Frantz Flagie (21.02.1920 - 02.12.1989)Un grand Guadeloupéen, «citoyen du monde»

Dans la revue «L’almanach guadelou- p éen», de 1994, éditée par l’associa- tion Lapage animée par un groupe de communistes guadeloupéens, nous avons développé la biographie de ce compatriote, grand humaniste qui a t ant oeuvré pour sortir la Guadeloupe en général de l’insalubrité et de l’obs- curantisme.

Il était le fils d’un père ouvrier à l’usine Darboussier, puis à l’usine Blanchet, et d’une mère au foyer. Dès son enfance, il était membre de l’association «Les éclai- reurs de France» ce qui contribuera à l’ou- vrir aux problèmes de la jeunesse et à le pousser vers des mouvements associatifs. A 18 ans, avec son Brevet élémentaire, il était très armé pour la vie active et pour prendre en main son destin.

Le quartier de Boissard aux Aby-mes, ouverte sur Pointe-à-Pitre, ne faisait pas exception, dans l’abandon social et sociétal, sans route, sans eau, sans éclairage, sans école, sans dispensaire. Bref, sans aucune des structures pouvant tirer vers le haut la jeunesse qui était tout simplement livrée à la loi du «sauve qui peut». Et c’est vrai, beau- coup de jeunes étaient animés par cette volonté. Ils ont pu suivre leur parcours sco- laire et professionnel très honorablement et fonder une famille.

Nous étions dans la deuxième moitié des années 1950. Le pont dit «pont a kaka» ou 1er pont de l’Assainissement, donnait unefausse image de ce quartier paisible, habité par quelques honorables et courageuses familles, à environ un kilomètre de ce pont tant décrié, que longeait la voie ferrée c onduisant à l’usine Darboussier.

Frantz Flagie, entouré de certains adultes de bonne volonté et de jeunes adolescents, a été la cheville ouvrière de son combat pour faire évoluer ce quartier, dès qu’il s’y est ins- tallé après son second mariage avec Fernande Samaran et ses quatre enfants en bas âge, nés de son premier mariage avec E mma Horace, originaire de la Martinique. Malheureusement, seules quelques feuilles de tôles de clôture, laissées dans un espace verdoyant, comme pour évoquer le poète qui a été primé plusieurs fois aux jeux floraux de la Guadeloupe, témoignent encore de sa maison ravagée par différentes intempéries.

Acquis à l’idéal marxiste-léniniste, il a été durant de longues années sympathisant du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG), avant de rejoindre ses rangs. Membre de la Section communiste des Abymes, il fonda la cellule Paul Lacavé de Boissard, dont il fut le secrétaire jusqu’à sa mort.

L’élection, en 1959, du communiste Hector Dessout à la tête de la municipalité de Pointe-à-Pitre, lui a permis d’obtenir quelques travaux, arrêtés par le maire Maurice Flory des Abymes. Conseiller municipal de cette ville, de 1967 à 1971, son action a été favorisée pour obtenir : l’électrification, la voierie, l’ouverture d’une école dans une maison de quatre pièces en bois, la création d’une crèche municipale. Il a été :

- Président des Conseils locaux des parents d’élèves des écoles de Boissard et de la rue Schoelcher à Pointe-à-Pitre, devenue par la suite, école Amédée Fengarol.

- Président fondateur, en 1959, de l’Association de défense des Inté-rêts des habitants du quartier de Boissard (ADIHQB). - Membre fondateur du planning familial.

- Président du Centre d’information jeu- nesse de la Guadeloupe (CIJGUA).

- Membre fondateur de l’Associa-tion guadeloupéenne de prévoyance et d ’aide aux victimes des cataclysmes (AGAVIC) en septembre 1966.

- Membre fondateur et président de l’Association sportive et culturelle «Boissard Club».

- Trésorier de la Fédération des oeuvres laïques de la Guadeloupe (FOLG).

- Président de l’Union française des oeuvres laïques d’éducation physique (UFOLEP).

- Militant au sein de la Confédé-ration générale des travailleurs de la Guadeloupe (CGTG).

Victime de la tuberculose, son année de trai- tement dans un sanatorium en France, n’a rien changé à son retour, dans sa détermi- nation d’oeuvrer pour la Guadeloupe.

Sur le plan professionnel, maçon dans un premier temps, il accède à un poste de contrôleur à la Caisse générale de Sécurité sociale en 1949. Quelques années plus tard, il lui a été confié la lourde responsabilité de la mise en place du Service des exploitants agricoles, mis- sion dont il s’est acquitté, dans les locaux de l’immeuble du Palais de la Mutualité à l’Assainissement, à Pointe-à-Pitre, à la grande satisfaction de ses supérieurs. Il a dirigé ce service jusqu’à sa mort.

En 1994, la Section communiste des Abymes avait demandé, avec insistance, à la municipalité en place, d’honorer ce grand humaniste, en donnant son nom à l’école maternelle de Boissard, construite à l’époque. Elle n’a pas été entendue mal- heureusement.

On peut se réjouir cependant que l’oeu- vre et l’engagement de Flagie Frantz aient contribué à la construction de l’école primaire Christy Campbell dit Amiral T. Hommage à Frantz Flagie !