Ségolène Royal«ka dérayé !»

P renant la parole sur une chaîne de télévision au lendemain du 1 er tour des élections présidentielles, Ségolène Royal, une socia- liste défroquée, soutien aujourd’hui de l’ex-candidat Jean- Luc Mélenchon, s’en est pris vertement aux candidats Fabien Roussel, Yannick Jadot, Anne Hidalgo en ces termes : «Si les candi- dats de la gauche qui font -de 5% s’étaient retirés comme ils auraient dû le faire pour répondre à l’unité de l’électorat de gauche, Jean-Luc Mélenchon serait au second tour et ce serait bon pour la France. Ils ont eu tort de présenter leur candidature».

Voilà une femme politique qui, au nom de la liberté, de la démocra- tie, de la préservation des droits citoyens, appelle tous les Français à s’opposer à une probable élection de Madame Marine Le Pen du Rassemblement National (RN), lance un anathème contre des par- tis et des candidats qui ont exercé, en conscience, leurs droits garantis par la Constitution. C’est dans cet esprit que l’on peut affirmer que Ségolène Royal «ka dérayé». Elle déraille vraiment !

Au nom de quoi ces partis auraient retiré leurs candidatures au profit du candidat Jean-Luc Mélenchon ? Pour simplement le vote utile ? Cela relève tout simplement de l’insolence et de l’esprit hégémonique.

En regardant objectivement le déroulé de la pré-campagne, on peut s’interroger sur la volonté politique de Mélenchon, d’être le candidat unique de la gauche. Car, en homme politique d’expérience, grand admirateur de «tonton» François Mitterrand, tout comme Ségolène Royal, qui a commencé sa carrière politique dans le cabinet de l’ex pré- sident, Jean-Luc Mélenchon sait que les candidatures uniques sont por- tées par des unions politiques et programmatiques entre des parte- naires, dans le respect des identités et des apports politiques de chacun.

Manifestement, le candidat Jean-Luc Mélenchon qui a été soutenu par le Parti Communiste Français (PCF) aux deux dernières présidentielles et qui paraissait, à l’analyse de la situation, le mieux placé pour conduire le combat de la gauche, n’a pas emprunté cette voie.

Dans ces conditions, chaque parti à gauche, avait le droit de défendre ses idées et son programme. C’est une question de liberté et de démocratie. Personne n’a le droit de dire que cer- taines idées valent moins que d’autres.

Cette attitude qui consiste à se défausser sur les autres de ses turpides est une tare des socialistes. Il faut se rappeler que, c’était déjà le cas aux élections présidentielles de 2002, quand, pour panser leurs plaies, après l’élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen, les socialistes ont mis en cause la candidature de Christiane Taubira.

Ségolène Royal devrait redescendre de ses hauteurs pour bien sentir l’intensité du séisme polique qui fissure la société française. Cinq ans après l’installation du face à face entre le Front National (FN) qui ne cesse de progresser depuis 1983, et l’avatar politique qu’est La République En Marche (LaREM), qui, lui aussi, a progressé en 2022, le constat s’avère que les forces de droite, dans ses différentes expres- sions, dominent la vie polique en France.

C’est là le danger qui menace le monde du travail, la jeunesse, la culture, la santé publique, l’école laïque. Il faut donc y faire front. C’est ce défi que les organisations de la classe ouvrière ont à relever.