TRIBUNE LIBRE : Quel avenir pour l’université des Antilles

L’université des Antilles est un indispensable et puissant levier de développement territorial mais pas seulement. Elle est aussi une forte matrice d’épa- nouissement intellectuel, cultu- rel, et social pour la jeunesse et pour la population.

L’ université des Antilles est un établissement public d’en- seignement supérieur et de recherche mais également un opé- rateur économique qui brasse des financements considérables en matière de recherche scientifique. Pendant quelques années, un som- bre ballet de conflits et de rivalités autour du financement mais aussi de son mode de gouvernance a gangréné peu à peu son image prestigieuse auprès de l’opinion publique mais également et surtout la complémentarité (pas seulement symbolique) entre les deux pôles territoriaux de Guadeloupe et de Martinique.

Vaille que vaille, l’université avait tout de même réussit à effec-tuer un virage de gouvernance vers l’au- tonomie des pôles, par l’action du législateur et suite aux débats par- fois houleux qu’elle a connu en son sein. A l’époque, bien que ne faisant pas l’unanimité, ce principe don- nait un appel d’air pour un fonc- tion-nement politique plus souple et surtout aboutissait à la mise en place par le législateur de vérita- bles critères de distribution des subsides octroyés par l’Etat (nom- bre d’étudiants et de personnels notamment).

La présidence de l’illustre gynéco- logue obstétricien, le professeur Eustaze Janky, a eu le grand mérite de consolider le fonctionne-ment c entral comme polaire de l’univer- sité grâce à un bel effort de règle- mentation interne, de toilettage d es statuts, et d’orthodoxie rigou- reuse dans la gestion budgétaire de l’établissement. De nom-breuses s ituations problématiques telles que le paiement en retard des vaca- tions, l’amélioration du cadre de vie étudiante, le redé-ploiement des crédits de recherche, ont pu être réglées où sont en voie de l’être. La qualité de cette présidence et de son équipe (et qui n’a pas toujours été un long fleuve tranquille) pose la question de l’avenir de l’institu- tion à l’heure de l’imminente élec- tion d’une nouvelle équipe à la tête de l’université.

La communauté universitaire des Antilles est désormais dans le moment du rassemblement et de la convergence vers le but de dé- velopper les projets dont nos deux îles ont besoin, et de consolider notre collaboration avec les institu- tions locales. L’heure est venue de déployer encore plus notre effort de production, de valorisation et de vulgarisation de travaux scienti- fiques et surtout de prendre ensem- ble soin du bien être et du devenir professionnel de nos étu-diants.

Notre université doit aussi ouvrir les ailes de son attractivité en in-vestis- sant dans la mise en place de forma- tions nouvelles et adap-tées dans le domaine de la culture, de la mer mais aussi du sport; car ce sont des incontournables de notre présence lumineuse au monde. La très grande majorité du personnel de l’université des Antilles aspire de son côté à un vivre ensemble et à une vraie concorde politique de ses représen- tants qui au-delà de la défense légi- time des intérêts de leur pôle res- pectif, doivent avant tout ap-pren- dre à penser Antilles chaque fois qu’ils siègent aux différents conseils centraux. C’est la clé de la sortie de cette culture du conflit qui n’a que trop démoli une partie de ce qui se construisait à grand peine depuis des décennies. La communauté des ensei-gnants chercheurs aspire a de la confiance mutuelle et pas à de la défiance réciproque.

Comme beaucoup d’autres acteurs publics, nous universitaires, sommes conscients de ce que la société attend de nous. Elle attend de l’exemplarité et de l’excellence à tous niveaux. Une excellence qui de par son rôle est dans l’ADN même de l’université. Au-jourd’hui nous mesurons l’incroyable parcours accompli par nos pères et nos pairs dans l’inlassable construc- tion d’un puissant pha-re de connaissance, de réflexions, de pro- grès et de formation qui illumine t oute la Caraïbe et bien au-delà.

Nos formations en sciences, en i ngénierie, en langues appliquées, en économie et en droit sont reconnues sur le plan international t ant nous accueillons chaque année de plus en plus d’étudiants de la Caraïbe, d’Europe, et des Amériques. Notre recherche en ma-thématiques, en droit des col- lectivités, en économie du travail, en physique de l’air et en biochi- mie est foisonnante et récompen- sée par de nombreux prix et nom- breuses publications nationales et in-ternationales. Cette dynamique doit être multipliée par un effort constant dans l’amélioration de la conduite des projets et des dos- siers de recherche. La contribution des collectivités locales en ce domaine doit être renforcée et mieux accompagnée.

E n réalisant et maintenant l’unité des territoires de l’université, le pro- chain président ou la prochaine pré- s idente de l’université pour-ra impulser ce salutaire effort de construction d’un pôle mondial de l a recherche d’excellence dans la zone Amérique. Profitons de tous nos atouts et osons le langage de la fraternité et de la confian-ce dans le cadre d’une alliance que nous avons voulue dès les ori-gines et que nous avons fait évoluer pour qu’elle dure. Et que l’oeuvre commune du pro- grès du savoir et des consciences soit ac-complie dans la paix et la concorde entre les deux pôles; tout en étant le flambeau permanent que nous sommes voués à brandir en-semble.