Communisme et anticolonialisme (5 ème partie et fin)

En faisant la part des fluctua- tions stratégiques, des erreurs tactiques et des errements indi- viduels, on peut néanmoins dresser ce constat : le commu- nisme est le seul mouvement politique du XX ème siècle à s"être jeté massivement dans la lutte contre le colonialisme.

Appuyés par les Cubains et l"URSS, les communistes sud-africains ont joué un rôle majeur dans le combat contre l"apartheid. Partout, le com- munisme international a été la prin- cipale force, au côté des mouve- ments de libération nationale, à avoir combattu sans relâche le colo- nialisme et le racisme d’Etat qui l’ac- compagne.

EN FRANCE, CONSERVATEURSET LIBÉRAUX ONT CAUTIONNÉS LES PIRES HORREURS DE LA CONQUÊTE COLONIALE

Peut-on en dire autant des autres forces politiques en Occident ? Il suffit de prendre l"exemple de la France des deux derniers siècles pour constater à quel point le tableau est édifiant. Focalisée sur le personnage de Jules Ferry, l’idée que le «colonialisme est de gauche» est une idée parfaitement fausse. Au pays de Napoléon, Charles X et Louis-Philippe, bonapartistes, conservateurs et libéraux ont été les principaux fourriers de l’empire colonial. Adeptes de l’inégalité des races comme Renan ou défenseurs d’un humanisme hypocrite, comme Tocqueville, ils ont cautionné les pires horreurs de la conquête colo- niale. Ultérieurement, les radicaux- socialistes et les démocrates-chré- tiens ont-ils sauvé l’honneur ? Assurément non. A l’exception de quelques personnalités, ils ont fourni son ossature au parti colonial sous les IIIe et IVe Républiques. Les plus acharnés rejoindront même les nostalgiques de l’Algérie française et se fondront avec l’extrême-droite au sein de l’OAS.

De leur côté, les gaullistes soutien- nent d’abord la guerre d’Indochine, puis ils se résignent à la décolonisa- tion. Revenu au pouvoir, le général de Gaulle finit par reconnaître l’Algérie algérienne, non sans avoir tenté de vaincre militairement le FLN. Il accepte l’accession de l’Afrique sub-saharienne à l’indé- pendance, tout en prenant soin de préserver le «pré carré» africain de la France. Quant aux socialistes, la charité interdit de s’étendre sur leur rôle durant les guerres coloniales : ce sont les pires de tous. De Marius Moutet qui orchestre la guerre d’Indochine à Maurice Naegelen qui sabote le nouveau statut départe- mental en bourrant les urnes algé- riennes, de Guy Mollet qui autorise la torture en Algérie à François Mitterrand qui fait exécuter les patriotes du FLN : la liste est longue des responsabilités de cette fraction dégénérée du mouvement ouvrier dans le crime colonial.