Visite fructueuse du Professeur Godfrey Nzamujo en Guadeloupe

A l’initiative de l’association Agapé Guadeloupe, le Professeur Godfrey Nzamujo est venu en Guadeloupe à la rencontre des forces vives du pays, des agriculteurs pour leur présenter un projet Ecoagriculture «Pou péyi Gwadloup», appelé «la ferme Songhaï» qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays.

G odfrey Nzamujo est un Nigérien. Il a une licence en philosophie moderne, en mathématiques, en théologie, en ingénierie des systèmes, un master en ingénierie électrique de l’univer- sité Loyola du Maryland.

Il a la double nationalité, béni- noise et américaine. C’est aussi un prêtre dominicain. Il vivait et tra- vaillait en tant qu’enseignant aux USA. Il est retourné en Afrique et s’est rendu compte de la violence de la misère qui régnait dans son pays et sur le continent africain, donc il a décidé d’agir.

C’est ainsi qu’il a fondé en 1985, en compagnie d’un groupe d’Africains et d’amis de l’Afrique, le Centre agroécologique de Songhaï, qui est un centre de formation et de pro- duction agricole.

Arrivé en Guadeloupe le jeudi 28 avril, durant huit jours le Pr. Nzamujo a fait pratiquement le tour de l’île à travers les diffé- rentes rencontres programmées à son intention.

Pour être mieux édifié sur sa visite, Nouvelles-Etincelles a interrogé M. Josué Galita vice-président d’Agapé Guadeloupe qui nous a présenté le projet du Pr. Godefrey Nzamujo.Josué Galita : Il faut savoir que c’est un pro- jet qui a été préparé durant deux années. La venue du Pr. Godefrey était prévue pour 2020 mais à cause de la pandémie, nous avons dû la reporter à plusieurs reprises. La visite a commencé à la ferme Ti Bou, par la conférence de lancement sur : «La ferme Songhaï un modèle pour les Antilles». Un programme marathon sur huit jours avec des rencontres les plus diverses.

Le Pr. Nzamujo a commencé par présenter son expérience à Son- ghaï.Il a bénéficié d’un hectare de terre polluée sur lequel il a pu développer son projet avec suc- cès. C’est ainsi qu’il est passé de 1 à 15 000 hectares.

D’après le Pr. Nzamujo, celui qui veut faire un travail sérieux en agri- culture doit d’abord prendre soin de son sol. Tous ceux qui, dit-il, se lan- cent dans l’agriculture, doivent être capables d’observer l’interdépen- dance des éléments qui forment la nature, car, tous sont connectés. L’idéal pour lui, est de ne pas agres- ser, ni chercher à dominer la nature. Le Pr. Nzamujo est un expert en micro-organismes.

Pour rendre un sol fertile, il conseille de remettre les microorganismes au travail. La pratique de la ferme Songhaï, est incompatible avec l’usage de produits chimiques. Tout est naturel et on obtient des rende- ments nettement supérieurs à l’agriculture intensive.

D’après les différentes visites sur le terrain, après constat, le Pr. Nza- mujo déduit que la faiblesse des agriculteurs, c’est qu’ils sont tour- nés uniquement vers le secteur agri- cole. Il constate que les agriculteurs ne s’intéressent pas aux autres secteurs d’activité alors que la production agricole n’est pour- tant qu’un tout petit élément dans l’ensemble de ce que l’agri- culteur peut produire.

Dans le modèle Songhaï, la produc- tion agricole est la base. Mais, à par- tir de cette même base, peuvent se développer d’autres domaines puisque c’est un circuit intégré.

Les fermes Songhaï fabriquent leurs propres engrais naturels. Elles ont leurs fonderies, elles fabriquent elles-mêmes leurs machines adap- tées à leurs productions.

Actuellement, elles sont passées au stade de commercialisation des machines. D’autre part, elles pro- duisent leur propre énergie à partir des excréments des animaux, transformés en biogaz. L’élevage de lapins sert non pas à la consom- mation mais à produire de l’urine pour éliminer les parasites qui sont dans le sol. C’est vraiment un circuit intégré qui permet à l’agriculteur de contrôler l’ensemble de sa chaîne de production.

De plus, ils ont créé une école de formation pour ceux qui viennent travailler à la ferme. La ferme est équipée d’un restaurant pour l’écoulement de sa production.

Pour se lancer dans ce modèle de ferme en Guadeloupe, selon M. Josué Galita, ce ne sont pas les moyens qui manquent mais, plutôt, il faut trouver des politiques volon- taires, capables de se mettre ensemble pour développer ce nou- veau modèle économique.

C’est un projet peut coûteux, à fort taux de rendement, qui remet en cause le système économique mondialisé. Selon le Pr. Godefrey Nzamujo, avec ce projet, il est pos- sible de revivifier toutes les terres chlordéconées en Basse-Terre.

La science doit être au service de l’homme et pour réussir ce projet, il faut être en capacité de concilier l’ancienne et la nouvelle génération d’agriculteurs.