Défendre les terres de Dadou à Petit-Canal

Presque aussi longtemps que l’on peut remonter dans l’his- toire, il est permis de noter que la question du foncier d’une manière générale fait, de façon continue, l’objet de moult débats, discussions, conflits et autres frustrations dans le pays.

A vec la colonisation et la concentration des terres dans le patrimoine des usi- niers, les luttes pour un lopin de terre ici où là étaient très exacer- bées.

On trouve parallèlement des petits propriétaires et des occupants sans titre qui exploitent depuis des décennies des parcelles, avec en ligne de mire la préservation du fon- cier agricole pour garantir une cer- taine subsistance alimentaire. Aujourd’hui, le concept d’autono- mie alimentaire hante de plus en plus les consciences.

C’est dans ce contexte, que la société Cadran Caraïbes, entreprise spécialisée dans l’installation et la gestion d’éoliennes, se trouve au coeur d’un conflit avec certains nombres agriculteurs pour l’exploi- tation de près de deux hectares et demi de foncier de la section de Dadou, devant accueillir toute unebatterie de ces machines nouvelle génération qui envahissent déjà le territoire.

Cette zone qui offre un taux de ven- tilation exceptionnelle est située vers la côte Atlantique Est, qui relie Gros-cap Petit-Canal à la section de Campêche sur la commune d’Anse- Bertrand. Les agriculteurs réunis en comité de défense avec comme animateur principal, monsieur Jean- Luc Nomède entendent menés une bataille ferme pour contrecarrer ce projet. D’emblée, les agriculteurs se trouvent confronter à un problème de droit. Officiellement, il est de notoriété publique que c’est le Conseil dépar- temental qui est le plus gros pro- priétaire foncier du pays, et en l’oc- currence, c’est également lui le pro- priétaire du terrain en question. Cette situation n’interdit pas tous droits aux agriculteurs, qui sont des occupants sans titre certes, mais ayant à leur actif la mise en valeur de ces terres, après plus de soixante-dix ans d’exploitation pour les plus anciens.

L’autre partenaire concerné par cette situation est bien sûr, la muni- cipalité de Petit-Canal représentée par son maire Blaise Mornal, qui est de surcroît, premier vice-président de la CANGT et conseiller départe- mental. Ce dernier, compte-tenu de ses mandats d’élu et autres mis- sions ex-qualité, est au coeur des préoccupations énergétiques du pays, à propos notamment de la transition écologique. Il se doit d’avoir une position politique claire sur ce dossier. Si hier il était contre ce projet, rien ne peut justifier un revirement de sa part aujourd’hui.

La part de l’éolien est très faible dans le mix énergétique français, et aux dires de certains spécialistes il ne constitue plus l’avenir.

La seule alternative qui vaille c’est la production de l’hydrogène, c’est l’énergie du futur. Notre pays qui offre une multitude de possibilités d’exploitations de cette richesse, gagnerait à inscrire dès à présent cette politique dans le cadre du PPE (Plan pluriannuel de l’électricité) que gère la Région Guadeloupe, en adéquation avec la CRE (Commis- sion de régulation de l’électricité).

Toutes les études ont prouvé que les meilleures terres agricoles de la Guadeloupe se trouvent dans le Nord Grande-Terre, leur préserva- tion, la protection de l’environne- ment, le développement de l’agri- culture et de l’élevage ne doivent pas se faire au détriment de ceux qui se donnent corps et âme pour que l’authenticité de nos terres et de nos paysages demeurent.