Air France en zone de turbulences

Lelundi 2 mai, plusieurs employés de la compagnie Air France de l’intersyndicale constituée par ULTEA, UGTG, CGTG et UNSA, se sont mobilisés en Guadeloupe.

L eurs revendications portent essentiellement sur : - L"arrêt de la précarisation des jeunes guadeloupéens sous la forme d’une sous-traitance déguisée.

- Le recours au dispositif des contrats aidés proposé par l"Etat au même titre que la France pour nos jeunes guadeloupéens (contrats en alternance, contrats de profession- nalisation, CDD).

- La priorité au «retour au pays». - Le respect des agents, de leurs droits et de leurs acquis.

Selon Jean-Luc Marimoutou, syndi- qué à l"UGTG, ce ne sont pas moins de 80% des salariés qui sont en grève pour manifester leur mécon- tentement vis-à-vis du développe- ment de l"escale Guadeloupe, pour faire entendre leurs revendications et dénoncer l’injustice et la discrimi- nation entre l’escale de Pointe-à- Pitre et la France, notamment sur la question de l’embauche.

«L’exaspération des agents de Pointe-à-Pitre se justifie par un fais- ceau d’éléments objectifs qui con- courent à une dégradation de la qua- lité de vie au travail des salariés. Enmatière d’effectifs, on constate un démantèlement du nombre d’agents Air France alors que dans le même temps, les vols se multiplient au sein de l’escale de Pointe-à- Pitre. La direction en est responsable, notamment par le fait de ne penser qu’à la sous-traitance, développant ainsi la précarité de nos jeunes gua- deloupéens et le grand remplace- ment des agents Air France».

LA QUESTION DES EMBAUCHESLOCALES

«On ne pourra plus rester en Guadeloupe pour travailler à Air France dans les années à venir on devra aller ailleurs. L"idée de la com- pagnie c"est de ne plus embaucher et de ne pas remplacer les départs à la retraite ou autre.Petit à petit, tous les postes sont remplacés par des intérimaires et ils veulent faire ren- trer une sous-traitance pour ne plus avoir de salariés Air France». Les salariés dénoncent «la précari- sation des jeunes guadeloupéens au sein de la compagnie du fait d"une «sous-traitance déguisée», précisait le leader syndical.

On constate une inégalité de traite- ment. En France plus de 80 contrats en alternance, de professionnalisa- tion ou CDD ont été signés. Aucune possibilité à Pointe-à-Pitre

Selon la direction d’Air France «le contexte économique et la crise à laquelle elle se trouve confrontée depuis deux ans en est la cause. Elle précise également «avoir rapide- ment lancé un plan de départ volon- taire, mis en place en 2021, après présentation et consultation des ins- tances de représentations du per- sonnel, et un collectif d’agents, ce qui lui a permis d’indiquer notam- ment que ce plan de départ impli- quait l’impossibilité de procéder à des embauches pour compenser les départs volontaires». Elle ajoute que «14 mobilités internes ont été réalisées entre 2019 et 2022, de l"hexagone et vers la Guadeloupe».

Elle justifie l"externalisation partielle qui est également mise en place dans toutes les autres escales Outre-mer d’Air France, qui don- nera lieu à 6 recrutements en CDD par le prestataire de service.

Il convient toutefois de noter que la compagnie AIR France reste dans sa logique de développement en se dégageant de tous les métiers sup- ports, se consacrant essentielle- ment au transport de passagers et par conséquent d’une réduction des effectifs. Le catering, la logis- tique au sol ont fait les frais de cette politique de restructuration.

S’agissant de la crise évoquée, on ne peut passer sous silence qu’Air France-KLM a reçu une aide de 7 milliards d’euros de l’Etat français pour faire face à la quasi-paralysie de son activité provoquée par la pandémie de coronavirus.

Sans faire de comparaison, on comprend difficilement que les salariés soient obligés de se mobi- liser pour le maintien de l’emploi, alors que paradoxalement d’au- tres ouvrent la porte à l’emploi pour les Guadeloupéens.

A défaut de répondre aux revendi- cations des salariés mobilisés, la direction a réquisitionné en grand nombre des renforts de Paris pour remplacer les salariés grévistes.

L’intersyndicale a suspendu le mouvement pour se donner les moyens de mener les actions futures. La compagnie pourrait connaître de fortes turbulences dans les semaines à venir.