On ne gouverne pas contre son peuple !
Les «Grands élus» de la Guadeloupe (parlementaires, prési- d ents du Conseil départemental et régional, président de l’Association des maires), ils se désignent comme tels, ont tenu une conférence de presse le jeudi 17 février 2022 à la Résidence départementale.
Dans la tonalité et la forme, cette conférence est en rupture avec celle tenue le 7 décembre 2021 qui présentait des contributions pour aborder les négo- ciations de sortie de la crise avec l’ensemble des parties prenantes au conflit.
Les élus ont affiché sans complexe leur choix de gouvernance antidémocra- tique, antisociale et de tendance réactionnaire. A les entendre développer leurs propositions, on découvrait avec ahurissement qu’ils étaient ailleurs, sur une autre planète. Ils ont déconnecté. Pour eux tous les éléments qui alimen- tent la crise conjoncturelle et structurelle profonde qui menace la Guadeloupe de déflagration, n’existent pas ou n’existent plus.
Ils ignorent totalement la question au coeur du conflit, le refus de l’obligation vaccinale qui concerne 70% de la population, la violence subit par le personnel de santé suspendu de leur emploi, sans salaire depuis des mois, le drame de la jeunesse privée de perspective, la vie chère, les agents sans droits dans les col- lectivités publiques, l’accord de méthode relatif aux négociations.
Pour eux, le mouvement social, les syndicats, menacent leur légitimité, leur pouvoir. Il faut les réduire à l’impuissance. Alors, sans avoir le courage de le dire, ils adoptent la posture du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) qui avait déclaré : «La rue doit s’expri- mer, mais ce n’est pas la rue qui gouverne !».
C’est avec cet état d’esprit, mécontents d’avoir été sortis de leur zone de confort et de voir leurs insuffisances et mensonges étalés au grand jour, que les élus refusent de s’asseoir à la table de négociation avec les acteurs sociaux.
Pour masquer cette position politique, ils évoquent les menaces, les insultes, le manque de respects qu’ils subissent de la part des syndicalistes. Nous n’ap- prouvons ces comportements qui ne facilitent pas le dialogue et avons invité les deux parties qui ont chacune leur légitimité à faire preuve de retenue et d’intelligence dans la recherche de solutions à la sortie de crise.
Mais cela ne peut pas conduire les élus guadeloupéens à invalider le mouve- ment social, à mépriser la majorité des Guadeloupéens (70%), qui refuse l’obligation vaccinale et à faire le choix de privilégier la négociation avec un gouvernement qui n’a cessé de les mépriser, de les suspecter de dilapidation des fonds publics et d’incompétence.
C’est bien dans cette voie-là que ces «Grands élus» sont engagés. Ils sont sourds à tout appel de reprendre la négociation avec le Collectif, venant des forces vives de la société guadeloupéenne. Mais, le président du Conseil régio- nal ne cesse de solliciter le président Emmanuel Macron pour arbitrer les pro- blèmes de la Guadeloupe, le président du Conseil général fait la tournée des administrations de Paris, rencontre et remet au président Emmanuel Macron les propositions des élus guadeloupéens, que la Guadeloupe ne connaît pas.
Ils «gouvernent» avec la France contre nous. Pour l’histoire, nous rappelons à ces élus adeptes de la pensée Raffarin, qu’en 2011, une vague de manifesta- tions, connue sous le nom de «Printemps arabes» secoue le Maghreb et le Moyen-Orient. Le président Ben Ali fuit la Tunisie. Après trois semaines de contestation le président Hosni Moubarak d’Egypte démissionne. Le prési- dent UMP, Nicolas Sarkozy, le chantre de la ligne droitière en France «La rue ne gouverne pas», rend hommage à la décision courageuse et nécessaire de Moubarak qui a su entendre les revendications de la rue.
Alors qui choisit et qui gouverne ? Nous espérons que les «Grands élus» gua- deloupéens, apprendront la leçon.