Les élus guadeloupéens dévoilent enfin leur stratégie !

La presse était conviée le 17 février 2022 à la Résidence départementale par les «Grands élus» pour entendre leurs pro- positions de sortie de crise.

Les journalistes présents ont reçu un dossier de presse constitué de deux documents, il faut le dire, assez bien fait et accessible à la compréhension. Les techniciens, conseillers et élus ont fourni un effort de rationalité. Cela confirme que le mouvement social les a vrai- ment secoués et qu’ils n’ont rien vu venir. D’ailleurs, en revisitant les dis- cours d’investiture du président Guy Losbar et de Ary Chalus, par- delà les paroles lénifiantes, on ne voit aucun signal de crise allumé.

Mais, il faut le dire aussi, franche- ment, cette plate-forme de pro- positions des élus pour une sortie de crise, ne traite en rien les reven- dications posées par la crise sani- taire et sociale. On a le sentiment que les élus spéculent sur un éven- tuel essoufflement du mouve- ment social et tentent de redorer leur blason sur les souffrances des travailleurs, de la jeunesse et de toute la population.

Cette plate-forme est un véritable programme de gouvernement qui vise plutôt la résolution de la crise structurelle qui ronge la Guade- loupe depuis longtemps. Elle com- porte cinq grands chapitres : - Le développement humain

- Le soutien aux activités écono- miques - Les conditions de vie de famille

- Les sujets structurants et pri- maires essentiels au développe- ment territorial

- L’évolution institutionnelle Il ne manque dans ce programme que la culture et les arts ainsi que la coopération régionale.

On comprend mieux pourquoi ces élus refusent de reprendre la négo- ciation avec les syndicats et le Collectif des associations en lutte, parce que la plateforme qu’ils ont préparée dans leur conclave ne porte aucune réponse concrète aux revendications des Guadeloupéens, mobilisés depuis des mois dans les communes de Guadeloupe. Pour- tant, dans son discours d’investi- ture, Ary Chalus avait déclaré «J’ai été, et serai, le président de tous les Guadeloupéens sans exception !».

D’après le document rendu pu- blic, le coût total des mesures proposées est de 948 millions d’euros. L’Etat contribuera pour un montant estimé à 458 millions d’euros et les Collectivités appor- teront 366 millions d’euros, la dif- férence, soit environ 124 millions, seront versés par l’Europe (90 M€) et les EPCI (35 M€).

Deux questions se posent tout de même : s’agit-il de nouveaux finan- cements ou de re-ventilation de cré- dits déjà positionnés dans les plans de convergence avec l’Etat et les plans de relance Covid ? L’Etat a-t-il déjà validé sa participation ?

Ce qui nous renvoie à une déclara- tion du président Losbar qui figure dans son discours d’investiture«Chaque fois que les élus sont res- ponsables, ils sont entendus. Pré-cisé- ment parce qu’ils cessent d’être les pupilles de l’Etat !». A-t’il remarqué que dans son plan de financement, il est toujours en position de pupille ?

Sur la couverture de présentation de la plate-forme figure cette phrase «Entendre, Comprendre, et Co-construire l’avenir de la Guadeloupe».

Dans quel cadre et à quel moment les Guadeloupéens seront, comme l’a déclaré le prési- dent Guy Losbar, «mis au coeur des politiques publiques et des pro- jets mis en oeuvre» ?

Avant cette conférence de presse du 17 février, il avait déjà remis la plate-forme aux représentants de l’Etat. Pupille toujours ?