, sans trop de risques.

Mais, que des travailleurs salariés ou en chômage leur emboitent le pas et clouent au pilori les syndicats, voilà ce qui me pose problème. Certes, les syndi- cats ne sont pas exempts de critiques sur certaines de leurs pratiques ou orien- tations, mais comme le disait Jean-Marie Nomertin de la CGTG, s"il n"y avait pas les syndicats que ne ferait pas le patronat ?

Il suffit de voir le nombre de syndicalistes traînés devant les tribunaux, poursuivis, licenciés, condamnés à des lourdes amendes parce qu"ils défendent avec courage les droits et la dignité des travailleurs.

La criminalisation des syndicats et de l"action syndicale mise en oeuvre par les organismes patronaux avec le soutien de l"Etat à travers ses institutions policières et judiciaires n"est pas une vue de l"esprit. Le procès des syndicalistes de la CGTG, salariés à Milénis qui fait l"actualité, est là pour le prouver.

Les capitalistes qui mènent une guerre idéologique féroce contre le monde du travail croient avoir gagné la partie et pouvoir briser la résistance des travailleurs, en usant de mensonges et de promesses.

Mais, non ! Hier plus de 6 000 Guadeloupéens : salariés, fonctionnaires, chômeurs, jeunes et retraités ont fait la démonstration à l"appel de 9 syn- dicats, qu"ils ne vont pas renoncer à leurs droits de travailler, de militer et de vivre dignement dans leur pays.

Ils ont relevé le défi de continuer à avancer dans les sillons creusés depuis la créa- tion du mouvement syndical en Guadeloupe, en 1900, il y a plus d"un siècle.

Ils ont affirmé avec force à la face de tous ceux qui feignent d"oublier d"où ils sont sortis, que toutes les conquêtes sociales, toutes les avancées démocratiques et politiques ont été obtenues en Guadeloupe par les luttes organisées des travail- leurs avec leurs syndicats et leurs partis de classe.

Alors, j"ai revisité avec une détermination encore plus forte, le poème écrit en 1959 par Sony Rupaire en hommage à ce grand syndicaliste, Auguste Sainte- Luce, Secrétaire Général du premier syndicat capesterrien «les artisans de la for- tune», qui, «les yeux clos derrière ses lourdes paupières», n"a cessé de répéter dans son dernier souffle : Syndicat, syndicat, syndicat.

Paru dans le n°544 du 05 octobre 2013