Être communiste en Guadeloupe au XXI ème siècle
Aujourd’hui, les communistes sont toujours présents dans la vie économique, sociale, politique et culturelle du pays. Cela s’ex- plique parce que le Parti Communiste Guadeloupéen a de mul- tiples racines qui s’enfoncent profondément dans la terre et l’histoire de la Guadeloupe.
«L’Appel au peuple» publié en 1944, annonçant la création en Guadeloupe de la Section Communiste du Parti Communiste, ne sort pas de nulle part. Il intègre bien sûr les riches expériences des luttes syndicales et politiques menées au début du XX è me siècle par des lea- ders politiques comme Hégésippe Légitimus et Achille René Boisneuf. Mais, il concrétise surtout toutes les tentatives d’introduction des idées communistes et d’implantation d’une organisation communiste en Guadeloupe au début du XX ème siècle.
L’analyse de la période historique qui précède la création du Parti, fait état de tous les efforts déployés par des Guadeloupéens tels : Max Clainville- Bloncourt, familiarisés aux idées communistes en France, dès la fin de la seconde guerre mondiale, de Joseph Gothon-Lunion ce Gosiérien délégué au V è me Congrès de l’Internationale communiste en 1924, de Sabin Ducadosse, signataire de «L’Appel au peuple» de 1944, mais déjà présent au Congrès de l’Internationale rouge en 1928 à Moscou. C’est d’ailleurs ce dernier qui a obtenu l’adhésion de Rosan Girard, pas encore communiste, à l’idée d’organiser un Parti Communiste en Guadeloupe.
Le principal mérite de l’organisation communiste a été de sortir la lutte politique de la lutte des races, notamment de la conception «noi- riste» chère à Légitimus et du positionnement mulâtre de Boisneuf. Elle a révolutionné la lutte politique en Guadeloupe en dotant la classe ouvrière d’une conscience de classe. Ce qui la fit passer d’une classe en soi à une classe pour soi.
Les succès fulgurants enregistrés par la jeune organisation commu- niste dans la confrontation de classe avec les capitalistes usiniers et l’Etat français, l’échec programmé de la départementalisation ont été le catalyseur du processus de la prise de conscience par les commu- nistes et les travailleurs que la Guadeloupe est un pays différent de la France, une entité nationale ayant vocation à s’autodéterminer et à s’émanciper de la tutelle coloniale française.
C’est cette prise de conscience qui a conduit naturellement les commu- nistes guadeloupéens à franchir une nouvelle étape en décidant le 30 mars 1958, la transformation de la Fédération du Parti Communiste Français en un Parti Communiste Guadeloupéen. Depuis 64 ans, ce Parti qui a compté dans ses rangs, des milliers de Guadeloupéens de toutes conditions sociales, de toutes origines ethniques, et qui en compte encore aujourd’hui des centaines sur tout le territoire, s’est imposé comme une référence, une boussole dans la vie politique du pays.
Être communiste en Guadeloupe aujourd’hui, est à la fois, une fierté et une responsabilité. C’est une fierté de mettre nos pas dans les pas des fondateurs et de tous les communistes célèbres ou anonymes pour continuer à creuser et à élargir les sillons qu’ils ont ouverts pour porter le plus haut possible les valeurs de résistance, de dignité, de libertés, de responsabilité et d’émancipation.
C’est la responsabilité de s’engager à faire exister, à développer et à ren- forcer cet outil irremplaçable dans le combat que livre le peuple guadelou- péen contre l’impérialisme français et la bourgeoisie compradore.
«L’Appel au peuple» de 1944 et les résolutions du Congrès constitutifs de 1958, qui fixent le cadre et les objectifs de notre lutte de libération sont toujours valables. Nous pouvons encore reprendre les paroles des fondateurs : «Guadeloupéens, venez à nous ! Vous nous trouverez tou- jours à l’avant-garde du combat contre ceux qui vivent de l’exploitation de l’homme. Au milieu des ténèbres de l’agonie capitaliste, nous vous apprendrons à voir clair et à espérer».