Cris de femmes

Nous sommes des femmes, déjà mères, grand-mères et aïeules. Nous sommes courrou- cées, ulcérées et bouleversées à cause de la situation politique et sociale que connait notre pays. Nous voulons crier notre souffrance !

N ous voulons demander à tous nos élus et plus large- ment à tous ceux qui ont pouvoir de décision sur notre Guadeloupe, si c’était, leurs filles, leurs fils, leurs compagnes, leur père ou mère, qui avaient libre- ment refusé de se laisser adminis- trer un produit en cours d’expéri- mentation, auraient-ils accepté que ceux-ci soient punis comme le sont des centaines de soignants et personnels de santé qui sont suspendus, depuis plus de 8 mois, jetés à la rue, sans aucun respect pour leurs droits légalement reconnus de salariés, fonction- naires, libéraux.

Comment dormir tranquillement en sachant que des pères et mères de familles avec des enfants à charge, et des obligations fami- liales nombreuses, se retrouvent sans rémunération, sans avoir commis de faute professionnelle, sans avoir été licenciés ? Si le Gouvernement français se moque de cette situation, mais vous élus de la Guadeloupe qui prétendez de surcroît être les amis du président de la Répu- blique, vous devriez protester contre cette situation infâme et montrer votre volonté de trou- ver une issue équitable à ce conflit qui n’a que trop duré !

Ne voyez -vous pas que le pays s’en- fonce dans une situation de déficit sanitaire qui frappe tous ceux qui ont besoin de soins, et qui ne peu- vent être pris en charge correcte- ment ? Est-ce une pierre que vous avez à la place du coeur ?

N’entendez-vous pas la détresse des familles qui ne peuvent voir leurs fils emprisonnés, extradés, sans jugement, dans des conditions d’isolement extrême et qui sont de surcroît diabolisés ?

Vous commettez une grave faute politique en encourageant une telle attitude du gouvernement qui cherche à domestiquer le peu- ple guadeloupéen et à casser toutes velléités de résistance. Mais «la résistance à l’oppression est un droit naturel».

Les travailleurs suspendus résistent courageusement et de façon constructive entourés de la solida- rité effective de la population. Une population qui souffre du manque de soignants pouvant les prendre en charge dans des conditions acceptables, alors que des person- nels de santé sont empêchés d’exercer leur métier pour lequel ils ont déjà consenti tant de sacrifices ! Heureusement, dans cet océan de souffrances, s’allume un phare encore timide, mais porteur d’es- poir. Les travailleurs de la santé, entourés de tous ceux qui ne veu- lent pas se laisser écraser, organi- sent une résistance qui est en train d’écrire une nouvelle page d’histoire de la Guadeloupe.

C’est cela qui nous réconforte et nous donne la force de résister. Nous appelons toutes les mères de famille qui, mieux que qui- conque, connaissent le poids des sacrifices qui ont donné à la Guadeloupe des professionnels de qualité, à soutenir par tous les moyens à leur convenance, le mouvement de solidarité en faveur des travailleurs injuste- ment suspendus, et qui veulent reprendre leur travail dans le res- pect et la dignité.

Nous sommes des héritières de Solitude, de Gertrude, de Gerty Archimède, et de tous ceux qui ont défendu leur vie durant, les intérêts du peuple guadeloupéen !