Quel est le rôle de la grand-mère dans la société guadeloupéenne ?

Pour certains, c’est grand-mère, pour d’autres c’est mamie ! Depuis 1987, la fête des grands- mères a fait son apparition dans le calendrier grégorien. Elle est fixée le 1 er dimanche de chaque mois de mars. C’est une fête récente qui a été proposée et instaurée par la marque de café «Café grand’mère» du groupe Kraft Jacobs Suchard.

S o upçonnée d’être une fête purement commerciale et artificielle, la fête des grands- m ères a longtemps été boudée.

Avec le temps, elle commence à faire timidement ses premiers pas dans les consciences, sur les médias e t sur les réseaux sociaux.

Nouvelles-Etincelles a décidé de rendre un hommage aux grands- mères autrement, en leur don- nant la parole. Pour l’occasion, nous avons interrogé trois grand- mères de générations différentes : Céluta de la quatre-vingtaine, Viviane de la soixantaine et Sylvie de la cinquantaine.C élutaQuel est le rôle de lagrand-mère dans la s ociété guadeloupéenne ?

Le rôle de la grand-mère d’antan, c’était de soutenir les parents de l’enfant. Elle participait à l’éducation d e l’enfant en lui apprenant les bonnes moeurs pour vivre en société. En bon voisinage, la grand- mère s’occupait même des enfants de la voisine gracieusement. Il y avait en ce temps-là une forte soli- darité d’entre-aide.Avez-vous le sentiment que lesgrands-mères ont leur place dans la société dans laquelle nous évoluons ?Je pense qu’elles sont dépassées, c ertaines sont peut-être rejetées

. En tant que grand-mère, je fais tou- jours la morale aux jeunes que je r encontre qui font des choses qui ne les honorent pas.Que dire des grands-mères quirefusent de garder leurs petits e nfants sous prétexte qu’elles ont en leur temps rempli leur rôle ?

Je n’accepte pas ce raisonne- ment ! On peut être empêché un jour, ça peut se comprendre, mais à part cela, je ne pourrai pas raisonner ainsi.

La grand-mère d’hier et celle d’au- jourd’hui, ont-elles le même rôle ?

Non, parce que la plupart d’entre elles ne sont pas encore mûres.VivianeVous a-t-on fêté le 6 mars ?

Pas spécialement parce que mes petits enfants sont encore très jeunes.Que pensez-vous de cette fête ?

C’est quand même une bonne chose. J’ai l’impression que la nou- velle génération a tendance à oublier les personnes âgées.Quel est le rôle de la grand-mèredans la société guadeloupéenne ?

Je suis une jeune grand-mère, j’essaie de continuer dans la lignée de mes parents en leur transmettant ce que j’ai reçu d’eux. En tant que grand-mère, je protège mes petits enfants en participant un peu à leur éduca- tion. Je leur apprends les bonnes manières. Leur mère fait leur éducation que je complète.Que faites-vous avec eux ?

Je chante des berceuses d’autre- fois. Je joue avec eux. Je leur conte des histoires de compère lapin et de compère Zamba.N’avez-vous pas le sentiment queles grands-mères sont un peu mises à l’écart ?Oui, effectivement, c’est un constat que j’ai déjà fait.Comment faites-vous pour les intéresser à vous rendre visite ?

Quand ils sont avec moi, je leur apprends à manger des sucreries du pays (sucre d’orge, sucre à coco, pudding, bonbons, gâteau, ac- cras). Ils peuvent apprécier ou pas mais, en principe, il faut qu’ils apprennent à découvrir les pro- duits locaux.J’ai élevé mes enfants : ils mangent tous les légumes pays ainsi que les racines. Donc, eux aussi, ils font la transmission.SylvieLe 6 mars, fête consa- crée aux grands-mères, est-ce une fête appréciée en Guadeloupe ?

Sylvie : Je ne pense pas. On fête les mères mais la fête des grands- mères passe inaperçue. La fête des mères réunie

déjà les deux, puisque la grand-mère est aussi une mère.

Les grands-mères d’hieret celles d’aujourd’hui jouent-elles le même rôle ?

Le rôle est toujours le même. Après, tout dépend de l’éducation reçue et l’âge auquel on a enfanté pour devenir grand-mère. Moi, j’assume mon rôle. Je garde ma petite fille qui est âgée de 3 ans. Je ne suis pas comme les jeunes grands-mères qui donnent priorité à leur liberté. Si je dois me priver pour garder ma petite fille, je le ferai aisément parceque ma grand-mère l’a fait pour moi. Quand mes parents sortaient, nous restions avec notre grand- mère. Donc j’ai été éduquée ainsi.Faites-vous la transmission culturelle ?

Oui, au niveau de l’alimentation, elle apprend à manger tout ce que je lui donne. Il y a des heures pour le biberon.Y-a-t-il une continuité dans sonéducation ?

Il y a effectivement une continuité parce qu’elle a deux grands-mères. Il y a aussi la continuité entre les grands-mères et les parents. J’ai élevé seule mes enfants avec sévé- rité et justesse. J’ai donné les sanc- tions et punitions qu’il fallait. Quand je parle à ma petite fille, jamais ses parents n’interviennent. Ces trois témoignages montrent bien que quelle que soit la tranche d’âge des grands-mères, elles peuvent encore porter leur pierre à l’édification de la société guade- loupéenne.