Le fait colonial guadeloupéen une réalité quotidienne qu'il faut dénoncer sans cesse
QU'EST-CE QU'UNE COLONIE ?
Une colonie est un pays asservi, dominé, qui dépend politiquement, économiquement d'un autre pays. C'est le cas de la Guadeloupe, colonie, pays dominé, par rapport à la France, métropole, pays dominateur . Depuis l'origine jusqu'à nos jours, la Guadeloupe n'a cessé d'être une colonie de la France, indépendamment des diverses appellations et dont la vie est réglée essentiellement en fonction des exigences et des contraintes de la politique decolonisation.
A QUOI SERT UNE COLONIE POUR SA METROPOLE ?
Pour sa métropole, le colonie sert de marché de débouchés pour les produits manufacturés et agricoles fabriqués ou pro - duits dans le pays colonisateur. Il faut faire marcher le commerce, il faut tirer le maximum de profits de ces échanges nettement inégaux avec la colonie dont la production agricole, quand elle existe, doit être complémentaire, et non concurrente de la pro - duction métropolitaine. En aucun cas, colonisation oblige, il ne saurait être question d'in- dustrialiser une colonie, ou d'aider à son industrialisation. Bien au contraire ! Quand dans une colonie, pour des raisons économiques et historiques, l'exigence d'un embryon d'industrialisation est tolérée, puisque indispensable à l'exploitation d'une matière première, la canne à sucre par exemple, dès l'instant que cette économie rentre en concurrence avec l'économie de la métropole, l'industrie de la betterave à sucre, il faut la faire disparaître, au mieux, la réduire à sa plus simple expression. Peu importe, le sort des travailleurs dont la vie endépendait.
C'est à ce scénario, qui constitue un classique des méthodes des exploitations coloniales auquel nous avons assisté, impuissants, au cours des quatre dernières décennies du siècle dernier . Les innombrables luttes menées par les communistes, avec les travailleurs de la canne à une large fraction du peuple guadelou - péen, n'ont pas réussi à éviter le démantèlement de l'industriesucrière. En 1960, il existait douze usines sucrières en activité en Guadeloupe : Grosse Montagne, Bonne-Mère, le Comté de Loréac, Blanchet,Darboussier , Gardel, Courcelles, Sainte-Marthe, Marquisat, Beauport, Grand- Anse et Rougeole. Depuis l'année 1996, il n'en existe plus que deux : Gardel et Grand-Anse. En trente-six ans, on a fermé dix usines sucrières, alors que le sucre constitue un produit de base, de plus en plus consom - mé et demandé dans le monde. Au cours e cette même période, on a ouvert pratiquement le triple, en super et hypermarchés ou d'autres centres commerciaux, temples de la surconsommation, du renforcement de l'aliénation et de notre dépendance au mode de vie, aux habitudes ali - mentaires des Occidentaux.
QUELS AVANTAGES, LA FRAN- CE A-T-ELLE TIRE OU CONTI- NUE-T-ELLE A TIRER DE LA GUADELOUPE ?
Quelques exemples : Main d'œuvre gratuit et asservie, deux siècles d'esclavage. Participation gratuite, massive et déterminante de cette main d'œuvre à la colossale accumulation de capital réalisé en France. - Enrichissement sur le dos des esclaves, des ports de Marseille, Nantes, Bordeaux, Rouen, Le Havre. Importantes réserves d'hommes de troupes, des simples sol - dats aux officiers pour les guer- res coloniales et européennes. - Pillage de nos matières premiè - res (canne à sucre, banane, café, cacao, vanille, coton, indigo, bois précieux…). Utilisation de nombreuses élites guadeloupéennes comme courroies de transmission de la politique coloniale française en Afrique. Augmentation de la puissance maritime de la France et de ses possibilités de recherchessous-marines. - Position stratégique et mili - taire de tout premier ordre, pour la défense des intérêts français dans la région. - Tête de pont avancé pour la pénétration des marchés de la Caraïbe et de l'Amérique latine.
POURQUOI TOUTES LES ADAPTATIONS ONT-ELLES ECHOUE ?
La Guadeloupe est passée par plusieurs phases, depuis la conquête de celle-ci par la France. D'une société esclavagiste, à une société coloniale pure, puis à un régime colo - nial départemental. Dernièrement, deux nouvelles formes d'administration colo - niale ont vu le jour : la décentra - lisation et la régionalisation. Constat : toutes ces adaptations, tous ces changements d'appellation ont lamentablement échoué et n'ont pas changé d'une once, la situation de totale dépendance de la Guadeloupe par rapport à la France. Cela, en raison d'une ligne cons - tante, et qu'il convient de se rappeler en permanence. Pour la France, ses rapports avec la Guadeloupe doivent éternellement demeurer des rapports de métropole à colonie.
Dunières Talis (NET 76 - 30/10/03)