Du lyannaj syndical CONTRE au Lyannaj politique POUR

Q uand les travailleurs exploités, orga- nisés dans leurs syndicats, luttent pour la satisfaction de leurs justes revendications (l'amélioration de leur condi- tion de travail, l'augmentation de leur salaire, le respect de leurs droits syndicaux), ils luttent contre le patronat, CONTRE le système d'ex- ploitation capitaliste. Et dans le cas de notre pays, avec le coefficient colonial qui aggrave l'exploitation par l'oppression, l'arrogance et le mépris, ils luttent CONTRE la PWOFITASYON qui n'est rien d'autreque l'exacerbation de l'exploitation capitaliste par le fait colonial.

Voici ce nous écrivions, il y a trois ans, à l'occa- sion de la formidable mobilisation populaire conduite par le LKP : «Si la lutte syndicale est nécessaire, voire indispensable pour la satis- faction des justes revendications des tra- vailleurs en butte à l'exploitation patronale, elle ne vaut vraiment qu'à condition qu'elle leur révèle ses limites propres. Elle n'a de sens que si ceux-ci accèdent, grâce à leur expérien - ce concrète sur le terrain, à la claire conscience de la nécessité de l'engagement politique pour renverser le système capitaliste respon - sable de cette situation d'exploitation, de dénuement, de misère qui leur est faite».

En fait, ici comme ailleurs, il faut que les tra- vailleurs accèdent à la compréhension qu'il ne s'agit pas de lutter simplement et perpé - tuellement contre le capitalisme considéré comme un système indépassable auquel on va pouvoir à force de combats arracher quelques revendications parcellaires aussitôt, chaque fois et systématiquement remises en cause. Il s'agit d e détruire par la lutte politique des travailleurs le système capitaliste et de lutter POUR l'instauration d'une nouvelle société sans classes, donc sans possibilitéd'exploitatio n patronale : le socialisme.

Dans les conditions actuelles de notre pays, cela n'est pas encore à l'ordre du jour . Ce qui l'est par contre, c'est la possibilité d'abolir la PWOFITASYON. Nous ne disons pas la possibilité de faire déjà disparaître le capitalisme mais bien la pwofitasyon. C'est par la lutte politique pour décoloniser notre pays et au cours de laquelle les travailleurs et les jeunes doivent se tenir au premier rang, que cela sera possible.

Au stade actuel du développement de la lutte politique chez nous, en Guadeloupe et compte tenu de la puissance de feu dont dispose encore chez nous le colonialisme français, il est nécessaire de passer par la phase d'un statut de large Autonomie.

Partant du principe que qui peut le plus peut le moins et considérant que la position maxi - maliste n'est pas forcément plus adéquate, ni plus efficace et plus révolutionnaire que la position moyenne, nous plaçons notre espoir et notre confiance dans la capacité de tous les anticolonialistes sincères à la compréhension de la nécessité de l'union de tous les partis et organisations se réclamant du changement, pour l'émergence d'un réel pouvoir politiqueguadeloupéen.

Il est donc impératif et urgent de donner sa dimension politique au mouvement populai- re de 2009. Il faut passer du LYANNAJ syndi- cal et même sociétal contre la PWOFITA- SYON au LYANNAJ politique POUR l'instauration d'un réel pouvoir politique assurant autant le plein développement multiforme du pays que le meilleur développement humain de notre communauté. C'est la condition sine qua non de son épanouissement et son mieux-vivre ensemble dans le travail, la responsabilité, la dignité, la solidarité et la fraternité.

Il faut gagner la bataille de l'AUTONOMIE par le biais de l'élection à la proportionnelle intégrale d'une CONSTITUANTE imposée par le respect et l'exercice du droit de notre peuple à l'AUTODETERMINATION.

C'est de cette façon seulement que nous pourrons élaborer nous-mêmes, nous -seuls, librement et démocratiquement, un statut politique de notre choix.