La Rencontre a accouché d’une souris

Réclamée avec conviction et attendue avec foi, la rencontre du mercredi 26 janvier 2022 entre le Président Emmanuel Macron avec ceux que l’on appelle malencontreusement les «Grands élus», à savoir les parle- mentaires, les présidents du Conseil régional et du Conseil départemental, a accouché d’une souris.

C ela était prévisible ! On a entendu des jérémiades ici et là, mais les plus pathé- tiques furent celles du président de Région Ary Chalus.

Si on peut un temps croire en la sin- cérité du président de Région, la claque reçue par ce dernier fut suf- fisamment retentissante pour lui permettred’exprimer presque avec autant de force son ressenti- ment vis-à-vis de l’humiliation subie par son ami, locataire de l’Elysée. Il découvre, après cinq ans de mandat présidentiel, qu’Em- manuel Macron n’a pas de respect pour l’Outre-Mer et encore moins pour la Guadeloupe. Vaut mieux tard que jamais.

Le pays est à feu et à sang. Il y a une crise sociale et sanitaire qui persiste depuis des mois et qui se trouve manifestement dans une impasse. Ceux qui bénéficient de la légitimité des urnes sont doctement invités à se positionner.

Le Gouvernement de la France jouant l’autruche face à cette situation, cela a motivé l’envoi d’un courrier par le président Ary Chalus demandant au Président de la République Emmanuel Macron une rencontre sur les questions en rapport avec ce conflit. En fin tacticien qu’il est, et fidèle à ses habitudes, le Président Emmanuel Macron a modifié le format de la rencontre.

Les élus guadeloupéens se sont lais- sés emberlificoter une nouvelle fois dans les pièges du pouvoir. Il est temps pour nos élus de comprendre et d’admettre qu’il n’y a rien de nou- veau sous le soleil. Le gouverne- ment Macron est dans la filiation de ses prédécesseurs. Il ne recule devant rien, dès qu’il s’agit d’as- seoir son autorité pour toujours maintenir le système colonial et assujettir les élus.

Chaque crise est révélatrice d’une certaine situation, qui commande à ceux qui ont les leviers du pou- voir d’y apporter des réponses appropriées. Parallèlement, nous vivons une époque où, à force de gabegies et autres travers, cer- tains élus se sont disqualifiés, jetant ainsi l’anathème sur l’en- semble de ce qu’on appelle com- munément la classe politique.

Les questions clés qui participent à l’organisation stratégique, tant sur le plan social qu’économique d’un pays, doivent relever de décisions politiques émanant des élus ayant en charge justement la gestion de ce pays. Le bon sens commande à nos élus de ne plus être dans une posture électora- liste qui mine le pays, mais à créer les conditions d’une politique audacieuse et responsable per- mettant à la Guade-loupe d’at- teindre le cap de cette première moitié du 21 ème siècle en peuple majeur et solidaire.

Il est dit que nous sommes, avant tout, les premiers responsables de tout ce qui nous arrivent. La déconvenue de la rencontre des élus avec le Président de la République est d’abord la consé- quence de leur couardise et de leur manque de courage politique. La lettre du président AryChalus au Président de la République, si ce n’était pas un galimatias, manquait des propositions cohérentes pour obliger ce dernier à lui accorder tout le crédit qu’exige l’ampleur de la crise ouverte entre le collectif, l’Etat et les collectivités régionale et départementale. C’est bien le cas d’affirmer que la rencontre a accouché d’une souris.