Crise de l’Ukraine : Qui veut la guerre ?

À l’heure où la tension monte en Ukraine, une prise de recul est néces- s aire pour sortir des analyses faites sur ce conflit d’une part par les médias occidentaux donnant l’image d’une Russie agressive et d’autre part par les médias français pour redorer l ’image d’Emmanuel Macron qui n ’aura pas marqué son quinquennat avec brillance sur l’aspect internatio- nal. Si nous analysons certains élé- ments, ils laisseraient même à entrevoir une autre réalité de l’éclatement de ce conflit.

QUELS SONT CES ÉLÉMENTS ?

Tout d’abord, la situation économique des États-Unis. En plus des consé- quences de la gestion de la crise sani- taire liée au Covid qui ont eu un impact défavorable sur la vie économique et sociale du pays, il faut y rajouter une possible crise financière. Cette dernière engendrerait un arrêt brutal de l’éco- nomie, faisant prendre aux USA un recul supplémentaire face à la puis- sance chinoise qu’ils ne peuvent se per- mettre. Cette possible crise pourrait s’expliquer par le fait que la dette natio- nale des États-Unis avoisinerait les 29.000 milliards de dollars en 2021 dont près de la moitié provenant de la dette privée. Ainsi, la course pour plus de crédit et l’envolée de l’inflation exi- geant un relèvement des taux font peser un risque de défaut de paiement donc une récession pour le pays. Il faut rappeler qu’un plan de sauvetage avait été utilisé en 2020 et 2021 (5.000 milliards !) ce qui a provoqué ce lourd déficit budgétaire américain. Ainsi détourner l’attention des améri- cains sur les problèmes intérieurs du pays et reconquérir des marchés internationaux nous emmènent au deuxième élément à prendre en compte : la menace chinoise !

En effet, la Chine reste dans la durée un solide concurrent dans les domaines économique, diplomatique, militaire et technologique. Ainsi, face à sa domina- tion en Asie du sud-est et en Mer de Chine, à son expansion économique au travers des routes de la soie, et à sa mainmise sur les ressources de l’Afrique, les États-Unis répliquent afin de porter un coup d’arrêt à l’économie chinoise. Pour atteindre leur objectif, ils ont d’abord renforcé leur présence militaire et économique dans des régions stratégiques telles qu’en Asie (Taiwan, Japon). D’autre part, ils recherchent à briser l’alliance énergé- tique entre la Russie et la Chine. Et enfin, par le contrôle de la région du monde la plus grande productrice de pétrole en opérant un dialogue sous leur autorité entre Israël et ses voisins arabes, ils cherchent à priver la Chine de cette source vitale pour leur économie. En emmenant la Russie dans une guerre en Ukraine, c’est l’économie de la Chine qui sera en fait affaiblie du fait de sa pri- vation notamment de sa source éner- gétique russe.

Mais les États-Unis vont encore plus loin dans leur stratégie géopolitique : maintenir l’impérialisme américain en divisant et en affaiblissant ses concur- rents, aussi bien russe et chinois qu’européen. C’est le troisième élé- ment qui justifie qui veut la guerre.

Il n’y a qu’à se rendre que depuis le début du conflit, les États-Unis cher- chent à tout prix d’envenimer la situa- tion en Ukraine en déclarant qu’une attaque russe est imminente; et ce, malgré la prudence affichée par le pré- sident Ukrainien Volodymyr Zelensky et d’autres responsables européens. La fièvre de la guerre s’est emparée du pré- sident américain pour :

- Empêcher tout rapprochement entre la Russie et l’Europe qui ferait de cet immense continent, un bloc encore plus puissant que celui de la Chine. Ainsi, la tactique serait de monter le premier contre le second afin d’affaiblir les deux. Une Russie isolée et une Europe sous la protection de l’OTAN, seraient l’idéal pour mieux régner.

- Conquérir le marché européen avec leur gaz naturel liquéfié. En effet, après l’échec au début des années 2000, d’avoir la mainmise sur les matières pre- mières russes en envisagent de racheter la première entreprise de pétrole russe Ioukos, les États-Unis menacent aujour- d’hui d’empêcher toute alimentation des centrales à gaz par les gazoducs russes en cas d’incident sur le sol ukrai- nien. Et profiter tout naturellement de vendre leur gaz aux européens.L’AFFRONT DE POUTINE VA-T’ILACCÉLÉRER LA GUERRE ?

Devant l’incapacité de l’Ukraine de res- pecter les accords de Minsk (protocole de paix en Ukraine notamment en envisageant l’autonomie des terri- toires du Donbass), dans une allocu- tion télévisée le lundi 21 février, le président russe Poutine reconnaissait l’indépendance des régions sépara- tistes prorusses d’Ukraine à savoir les territoires de Donetsk et de Lougansk. Deux accords d’entraide entre Moscou et les sécessionnistes, d’une durée de dix ans, doivent être ratifiés par le Parlement russe. Ils pré- voient le déploiement «des unités militaires russes nécessaires au main- tien de la paix dans la région et d’as- surer une sécurité durable aux par- ties». De ce fait, les accords de Minsk n’existent plus.

Naturellement, ces déclarations ont déclenché une cascade de réactions des Européens et des Américains. Ensuite, elles ont laissé la place à la mise en place de sanctions contre d’une part ces régions séparatistes et d’autre part contre la Russie. Ces sanctions pour la plupart coupent la Russie des financements occidentaux.

En réalité, quelles seront les retombées de ces sanctions ? Vont-elles changer la stratégie russe ? A notre avis, comme dans le passé, elles ne changeront rien dans le fond d’autant plus qu’elles pourraient même mettre en difficulté l es pays européens. N’auraient-ils pas intérêt à privilégier le dialogue à travers une conférence entre européens, ukrai- niens et russes sur la question de la sécurité et voire sur la question des f rontières ? Mais la question de l’indé- pendance des européens vis à vis des États-Unis reste entière encore aujour- d’hui. Vont-ils laisser les États-Unis les conduire dans une impasse, d ans une guerre sur leur propre territoire ? Wait and see ! ACCORD DE MINSK

Cet accord se compose de 13 mesures concernant la guerre du Donbass

1. Cessez-le-feu à minuit le 15 février 2015 2. Retrait des armes lourdes de chaque côté de la ligne de cessez-le-feu 3. Vérification du cessez-le-feu 4. Dialogues 5. Pardon et amnistie 6. Échange de prisonniers 7. Convois humanitaires 8. Restauration des relations économiques 9. Restauration des frontières de l"Ukraine 10. Retrait des troupes étrangères 11. Réforme constitutionnelle de l"Ukraine 12. Gouvernement provisoire à l"Est 1 3. Travail trilatéral.

Un comité de surveillance des diplomates devait être créé pour surveiller la mise en oeuvre du cessez-le-feu. Ce comité compre- nait les pays suivants : l"Allemagne, la France, la Russie et l"Ukraine.