NÉCROLOGIE : HOMMAGE À ARMAND NICOLAS

Le mouvement communiste internatio- n al et le mouvement de libération natio- nale accueillent, avec une profonde tris- tesse, le décès du camarade Armand Nicolas survenu le 26 janvier 2002.

Il était un dirigeant prestigieux du Parti C ommuniste Martiniquais et un leader reconnu de la lutte anticolonialiste dans les Caraïbes et le monde.

Armand Nicolas a fait le choix du com- munisme très jeune, en adhérant au P arti Communiste français en 1947, à 22 ans, alors qu’il poursuivait des études supérieures en Lettres et Histoire à la Sorbonne. De retour au pays, il poursui- vit son engagement dans les rangs du Parti, aux côtés d’Aimé Césaire, son ancien professeur, pas encore démis- sionnaire du Parti Communiste, tout en enseignant l’Histoire comme professeur dans les lycées de Martinique.

Il a été un professeur émérite, reconnu pour son apport exceptionnel à la connaissance de l’histoire de la Martini- que. Avec la publication de son pre- mier ouvrage «La révolution anti-escla- vagiste de mai 1848 à la Martinique», il est considéré comme un des pères de la célébration du 22 mai 1848, date de l’abolition de l’esclavage à la Martini- que. Cet ouvrage fait référence dans le milieu de la recherche historique.

Parallèlement à ce travail dans le champ de la connaissance historique, il publia une histoire de la Martinique en trois tomes, son engagement commu- niste atteint un niveau de plus en plus élevé. En 1953, il est le rédacteur en chef du journal «Justice», participe à la fondation du Parti Communiste Mar- tiniquais en 1957 et devint son Secré- taire général de 1963 à 1990.

En août 1971, il est l’organisateur à la Martinique, de la Convention de Morne- Rouge pour l’Autonomie, réunissant toutes les organisations politiques, sociales et de masse des dernières colo- nies de la France dénommées hypocrite- ment département français.Armand Nicolas a été toute sa vie, fidèle à son engagement de communiste. La répression coloniale ne l’a jamais fait dévier de sa voie, de sa ligne de défen- s eur des exploités et des opprimés, sans jamais oublier ses tâches de solidarité internationale. Il a été frappé avec trois autres de ses camarades communistes martiniquais : Guy Dufond, Georges Mauvois et Walter Guitteaud, par l’Ordonnance du 15 octobre 1960 qui permettait à un préfet d’expulser vers la France, tout fonctionnaire exerçant dans les «Dom», qualifié arbitrairement de séparatiste parce que communiste et autonomiste ou autonomiste tout court. Ils firent le choix courageux de refuser, de résister et de rester dans leur pays, sans statut, sans travail, sans m oyen de subsistance. Ils choisirent de poursuivre la lutte sur leur sol national, avec la solidarité des travailleurs.

Cette Ordonnance est abrogée le 10 octobre 1972, suite à la lutte sans c oncession des anticolonialistes, des étudiants, des progressistes. Douze ans après avoir fait le choix de la révo- lution et de la dignité, Armand Nicolas et ses camarades sont réinté- g rés dans la fonction publique d’Etat avec tous leurs droits.

Le camarade Armand Nicolas laisse en h éritage pour les nouvelles généra- tions, l’image d’un homme humble, ouvert, d’une grande richesse intellec- tuelle et culturelle, un dirigeant com- muniste courageux, fidèle à la cause des travailleurs et à l’émancipation de tout le peuple.

Le Parti Communiste Guadeloupéen, qui entretenait avec lui une longue rela- tion d’amitié, de luttes partagées et de solidarité, était représenté à l’hommage populaire qui lui a été rendu le 5 février par le camarade Emmanuel Ibéné.MESSAGE DE CONDOLÉANCES AU PARTI COMMUNISTE MARTINIQUAIS SUITE AU DÉCÈS DU CAMARADE ARMAND NICOLAS

L’annonce du décès du camarade Armand Nicolas a suscité une vive émotion au sein de notre Parti.

Le Parti Communiste Guadeloupéen s’incline et salue la mémoire de ce combattant de la lutte anticolonialiste, militant actif et engagé jusqu’à son dernier souffle pour la défense des intérêts de la nation et du peuple martiniquais.

Le camarade Armand a été incontestablement un acteur majeur de l’histoire de la Martinique, de par son apport militant à la prise de conscience nationale et à la lutte d’émancipation nationale et sociale du peuple et des travailleurs martiniquais et à l’amé- lioration des conditions de vie et d’existence des couches populaires de la Martinique.

Secrétaire général du Parti Communiste Martiniquais, il a été l’hôte en 1971 de la «Convention du Morne-Rouge pour l’Autonomie» qui, 51 ans après, demeure une boussole qui balise le chemin de l’émancipation de nos peuples colonisés de Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion.

En mon nom, au nom du Comité Central de notre Parti et de tous ses militants, j’adresse à toute la famille du camarade Armand Nicolas, aux travailleurs et au peuple martiniquais, au Parti Communiste Martiniquais le témoignage de notre solidarité anticolonialiste, de frater- nité, d’amitiés et d’affection de notre Parti qui s’incline avec respect et tristesse devant la dépouille du Camarade Armand.Le Secrétaire général, Félix Flémin Pointe-à-Pitre, le 30 janvier 2022